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Deux mondes (fantastique avec personnages gays, terminé) - Version imprimable

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Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 30-08-2021

9 - La Lame de Lumière

Mont Linma, royaume Sandrosi, en Outremonde

Je m'extrais hors de l'eau en haletant, le corps contusionné, puis m'éloigne de l'ouverture, au cas où une autre horreur tentaculaire vivrait dans ces eaux.
Lorsque j'ai suffisamment repris de forces, je me relève péniblement et traverse l'arche de sortie.
J'en ai marre de ce labyrinthe et de ses épreuves. Je me force à poser un pied devant l'autre, avançant dans un tunnel qui descend doucement avant de tourner.
J'entre maintenant dans une salle de dimensions réduites. Une autre arche se trouve de l'autre côté, mais mon regard est attiré par le centre, où se trouve un autel de marbre orné de dorures étincelantes. Quelque chose est posé sur l'autel, qui irradie une puissante lumière.
Je m'en approche avec précaution et examine avec vénération une épée à la lame ornée de runes étincelantes. J'en ai lu des descriptions dans bien des livres appartenant à Karl, mais on parle de cette arme dans toutes les légendes.
Il y a plus de deux mille ans, avant que les mondes ne soit liés, les pouvoirs des ténèbres menaçaient de lancer une grande offensive contre les peuples libres. Sept Lames de Lumière furent alors forgées, et elles servirent dans les guerres des ténèbres, apportant la victoire à la civilisation. Six de ces lames furent brisées dans ces combats, et la septième fut perdue. Mais la légende raconte, bien sûr, qu'elle réapparaîtra pour briser une ultime offensive des ténèbres.
Et voilà que j'ai cette légende sous les yeux.
- Alors là, j'aurais vraiment tout vu. Est-ce là l'aide que j'étais censé chercher ?
Je prends le temps d'y réfléchir.
- Non. Les ténèbres sont plus présentes ces derniers temps, mais cela n'a rien d'une grande offensive. Le moment n'est pas venu. La montrer trop tôt avertirait les forces des ténèbres... Mieux vaut leur laisser la surprise pour le moment.
- Bien raisonné, dit une voix provenant de l'arche. Mais, hélas, cette lame ne servira plus dans aucun combat. Elle est si abîmée que le moindre choc la fera voler en éclats. Mais j'apprécie le fait que tu n'aies pas tenté de t'en emparer.

Je relève la tête, surpris. Un vieil homme est entré dans la salle, s'appuyant sur un bâton...
- Mais !
Il baisse les yeux sur le bâton.
- Oh, oui, c'est l'arme que tu es en train de fabriquer. Je me suis permis de l'apporter ici. J'ai pu observer la manière dont tu t'es débrouillé en ces lieux, c'est remarquable, vraiment, à l'image de la fabrication de ce bâton. Toutes mes félicitations.
- Qui êtes-vous ?
- Un serviteur de la Lumière. Elle me permet d'aller et venir partout en ce monde.
- Ah... mais comment avez-vous su, pour le bâton ?
- J'ai lu tes pensées. Le sceau de protection spirituelle que tu t'es lancé n'est pas un obstacle pour la Lumière.
- Super... vous devez donc savoir pourquoi je suis là.
- Oui. Je peux soustraire les amis et la famille de Ludovic de la menace des destructeurs.
- Les destructeurs ?
- C'est le nom de vos ennemis.
- Que veulent-ils ?
- Tu le découvriras bien assez tôt. Il y a une chose que vous devez faire d'urgence.
- Laquelle ?
- Je ne peux pas protéger Marc.
- Et pourquoi donc ?
- Parce que c'est un Rêveur, lui aussi. Vous devez le mettre à l'abri sur Terre, et le rejoindre en Outremonde pour qu'il vous accompagne.

- Ah... Ok. Je peux aller à Lyon pour le tirer de là, mais il me faut plus d'informations...
- Tu dois d'abord rejoindre Ludvik en ce monde car il va bientôt mourir de la main d'un protecteur. Il vient de découvrir que les ennemis de vos ennemis sont aussi vos ennemis. Et les forces des ténèbres veulent aussi mettre la main sur vous.
- Génial... Où est Marc en Outremonde ?
- Il est dans le bourg de Fillian. Il porte le même nom en Outremonde que sur Terre.
- Bien. Je dois aller sauver Ludvik, alors !
- Pas de précipitation. Il reste encore un peu de temps, que nous allons mettre à profit.
- Pour ?
- Terminer ton bâton.
- Je n'ai pas fini de mettre au point l'enchantement, il est tellement complexe pour ce que je veux faire...
- Celui que j'ai en tête est considérablement plus complexe.
- Vraiment ?
- Oui. Il serait dommage que le pouvoir de la Lame de Lumière se perde, non ?
- Quoi ? Mais...
- Ton raisonnement aurait été bon il y a quelques décennies, mais les ténèbres se massent et se renforcent en secret. La prochaine guerre aura lieu bien plus tôt que prévu. Et ce, parce qu'ils craignent les agissement des destructeurs, et des protecteurs aussi d'ailleurs.

Il s'avance devant l'autel et touche la lame de lumière d'une main tout en tenant mon bâton de l'autre.
La lumière de l'arme légendaire s'estompe tandis que les runes s'effacent. Bientôt, la septième Lame de Lumière n'est plus que poussière.
- J'ai altéré l'enchantement au passage pour ajouter les fonctions que tu voulais inclure.
- Ouah ! Merci !
Je prends de ses mains ma nouvelle arme et sens le prodigieux pouvoir qui en émane.
- Ça ne va pas être discret, par contre.
- On n'a rien sans rien... d'ailleurs, ton premier bâton en subit les conséquences.
- Hein ?
Je constate qu'il dit vrai. La magie a un prix, et elle se sert dans mes possessions. Mon bâton à ressort est en train de tomber en poussière à son tour.
- Je vais perdre autre chose ?
- Non, ce sera tout. Et puis, il t'aurait encombré.
- Pas vraiment... Le bruit sera forcé de se répandre maintenant, je ne pourrai pas cacher que j'ai une telle arme.
- Oui. Bien, ceci est une chose, mais ce n'est pas fini. Je suis limité dans l'aide que je peux t'apporter. Alors écoute bien, car votre existence dépend de votre réussite...


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 30-08-2021

Nous avons, en alternance, les aventures de Cédric et celles de Ludvik. Au début, ce n'est pas toujours facile de s'y retrouver. Puis, après les premiers mots, nous parvenons à  savoir qui est qui.
Le gars Ludvik se trouve donc en une étrange posture face à un "Protecteur" qui, apparemment, ne lui veut pas que du bien. Cédric, lui, reçoit une nouvelle arme sous la forme d'un drôle de "bâton" aux pouvoirs élargis.  Est-ce un "bâton" comme la baguette de mister Potter? Et le rôle de "Marco" dans tout cela? J'espère qu'il sera d'une aide  très importante tout en apportant un petit côté "réconfortant" à Ludo par des actions à caractère sentimentalo-intime.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 31-08-2021

10 - Tatouages

Forêt de Vertebranche, Royaume Signari, en Outremonde

Je regarde le guerrier, et le dragon tatoué sur sa poitrine me retourne un regard brûlant.
- Ils préparent tout depuis des siècles, depuis qu'ils ont mis la main sur les grimoires de Karzerad. Ils ont découvert la véritable raison pour laquelle les deux mondes avaient été unis.
- Et quelle est cette raison ?
- Ça n'a pas été évident de trouver un moyen d'en parler en ce monde mais on a réussi à contourner le problème. Car nous avons pu nous emparer du dernier grimoire. Nous l'avons détruit, non sans mal, et écrit un autre texte qui a rompu l'enchantement. Alors écoute bien.
- J'écoute, j'écoute, mais si vous pouviez un peu relâcher la pression sur mon poignet, j'apprécierais...
Il ignore totalement ma suggestion.
- Peux-tu imaginer toute la force vitale d'un monde ? Peux-tu imaginer l'énergie que représente la totalité des formes de vie d'un monde entier ?
- Un truc considérable ?
- Plus que considérable ! Et maintenant, imagine que toute cette énergie soit drainée d'un coup, d'un monde vers l'autre... De la Terre vers Outremonde.
- Quoi ? Mais pour quoi faire ?
- Si une telle énergie était déversée dans le corps d'un homme, dans le cadre d'un rituel particulier... il obtiendrait le pouvoir d'un dieu ! C'était là le but de ceux qui ont lancé le sortilège pour capturer la Terre et l'aligner sur Outremonde.
- Mais ça ne s'est pas produit !
- En effet... Il y a eu une guerre terrible qui a tué tous les sorciers responsables du lancement du sortilège. Probablement une discussion animée au sujet de l'identité du futur dieu... Ensuite, tout est resté en l'état jusqu'à ce que Karzerad déterre la vérité et écrive ces maudits grimoires !
- Et ensuite ?
- Ensuite, ses disciples et lui-même ont tenté de préparer le rituel. Ça a été la dernière guerre des ténèbres qui a empêché cette folie. Et tout recommence depuis que les destructeurs ont mis la main sur le dernier grimoire.
- D'accord ! Vous m'avez convaincu ! Je ferai tout pour empêcher pareille ! Mais pourquoi tuent-ils les rêveurs ?

- Ils ne veulent pas d'interférences de la part des conduits. Quand un Rêveur est tué dans les deux mondes, un autre est désigné. Et à douze ans, il ne risque pas de pouvoir s'opposer à eux...
- Les salauds ! Je veux me battre avec vous ! Je ne peux pas laisser une chose pareille se produire !
- Et ta famille ?
- Elle mourra s'ils parviennent à leurs fins !
- Dis plutôt que tu veux leur rapporter tout ce que tu découvriras sur nous, afin de gagner un sursis pour les tiens.
- Mais non !
- Je ne peux pas prendre de risques...
- Vous me disiez que tout espoir n'était pas perdu, quand vous êtes arrivé !
- Je voulais te mettre en confiance pour te faire baisser ta garde...
- C'était très mauvais ! Vous êtes nul... Aargh !
Il me force à m'agenouiller tout en me broyant le poignet. Je dégaine vivement ma dague de la main gauche mais je reçois un tel coup sur la tête que je suis à moitié assommé.
Il est trop fort, trop rapide... Ce tatouage a une puissance impressionnante.

Il pousse soudain un cri de douleur et se retourne en me soulevant pour me projeter dans les airs. Je heurte violemment quelqu'un et roule au sol. Relevant péniblement la tête, je vois l'homme en train d'étrangler... Cédric ?!
Je plonge ma main dans ma sacoche, tâtant les poches internes, je dois me dépêcher. Je trouve la fiole à trois encoches et la sors pour en ôter le bouchon et la boire.
De nouvelles forces parcourent mon corps et je me lève avec vivacité pour me jeter sur mon agresseur.
- Eh !
Il lève la tête vers moi et tente d'esquiver mon coup, mais je suis maintenant très rapide, moi aussi.
Il se relève avec le nez en sang, étourdi.
- Ma botte a bon goût ?
- Tu as fait une grave erreur...
- Non, c'est toi...
Une explosion le catapulte en l'air. Lorsqu'il redescend, des pointes de glace jaillissent du sol. Oh, ça va faire mal, ça...
Les pointes se brisent lorsqu'il arrive dessus. Elles étaient pourtant bien acérées... Maudit tatouage ! Il a plus de puissance que je ne le pensais.
- Alors là, vous m'avez vraiment énervé... fallait pas.
Je récupère mon épée et fonce sur lui tandis que Cédric tente de retrouver sa respiration.

La potion de sang de dragon ne contient pas une goutte de sang. Mais sa puissance est à l'image de cette créature légendaire. Mon corps a été totalement régénéré, y compris mon poignet. De plus, à l'image de son tatouage, mes facultés ont été grandement augmentées... Pour un bien moindre coût.
Il a récupéré son épée de foudre, et fonce, non sur moi, mais sur Cédric. Je m'interpose entre les deux, et il me lance un regard intrigué... et effrayé.
- Pfff. Vous êtes pathétique. Tant que vous avez l'avantage, tout va bien, mais dès que ça ne tourne plus en votre faveur, le lâche que vous êtes se montre au grand jour.
- Attends un peu, toi !
Il se jette sur moi, je n'attendais que ça, pouvoir enfin croiser le fer avec ce monstre. S'ils sont tous comme ça dans son groupe,  ça promet ! Deux bandes de cinglés qui s'affrontent, et moi au milieu...
Tant que la potion fera effet, nous serons à égalité. Seul notre talent pourra nous départager... Et j'en ai à revendre. Ce type s'est certainement trop reposé sur son tatouage, ces derniers temps... Il va le payer très cher.

Je dévie sa lame et riposte aussitôt, il détourne le visage juste à temps, évitant d'être éborgné.
- Amateur, lui dis-je.
Il grimace, montrant ses dents, et me lance une série d'assauts violents qui me forcent à reculer. Je la joue défensif le temps qu'il se calme, puis enchaîne sur un coup vicieux que m'a enseigné un vieux maître d'armes. Je passe sa garde et le touche à l'épaule droite, mais son tatouage absorbe une bonne partie du coup. Je ne fais que l'entailler légèrement, et ce, grâce à l'enchantement d'acuité de ma lame.
Bon... Il va falloir que je frappe comme un bourrin, si je comprends bien. Ma lame est un peu trop légère pour ça.
Nos lames se croisent dans un crépitement d'éclairs. Heureusement pour moi que je dispose d'une garde élémentale. J'aurais bien aimé avoir un cercle de retour comme je le lui ai fait croire.

- Ça va, Cédric ? Dis-je tout en alternant attaques et feintes, parades et esquives, contre-attaques et ripostes, face à cet adversaire qui est en fin de compte meilleur escrimeur que je le pensais. Je ne parviens pas à le blesser sérieusement.
J'entends mon ami tousser, puis croasser un « oui ».
- Parce que je ne serais pas contre un peu d'aide.
Je vois soudain les vêtements de mon adversaire s'embraser violemment. Il se met à frapper à l'aveuglette, et j'en profite pour lui porter de violents coups. Il réplique soudain bien trop efficacement, parvenant à franchir ma garde. Je n'aurais pas imaginé qu'il puisse être aussi précis alors qu'il brûle... Je tente d'esquiver mais sens une vive douleur au flanc.
Il ne sent rien... Il m'a abusé avec ses mouvements aveugles, j'ai été trop offensif. Le sang de dragon va refermer la plaie, mais ça, il l'ignore, pas vrai ?
- Ced ! Mes coups ont trop peu d'effet, et tes sorts ne le blessent pas.
Je presse ma main gauche sur mon flanc et recule un peu, le laissant prendre l'offensive.
- Je ne peux plus rien pour toi, j'ai épuisé ma magie, et je suis trop mal en point.
En tournant, je parviens à le voir, il est toujours à terre. Je continue à reculer. Je commence les mouvements de la Nasse de Farik, feinte qui m'a offert la victoire contre Ben, il y a... seulement quelques jours ?
Je vois le mouvement nerveux du poignet, cette feinte génère en premier un sentiment de frustration d'avoir eu sa lame attirée si loin d'une ouverture dans la garde de l'attaquant. Le défenseur se dit que s'il avait esquivé et riposté, il aurait pu porter un coup mortel. Évidemment, si l'adversaire connaît cette feinte, c'est bien un coup mortel qu'on risque de recevoir...
Je lance une série d'attaques, puis reprend la deuxième partie de la feinte. Le tatoué reconnaît l'enchaînement de l'attaque, c'est là que tout va se jouer... Je commence à refaire mon attaque trop ample, et il anticipe, c'est gagné, je ramène ma lame pour dévier la sienne, mais il la fait soudain tourner ! La pointe file vers mon visage, que je baisse en catastrophe, préparé à cette éventualité car c'est l'attaque la plus évidente si la feinte est connue. Je sens sa lame couper une partie de mes cheveux. J'enchaîne avec une série de blocages qui me permettent de retrouver une position plus confortable.

Il sort alors une dague qu'il se met à utiliser de la main gauche en complément de son épée. Je me retrouve contraint à faire de même. Je décide alors de le presser d'attaques et le fais reculer en cognant avec acharnement. Pas après pas, il atteint pratiquement le point que j'espérais lui faire atteindre, mais je commence à fatiguer. Je ne suis pas un bûcheron, moi. Je fais dans la finesse, d'habitude. Il s'immobilise soudain, décidé à ne plus bouger, me frustrant de la possibilité de le faire trébucher sur Cédric. Il enchaîne à son tour une série de violents assauts, sentant ma fatigue. Je commence à perdre le fil, l'effet de la potion est en train de disparaître. Très mauvais, ça.
Il se raidit soudain alors qu'une lame gravée de runes luminescentes émerge de sa poitrine. Je le vois prendre une expression très étonnée, puis s'effondrer au sol. Je pousse un soupir de soulagement.
Cédric me regarde, un léger sourire au lèvres.
- Désolé, il fallait que je récupère mon bâton. Ça va ?
- Oui, et toi ?
- Bien.
- Content de te voir... très content ! Mais d'où sors-tu ?
- Longue histoire ! Je te raconterai en route. Viens, il nous faut rejoindre Fillian.

- Une minute.
Je fouille mon adversaire et m'empare de ses biens les plus intéressants, ainsi que de sa sacoche.
- Juste rétribution pour avoir voulu me tuer.
- Qui est ce type ?
- Un fou qui fait partie des ennemis de nos adversaires, les destructeurs.
Je m'éloigne.
- Viens, inutile de traîner ici plus longtemps.
Cédric reste quelques secondes à le regarder, puis me rejoint en courant.
- Ce tatouage magique ! C'est dingue ! Mais qu'a-t-il payé pour ça ?
- Son âme.
- Il a offert son âme à son tatouage ?!
- C'est ce qu'il m'a dit.
- Ça ne va pas, ça ! Pas du tout !
Il se retourne.
- Par la Lumière...
Je regarde en arrière. Une colonne de fumée rouge jaillit du corps du tatoué et se répand aux alentours.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Son tatouage prend vie et forme...
- Tu veux dire qu'un dragon va apparaître ?!
- C'est exactement ça.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 01-09-2021

Nous avions connu les "dragonnades" contre ces malheureux paysans cévenoles  qui voulaient rester fidèles à leur foi huguenote et se formaient à...l'école buissonnière. C'était au XVIIe siècle.
Ici, nous risquons d'avoir un "remake" de dragon. Souhaitons que nos deux gaillards (aidés de Marco?) aient foi en leurs capacités car là, il va leur falloir très sérieusement se remuer s'ils sont la cible de lames de feu crachées par l'animal pas imaginaire, ici.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 02-09-2021

11 - Combat infernal

- Non ! Je suis épuisé !
- Moi aussi... Mais si rien n'est fait, nous mourrons. Même si ce n'est pas un véritable dragon, mais une création magique... Attends...
Je vois le nuage se condenser de plus en plus et prendre forme. Un énorme dragon au corps couvert d'écailles rouges secoue ses ailes, tandis que s'ouvre sa gueule garnie de crocs acérés... aussi longs que mon épée.
Il crache soudain une gerbe de flammes qui s'arrête pile devant nous. Je tourne la tête vers Cédric, très concentré, qui prononce des paroles incompréhensibles tout en serrant fermement son bâton. Je vois la pointe briller de plus en plus...
Et les flammes se condensent soudain en une terrible silhouette. Je n'ai entendu parler de l'être qui se tient maintenant devant moi que dans des légendes. Et pas en bien.
- TOI ! COMMENT OSES-TU M'INVOQUER ?! TU VAS LE REGRETTER AMÈREMENT !
L'ifrit se penche sur Cédric, qui prononce un seul mot aux consonances étranges.
- NOOOOON !! COMMENT AS-TU PU DÉCOUVRIR MON NOM VÉRITABLE ?!
- La Lumière me l'a révélé. Et au nom de la Lumière, je te contrains par ce nom ! Combats ce dragon, empare-toi de son âme et fais-en ton esclave éternel !
Je me retourne vers l'ifrit, qui passe alors sa rage contre le dragon. Je dois dire que je suis impressionné. Il est vrai que ce n'est pas un véritable dragon, mais le voir partir en lambeaux comme ça me terrifie. Je sais maintenant que si je croise un ifrit à l'avenir, je fuirai vite et loin.

Je le vois soudain interrompre son assaut et se retourner vers nous. Je tourne la tête pour constater que Cédric a mis un genou à terre, il transpire à grosses gouttes.
- Tiens bon, Ced !
Serrant les dents, il renforce son emprise sur l'être élémental qui reprend son combat. Je me rapproche de mon ami pour le soutenir. Le voyant transpirer abondamment, je sors un mouchoir de sa poche pour essuyer son front. Sa respiration est rapide, contrôler une telle entité doit requérir une volonté phénoménale. Je jette un coup d'œil au combat, qui bat son plein. Le dragon a vite compris que son souffle n'est absolument d'aucune utilité contre l'ifrit, et se sert maintenant de ses griffes et de ses crocs.
Je reviens au bâton... Ce n'est pas le même que celui qu'il avait emporté sur le bateau. Celui-ci ne dispose pas de leviers, et sa lame brille de mille feux, surtout les runes qui ornent ses deux faces.
Cédric laisse échapper un gémissement, et je baisse les yeux pour constater qu'il saigne du nez. Il est sur le point de lâcher prise, et si cela arrive, nous sommes morts. Je prends ma deuxième - et dernière - potion de sang de dragon et la lui fais boire. Il se redresse soudain, et la lame brille maintenant comme un soleil. L'ifrit semble gagner en force et en rapidité, et il referme ses mains sur le cou du dragon, le courbant en arrière jusqu'à ce qu'il se brise. Le dragon s'évapore alors dans un jaillissement de fumée rouge que l'ifrit aspire entièrement avant de disparaître. Cédric laisse échapper un soupir de soulagement.

- Merci...
- Merci à toi ! Ce type m'aurait tué si tu n'étais pas intervenu.
- Pfff... Je crois qu'on a beaucoup de choses à se dire.
- Oui !
- D'abord et avant tout, ta famille, et la mienne, sont en sécurité au sein de la Lumière, là où nos ennemis ne pourront jamais les atteindre.
- Je te demande pardon ?
- J'ai parlé avec un émissaire de la Lumière. Il peut aller et venir partout dans les deux mondes.
- J'espère qu'il est bien qui il prétend être...
- Oui ! C'est plus que clair. Par contre,  il n'a rien pu faire pour Marc...
- Pourquoi ?
- Parce que c'est un Rêveur. Nous devrons le mettre à l'abri nous-même sur Terre, et le rejoindre dans ce monde. Il est à Fillian, sous le même nom.

Je reste bouche bée devant cette annonce.
- Marc... Serait-ce possible ? Tous ces mensonges, ces derniers jours...
- Tu ne pouvais pas savoir. Il t'aurait pris pour un fou s'il n'avait pas été un Rêveur.
- Oui, c'est vrai... Je veux le rejoindre ! C'est fou, ma famille à l'abri... Je vais lâcher ces destructeurs dès que Marc sera en sécu... Oh, merde, j'avais oublié Finnadan !
- Qui ?
- Un Rêveur qui se trouve dans la même ville que Marc. Un ménestrel, apparemment. Les destructeurs m'ont donné pour mission de le tuer, ou Marc mourra.
- Donne-moi ses coordonnées, je m'occuperai de l'aider dès mon réveil. Invite-le à me rejoindre à Marseille.
- Oui... Il vaut mieux que nous nous séparions une fois aux abords de Fillian. Je suis certain qu'ils ont un observateur là-bas.
- D'accord. Mais... Nous ne pouvons pas fuir sans cesse. Nous DEVONS lutter contre eux !
- Qu'as-tu appris ?
Je lui explique le plan des destructeurs tandis que nous progressons le long du chemin. Cédric devient très pâle.
- Tu as raison ! Il faut absolument les arrêter ! Et j'ai un plan pour ça. La première étape était de nous réunir de nouveau. Maintenant, écoute...

Fin du livre II


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 02-09-2021

Bon : les voilà réunis à nouveau. Je souhaite que ce soit pour le meilleur sans trop affronter le pire!
Grand merci , cher Inny - 2.
KLO.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 02-09-2021

Livre III - Le col des ombres

1 - Finnadan

Fillian, Royaume Signari, Outremonde

- Je cherche des amis, dis-je au troisième aubergiste que j'interroge depuis ce matin. Marc et Finnadan.
- Je ne connais pas de Marc, mais Finnadan est au fond de la salle.
- On se connaît ? Demande une voix féminine derrière moi.
Je me retourne et vois se lever une femme entièrement vêtue de cuir noir, de ses bottes renforcées jusqu'à ses gants. Je la regarde de la tête aux pieds. Elle a une collection de couteaux qui pendent à sa ceinture.
- Je n'en n'ai pas le plaisir, dame.
- Pourtant, vous prétendez être mon ami... Bien que je ne vous ai jamais vu non plus.
- Vous n'êtes pas Marc, et encore moins Finnadan. Vous n'avez rien d'un ménestrel.
- Qui a dit que j'étais ménestrel ?
- Quelqu'un qui rêve d'autres terres...
Son expression se fait plus dure.

- Assieds-toi.
Je traverse la salle, vide à cette heure matinale, et m'assois, croisant mes bras sur la table. Ses mains bougent alors à une telle vitesse que je ne vois qu'un mouvement flou. Un claquement attire mon attention... Deux poignards viennent de clouer mes manches sur la table.
Je relève la tête et constate qu'elle en a déjà deux autres en mains.
- Euh... je ne vous veux pas de mal, bien au contraire.
- Nous verrons bien... Moi, je pourrais très bien vous en vouloir. Alors videz votre sac. Et si je soupçonne que vous me mentez ou que vous omettez quelque chose, les prochains seront pour vos yeux.
- Inutile d'en arriver là...  je voulais vous dire tout ce que je savais, j'étais venu pour vous prévenir.
- Je vous écoute, dit-elle en s'asseyant.
- Vous venez comme moi de la Terre, n'est-ce pas ? Je vis à Marseille.
- Continuez, dit-elle, le visage inexpressif.

- Il y a deux groupes de Rêveurs antagonistes qui luttent l'un contre l'autre. Les destructeurs et les protecteurs. Tous aussi malades les uns que les autres. Les destructeurs veulent tuer tous les Rêveurs qui ne les ont pas rejoints. Les protecteurs veulent tuer tous les Rêveurs qui ont été approchés par les destructeurs.
J'enrage de ne pas pouvoir lui en dire plus, mais en ce monde, je ne peux pas parler du sortilège qui unit les deux mondes, ni de la nature des Rêveurs. Et lui raconter la fin de l'histoire sans ces éléments serait inutile.
- Et les destructeurs vous ont repéré. Sauf qu'ils ne l'ont pas fait directement vu qu'ils pensent que vous êtes un ménestrel.
- J'ai accompagné un ménestrel il y a quelques mois. Ils ont dû le prendre pour moi.
- Possible. Je suis content que vous me croyiez.
- J'ai entendu parler des protecteurs au cours de mes voyages. J'en ai tué quelques-uns, aussi. Tous des malades.
- Ouais...
- Bon, merci pour l'avertissement... Mais ils en ont après vous, n'est-ce pas ?
- Ils ne me connaissent pas encore mais ce n'est qu'une question de temps. Je compte bien frapper en premier.
- Voilà qui me plaît. J'en suis.
- Vraiment ?
- Et comment ! Mes tarifs sont élevés, mais dans ce cas précis, je ferai une exception.
- Pardon ?
- Ce sera bien la première fois que j'accompagnerai quelqu'un gratuitement...
- Vous... accompagnez ?
- Un genre de garde du corps. Le premier qui regarde de travers mon client, je le cloue à un mur.

- Je vois... Bien, je suis avec un ami, nous nous sommes séparés pour chercher un autre Rêveur.
- Allons-y, alors, dit-elle en récupérant ses poignards.
Nous sortons de l'auberge et remontons la rue en quête d'une autre.
- Vous me plaisez bien.
- Euh, vraiment ?
- Vous n'avez même pas bronché quand je vous ai cloué et menacé de m'en prendre à vos yeux.
- J'ai vu pire.
- De beaucoup ?
- Oh, que oui !
- Vous ne m'avez pas vu contrariée, alors.
- Ça arrive souvent ?
- Pas trop. J'ai établi ma réputation.
- Qu'est-ce qui vous contrarie ?
- Quand un client refuse de m'engager. Ça me met en rogne. Très en rogne. Généralement, je le cloue définitivement à un mur.
- Vous avez une manière assez... particulière de gérer vos affaires.
- Elle m'a rendu riche, dit-elle en affichant cet air pleinement satisfait du chat qui a enfin mis la patte sur votre poisson rouge.

Je commence à regretter d'avoir croisé son chemin. Cette fille est une vraie psychopathe. Ou un bon atout en cas de coup dur. Mmm...
- Il y a une auberge dans cette ruelle.
- D'accord, allons-y.
Je me demande comment s'en sort Ludvik... Mieux que moi, j'espère.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 03-09-2021

Une drôle de "cliente" en effet. Ludvik a grand intérêt à prendre garde à ce qu'il va dire ou faire.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 03-09-2021

2 - Retrouvailles

Je me concentre sur les tavernes, laissant à Cédric les diverses auberges de la ville. Je regarde autour de moi, mais ne remarque personne sortant de l'ordinaire. Personne qui semblerait me surveiller... Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a pas.
« À l'escrimeur malchanceux », lis-je sur l'enseigne. J'espère bien que ce n'est pas prémonitoire. Je n'ai pas vraiment eu de chance ces derniers temps en matière de combats. Sans l'aide de Cédric... cela fait bien deux fois que je lui dois la vie.
La porte s'ouvre alors que je m'en approche et je vois Marc sortir. Aucune chance de me tromper, même avec la tenue qu'il porte. Quand je pense que nous avons dormi côte à côte sans savoir que nous Rêvions... Nous allons avoir du temps à rattraper.

Il regarde autour de lui et se fige en me voyant. Je m'avance vers lui en souriant.
- Salut, Marc.
- Ludo ?!
- Oui, c'est bien moi... Quand je pense à tout ce temps pendant lequel nous nous sommes cachés notre vie en Outremonde...
- C'est dingue ! Toi... toi ici...
Il lui faut un moment pour se reprendre, la stupéfaction fait alors place à une joie tout aussi intense.
- Je suis heureux, Ludo, vraiment heureux de te voir ici !
Je ne l'ai pas vu aussi heureux depuis longtemps, très longtemps. Je m'en veux de devoir assombrir son bonheur.
- Moi aussi, Marc, je suis heureux. Viens. On a à parler. C'est important.

Je le conduis à l'auberge dans laquelle Cédric et moi avons pris nos quartiers. Je n'arrive toujours pas à y croire, malgré le fait qu'il soit là, à côté de moi. Une fois la porte de ma chambre refermée, je me retourne vers lui en souriant... Et il me plaque violemment contre le mur en pointant une dague contre ma poitrine.
- J'ai un charme qui protège mes pensées, alors tu vas me dire... Comment nous sommes-nous rencontrés ? Parle ou je te tue !
- Je ne suis pas un sembleur... j'ai la réponse à ta question, et bien plus. On s'est connus en première année à la fac. On s'était assis côte à côte, et je te regardais en coin... Je te trouvais beau. Et tu me regardais, toi aussi, et à chaque fois je détournais le regard, de peur d'être surpris... Mais on n'a pas arrêté ce jeu, et à force, on a fini par se regarder franchement, un peu gênés, mais en même temps, espérant... et à la sortie, on a discuté. On a appris à se connaître, on est sortis ensemble, on s'est aimés... Et je t'aime toujours plus, chaque jour, malgré la distance qui nous sépare sur Terre.
Il range sa dague, à mon grand soulagement.
- Ludo... je suis content que ce soit toi.
- Je me fais appeler Ludvik en Outremonde.
- C'est beau, me dit-il en souriant.
Je lui souris en retour, puis l'embrasse longuement, me perdant dans ses bras.

Je lui raconte tout ce que je peux, et l'écoute me parler de sa vie en Outremonde. Lui est apparu dans cette ville, et est parti comme moi en exploration.
- Sur Terre, tu vas devoir fuir, mon amour. Cédric t'aidera, je dois me sauver de mon côté pour le moment.
- Pourquoi ?
- Partir dans ta direction serait néfaste pour toi. Tu dois d'abord te mettre à l'abri. Tes parents ont toujours leur maison de campagne ?
- Oui, mais ils y sont en ce moment... une minute ! Ton serviteur de la Lumière, il a pensé à ma propre famille ?
- Certainement.
- Je tiens à en avoir confirmation tout de même. Tu crois vraiment à ce que t'a dit Cédric ?
- Il est digne de confiance, mais j'ignore tout de ce serviteur. Je tiens moi aussi à savoir ce qu'il en est de ma famille.
- Je voudrais même commencer par ça, mais si ils ont disparu, les destructeurs vont s'en inquiéter sérieusement... Nous devons donc disparaître tout de suite, mais ce n'est que partie remise, tu peux me croire.
- Pareil.

Marc me regarde un moment. Je l'admire en retour. Il est superbe dans sa tenue de voyageur, mais je le trouve un peu trop légèrement armé à mon goût.
- Tu as réussi à survivre tout ce temps ? Me dit-il.
- C'est mot pour mot la question que j'allais te poser.
Nous échangeons un sourire. Ce n'est pas la première fois que ça arrive.
- Oui, tu sais à quel point je me débrouille en escrime.
- Andouille. Pas un instant tu ne t'es demandé si je pouvais être un sembleur, moi !
- C'est vrai, dis-je, penaud.
- Tu protège ton esprit, au moins ?
- Depuis que j'ai entendu parler de ces créatures, je me suis acheté un charme, probablement le même que le tien.
- Alors questionne-moi.
- Qu'ont dit tes parents quand ils ont appris que tu m'aimais ?
- Ne remets jamais les pieds ici.
- J'en suis encore désolé, Marc...
- Ce n'est pas suffisant. Continue.
- Quand a-t-on fait l'amour pour la première fois ?
- Le jour de mon anniversaire. Tu m'as fait le plus beau cadeau de ma vie.
- C'est ce que tu m'as dit au réveil...

On frappe à la porte.
- Ludvik ? C'est Cédric.
J'ouvre et fais entrer mon ami.
- Cédric, je te présente Marc.
- Bonjour, Marc. Ravi de te connaître.
- Moi de même. Si j'en crois Ludo... Ludvik, tu lui as sauvé la vie plusieurs fois. Je t'en suis extrêmement reconnaissant.
- Ce n'est rien, et il a sauvé la mienne également.
- Tu as trouvé Finnadan ?
- Ouais... Je l'ai laissée à son auberge, non sans mal. Figure-toi que les destructeurs se sont largement plantés sur ta cible... ou alors, elle m'a raconté des histoires.
- Elle ?
- Ouais, et elle n'est pas ménestrelle, mais une garde du corps psychopathe très douée au couteau. Elle a décidé de nous accompagner... Que nous le voulions ou non. Et elle m'a prévenu que lui dire non est pour elle une invitation au meurtre.
- Charmant... Le mieux serait de filer d'ici au plus vite.
- Je crois qu'elle nous retrouverait... Elle est dangereuse... Mais elle pourrait aussi se révéler utile en cas de coup dur.
- Tu es sûr ?
- Il suffira de ne pas la contrarier.
- Super... Je sens que notre voyage va être charmant, vraiment charmant.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 04-09-2021

Dans le film "My fair lady", le héros misogyne chante à un moment "Encombrez-vous d'une femme..." et suit toute une série d'ennuis-pour un homme- causés par cette personne. Souhaitons que la présence spéciale de cette demoiselle (?) n'attire pas de catastrophes aux garçons.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 04-09-2021

3 – Retour sur Terre

C'est un triste monde que celui que je parcours lors de mes nuits... Un monde où la confiance est suicidaire, un monde où votre vie n'a que la valeur du contenu de votre bourse. Mais maintenant... C'est aussi le monde où je pourrai retrouver Marc. Mon amour.
Il faut que je le sauve en ce monde. Cédric a renouvelé le sort qui empêche mes ennemis de me détecter, il est temps pour moi de disparaître. J'espère qu'il accomplira avec succès sa mission, ou... Non, mieux vaut ne pas penser à ce qui pourrait arriver.


J'ignore combien de temps il va falloir aux destructeurs pour découvrir que je ne suis plus visible à leurs sortilèges, mais je dois aussi laisser le temps à Cédric d'évacuer Marc ou mon départ pourrait sérieusement lui compliquer les choses.
Ni trop tard, ni trop tôt. Super.
Je prends donc le temps de me doucher, de me forcer à prendre un petit déjeuner, avant d'enfiler mon blouson et de me diriger vers ma porte, sac sur l'épaule. Je jette un coup d'œil par l'œilleton et découvre que quelqu'un arrive par la porte.
Ben, mon ami, je n'ai pas le temps de discuter escrime avec toi ce matin.
J'ouvre la porte tout en plaquant un sourire sur mon visage.
Ben est surpris de voir la porte s'ouvrir avant qu'il ait sonné. Je remarque son sac de sport.
Oh, non.
– Salut Ben ! Ça va ?
– Salut, Ludo ! Bien bien, et toi ?
– Euh, ouais. Je suis désolé, je dois sortir aujourd'hui.
– Tu plaisantes ou quoi ? Tu as oublié quel jour on est ?
– Quel jour ? Je dois bien avouer que tu as raison, car j'ignore totalement de quoi tu parles.
– J'y crois pas ! Écoute, laisse-moi entrer, il faut qu'on discute sérieusement, tous les deux.

– Je viens de te dire que je suis pressé, j'ai un truc urgent à régler.
– Et tu comptes y aller comment ? Parce que je vois que tu as pris ton casque, mais regarde ta moto...
– Non...
Ma chaîne pend tristement, sectionnée.
Je n'ai plus de moto.
Je regarde autour, incrédule, comme si on s'était contenté de la déplacer, mais non, bien sûr, elle n'est visible nulle part.
– Ma moto... Ma moto !
– Allez, entre, on va s'occuper de ça.
– Merde...
Je me laisse guider jusqu'au salon.
– Assis-toi, je te prépare un remontant. T'as toujours ce qu'il faut dans ton petit placard ?
– Oui... Oh, putain... L'alarme a même pas réagi, je suis dégouté.
Je tente de surmonter le choc tandis que Ben s'active dans ma cuisine. Une pensée vient me sortir brutalement de mon hébétude.
Marc !
Je me relève brusquement.
Je dois partir d'ici avant que les destructeurs ne soient avertis de son départ, ou ça va chauffer ici.
Je me lève et me dirige vers la cuisine.
– Ben...
Il est dos à moi, immobile.
– Qu'est-ce qu'il y a ?
– C'est quoi ce truc dans ton placard ?
– Hein ?

Je m'avance, regardant mon placard, tandis qu'il se tourne vers moi, trop vite, un éclair argenté, par pur réflexe je me jette en arrière, la lame frôle mon blouson.
– Merde, Ben ! Pas toi !
Je recule, mais il avance en maintenant sa lame devant lui. Aucune chance que je puisse récupérer la mienne... ou alors...
– Abruti ! Cela fait des mois que je t'ai repéré ! Je te cherchais en Outremonde, mais il a fallu que tu rejoignes les destructeurs !
– Je les ai quitté ! Je voulais fuir quand tu es arrivé !
– Ben voyons...
– Ah, c'est pas vrai, ça ne va pas recommencer !
– Comment as-tu fait pour Richard ?
– Qui ça ?
– Tatouage de dragon...
– Ah, lui, eh bien quoi ? Il n'était pas à la hauteur, c'est tout.
– Pas à la hauteur ? Mais comment as-tu pu le tuer ? Il est mort dans son sommeil, sans cause apparente.
– Il avait fait une erreur en offrant son âme à son tatouage.

– C'était un bon élément.
– Un psychopathe, oui ! Je recule hors de la cuisine, et referme la porte violemment avant de fuir vers le salon, il s'est malheureusement jeté en avant et me suit de trop près, je passe la porte du salon, fonce en avant, attrape un tisonnier dans ma cheminée et me retourne pour bloquer son coup.
– Tu comptes me faire mal avec ça ?
– Non, juste te retenir le temps que la police arrive. Je l'ai appelée pendant que tu étais dans la cuisine.
– Tu seras mort avant.
– Tu tiens le pari ?
– Et comment ! Pauvre idiot, te servir de techniques d'Outremonde face à moi, toute cette année, tu croyais passer inaperçu ?
– Je pensais être le seul Rêveur ! Et alors que je découvre qu'il y en a plein d'autres, la plupart veulent me tuer ! Je n'ai jamais rien demandé, moi !
Le tisonnier est lourd dans ma main, mais très efficace pour bloquer ses attaques. Étant en pure défense, je ne laisse passer aucun coup. Mais il est clair que je me fatiguerai plus vite que lui... Je continue à reculer, envoyant soudain s'effondrer un meuble sur son chemin, puis fonçant dans ma chambre, dont je parviens à refermer la porte.
Il y a un petit verrou que j'utilise quand j'invite quelqu'un chez moi, il ne retiendra pas longtemps Ben, mais il me laissera le temps de grimper sur une chaise...
Ben est encore en train d'essayer d'enfoncer la porte lorsque je reviens, je tire le verrou et le laisse foncer tout droit devant moi, puis enfonce fermement la pointe de mon épée dans son genou.

Je tourne la lame dans la plaie, vraiment pas de gaieté de cœur, je ne suis pas sadique. Mais Ben ne risque pas de me courir après, maintenant.
Le cri qu'il pousse ne me procure pas la moindre satisfaction.
– Ben, au nom de tout ce que nous avons partagés, quand bien même ton amitié n'était que mensonges, je ne te tuerai pas. Tu diras à tes amis protecteurs que je n'ai plus rien à voir avec les destructeurs et que je ferai tout pour les arrêter. Mais que si toi et les tiens, connard, tu continues à essayer de me tuer, ce ne sera pas évident ! Foutez-moi la paix !
– Salopard... Attends un peu que je te retrouve...
– Tu n'as jamais été à la hauteur, abruti.
– T'es mort, Ludovic, tu m'entends ?
Je m'éloigne, il ne mérite pas que je m'intéresse plus avant à lui.
– Je vais te tuer... Non, en fait, je vais d'abord tuer Marc...
– Avec ton genou ?
– J'ai juste un coup de fil à passer...
– Non, pas vraiment, dis-je en revenant vers lui.
J'en ai assez que l'on menace celui que j'aime. Vraiment assez.
Toujours par terre, dos appuyé contre mon lit, il relève son épée vers moi.
– Tu crois faire quoi dans ton état ? Tu ne marcheras plus pendant un bon moment, ça va pas être évident pour te défendre, dis-je en le contournant.
– Essaie un peu pour voir !
– Vous autres protecteurs êtes complètement malades. Pourquoi faut-il que vous soyez aussi tarés que ceux que vous affrontez ? Quand je pense à tous ces mensonges, moi qui te faisais confiance, qui te prenais pour un ami, tu me dégoutes !

– Tu m'en vois tout peiné...
– Ordure ! Tu vas le regretter. Première erreur, tu as essayé de me tuer. Deuxième erreur, tu as menacé Marc... C'est toi qui a volé ma moto, hein ? Pour que je ne puisse pas fuir d'ici.
– Exactement.
– Troisième erreur.
– Ah, ouais, et tu vas faire quoi ?
– Tu ne vas appeler personne, je te le garantis. Marc ne sera pas inquiété, et le temps que les tiens se bougent, il aura disparu, tout comme moi.
– N'y compte pas...
– Oh, que si.
Nos lames frappent violemment l'une contre l'autre.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 05-09-2021

Nouvelle surprise! Décidément, pour reprendre un tout petit peu un titre de la Seconde Guerre mondiale, «Ils sont partout»! Plus de moto : il lui reste les transports en commun. Moins pratiques mais parfois plus sûrs.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 05-09-2021

Quoique pour la moto ...

Mais on verra plus tard.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 05-09-2021

4 - Sauver Marc

Lyon, France

Voilà, c'est sa rue. Quelle galère, me faire lever à 4 heures du mat' pour pouvoir rejoindre Lyon à temps... Mais bon, le moment est venu de montrer aux destructeurs de quel bois je me chauffe.
J'espère juste que je ne vais pas lâcher mon bâton pendant mon sommeil en Outremonde ou j'aurai un problème.

Je regarde autour de moi tout en remontant la rue mais ne remarque rien d'inhabituel. Surveillent-ils vraiment Marc ou le font-ils simplement croire à Ludo ? Ont-ils seulement les moyens humains de le faire ? Combien sont-ils vraiment ?
Il sera important de le découvrir, car il n'est pas dans mes intentions d'en laisser un seul en Outremonde.

Je regarde les passants, puis imagine la ville, le monde, anéantis pour satisfaire la soif de pouvoir démesurée d'une poignée de fous. Pas question de laisser une chose pareille arriver.
J'espère que ça se passe bien pour toi, Ludo.
Je remonte la sangle de mon sac de sport. Il contient mon bâton numéro six, rien de bien fabuleux comparé à mon actuel bâton d'Outremonde, mais je suis rassuré de l'avoir. Même si j'espère sincèrement ne pas avoir à m'en servir.
J'approche du numéro 37, je joue au simple passant, pas question de donner l'alerte à un éventuel observateur en regardant nerveusement autour de moi avant d'entrer. Même si j'en ai envie.
L'immeuble ne se démarque en rien de ceux qui l'entourent. Je pousse la porte et entre dans le hall. Je referme la porte vitrée et en profite pour regarder à travers au passage, mais rien n'attire mon attention.
Une affiche sur la porte de l'ascenseur m'informe qu'il est en panne. Génial. Je me dirige vers l'escalier et commence à grimper. Six étages plus haut, j'arrive sur le palier et cherche du regard la porte de son appartement. Facile à trouver. Elle est ouverte.

- Marc ?
Je pousse la porte et constate qu'il y a un beau bordel dans l'entrée.
Oh, merde !
J'ouvre mon sac et prends mon bâton en main, puis avance prudemment dans le salon. On dirait qu'une tornade s'est déchaînée ici. Et ce n'est pas qu'une image. Les meubles sont jetés à terre voire déchiquetés. Je ne comprends pas. D'une part, quelle force a pu causer un tel chaos ? Et les voisins auraient dû appeler police et pompiers en entendant un vacarme pareil. Si nous étions en Outremonde, j'aurais su ce qui... Mais non, impossible, la magie n'a pas pu agir en ce monde. Il doit y avoir une explication.
- Marc ?! C'est Cédric !
Pas de réponse. Je commence à fouiller dans l'appartement, regardant sous les meubles. Rien dans le salon, rien dans la cuisine qui est dans un bien triste état elle aussi. Reste la chambre.
Je n'ai pas de porte à pousser, elle est par terre. L'état du mobilier est effrayant. Une grande armoire, les portes arrachées, gît renversée sur le dos après avoir visiblement traversé la pièce. Je vois dans le coin opposé les creux dans la moquette, à son emplacement original.

- Marc ?
Le lit a vu draps et couvertures éparpillées dans la chambre, le matelas est éventré. Le corps du lit repose contre un autre mur.
Mais qu'est-ce qui a bien pu faire un truc pareil ?
Je regarde derrière l'armoire et vois un corps qui gît au sol. Je repousse le meuble et m'agenouille pour l'examiner. Ce n'est pas Marc. L'homme a une trentaine d'années et semble plus tenir du gorille que de l'être humain. Un visage primaire qui ne doit pas briller d'intelligence lorsqu'il est éveillé, et une carrure d'Hercule de foire. Je dois certainement avoir vu un de ses frères dans un cirque. Devant ou derrière les barreaux.
Il ouvre soudain les yeux alors que je l'examine, et je fais un bond en arrière tandis qu'il se relève en grognant.
- Monsieur ? Dis-je, d'un ton curieux et poli qui n'engage à rien. C'est alors que je me souviens que je tiens mon bâton en main, ce qui gâche considérablement l'effet produit.
- Hum. Que s'est-il passé ici ?
Toujours pas de réponse, il secoue la tête en grommelant puis son regard se fixe enfin sur moi.
- Toi. J'ai vu ton visage dans mes rêves de ténèbres.
- Hein ?
- Je n'ai pas pu avoir l'autre, mais toi... les ténèbres me récompenseront au-delà de mes rêves les plus fous pour t'avoir tué.
- Oh, non... Comme si les destructeurs et les protecteurs ne suffisaient pas. Les ténèbres ne pourraient pas attendre un peu qu'on s'occupe de ce problème-là d'abord ? Ensuite, ce sera entre la Lumière et elles, comme il se doit. Après tout, pour le moment, nous avons un but commun, celui de mettre fin à cette folie. Éliminons nos adversaires communs et ensuite réglons nos différences philosophiques.
- Trop tard...

Il s'avance d'un pas vers moi et se fige brusquement. Ses yeux virent au noir, pas simplement la couleur noire, mais la négation de toute lumière, tels deux puits menant à d'infinies ténèbres.
- Cédric. Nous avons entendu tes paroles. Luttes-tu vraiment contre ceux qui aspirent à la divinité ?
- Oui. À qui est-ce que je parle ?
- Tu me connais sous le nom de Métrhafex.
- Un prince des ténèbres qui a pris le contrôle d'un humain, ici, sur Terre ?! C'est de la folie !
- Non, mortel, car tu parles à un Rêveur Noir. Il me sert de relais pour agir sur Terre.
- Vous nous laissez lutter contre nos ennemis, alors ?
- Qu'il en soit ainsi... Mais nous vous suivrons de près, sois-en certain. J'ai appris bien des choses sur toi... Nous nous rencontrerons de nouveau lorsque tout sera terminé.
- Qu'avez-vous fait de Marc ?
- Il nous a donné bien du fil à retordre, il a résisté bien plus qu'il ne nous aurait semblé possible. J'ai dû intervenir en personne et je l'ai emporté dans mon royaume pour l'examiner.
Il fait un geste de la main, et une déchirure de pures ténèbres apparaît contre le mur du fond. Marc en tombe et se recroqueville au sol, en position fœtale, tout en serrant fortement les yeux.
- Que lui avez-vous fait ?!
- Rien d'irréversible. Au revoir, mortel.
L'homme reprend le contrôle de ses sens, me foudroie du regard, puis s'éloigne en grommelant avant de quitter l'appartement tandis que je me penche sur Marc.

- Marc, c'est Cédric, tu vas bien ?
- Hummmm...
- J'espère que c'est un oui, parce que nous allons devoir bouger d'ici.
- Pfff... Mes yeux... Ça me brûle... Trop de lumière.
- Tu vas t'y réhabituer. Tu as de la chance que je sache conduire, parce que tu n'es pas du tout en état. Où sont tes clés ?
- Le petit placard dans l'entrée.
- Le seul meuble intact de tout ton appart.
Je l'entraîne dans l'escalier et le guide prudemment pour lui faire descendre les marches. La remontée de la rue est un vrai cauchemar. Marc est dans un état de faiblesse inquiétant.
- Allez, encore un effort.
- Là... après le coin de la rue.

Nous tournons et je repère la voiture qu'il m'a décrite. J'ouvre la portière et installe Marc sur le siège passager, lui passant sa ceinture de sécurité moi-même.
- Merci, Cédric... Merci.
- C'est bien normal.
Je m'installe à mon tour et démarre.
- C'est parti. On part d'abord chez moi, à Marseille, le temps que Ludo nous rejoigne.
- Comment m'as-tu sauvé ?
- J'ai négocié avec un prince des ténèbres qui t'avait capturé.
- Le prix...
- Un duel.
- Tu es fou !
- Tu aurais préféré rester là-bas peut-être ? Je suis devenu, vraiment malgré moi, un champion de la Lumière, grâce à son serviteur qui m'a bien manipulé. J'ai même pas eu à signer quoi que ce soit. Les ténèbres avaient compris avant même que je ne reçoive l'enchantement de la dernière Lame de Lumière. C'est moi, le futur héraut qui annoncera la prochaine guerre des ténèbres. Crois-moi, je m'en serais bien passé, de ce genre d'honneur douteux ! Mais je n'avais pas le choix, si je veux sauver la Terre, je dois lutter contre ces malades...
Une prise de conscience soudaine m'interrompt. Je commence à comprendre ce que Métrhafex voulait dire par ceux qui aspirent à la divinité. Ceux. C'est du pluriel. Ces soi-disant protecteurs doivent être manipulés par quelqu'un qui a la même ambition que le chef des destructeurs.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 06-09-2021

5 - Transition

Marseille, France

Marc s'est allongé sur mon canapé et s'est endormi aussitôt. Son état m'inquiète un peu, mais je pense qu'il doit s'agir d'épuisement. La Lumière sait ce qu'il peut avoir vécu.
Les heures qui s'écoulent me semblent interminables, mais j'entends soudain une moto s'arrêter devant chez moi. Je regarde par la fenêtre et découvre une silhouette familière, mais j'attends de le voir sans son casque avant d'ouvrir.
- Ludo ! Ça va ?
- Non... Un enfoiré a balancé ma moto dans le jardin du voisin avant d'essayer de me tuer.
- Merde...
- Tu ne crois pas si bien dire, vu que c'était celui que je considérais comme mon meilleur ami. Un protecteur.
- Je suis désolé.
- Pfff... Ah, bordel !
Il entre chez moi en égrenant un chapelet de jurons et remarque Marc endormi sur mon canapé. Il s'agenouille alors près de lui en caressant son visage et en l'appelant doucement.
- Il y avait un rêveur chez lui.
- Non... Ce n'est pas possible !
- Il servait les ténèbres. Il était en lien direct avec un prince des ténèbres qui le manipulait comme un pantin. Il a investi son corps pendant que je lui faisait face.
- Quoi ?! Et qu'a-t-il fait à Marc ?
- Il l'a envoyé dans le royaume des ténèbres pour l'examiner... J'ai pu obtenir qu'il nous le ramène.
Ludo me regarde complètement stupéfait.
- Comment as-tu réussi une chose pareille ?
- J'ai négocié une trêve... à leur manière, les ténèbres sont plus accessibles à la négociation que nos adversaires.

- Hum...
Il retourne à son homme.
- Je pense qu'il a besoin de sommeil. Il était dans un état d'épuisement avancé lorsque je l'ai récupéré.
- D'accord.
- J'ai découvert quelque chose... Les ténèbres semblent avoir appris que le chef des protecteurs vise le même but que les destructeurs.
- Ah ouais ? Ça expliquerait pourquoi ils recrutent de tels psychopathes.
- Comment ça s'est fini avec le protecteur ?
- Il menaçait Marc... Il avait des hommes à lui sur place, apparemment. Je ne pouvais pas le laisser faire.
- À mon avis, le Rêveur Noir a dû s'occuper de ses complices, ainsi que des destructeurs.
- Je l'ignorais... alors, je... j'ai tué ce salaud.
- Merde, Ludo ! Tu te rends compte de ce que tu as fait ? Sur Terre...
- C'est bon, j'ai appelé Johann pour qu'il nettoie ça. Je lui ai dit qu'un protecteur m'avait attaqué et qu'il n'était pas seul, puis j'ai crié et coupé mon portable. Le temps qu'il comprenne que j'ai filé par moi-même...
- Je vois...
- Je ne peux plus attendre, je veux retrouver Marc tout de suite.
- D'accord, nous avons à parler de toute façon, inutile d'attendre son réveil.

Fillian, Royaume Signari, Outremonde

À force de passer d'un monde à l'autre, on finit par comprendre le truc. En fermant les yeux et en se concentrant, on peut forcer la transition. Ça permet de gagner du temps, et c'est vital quand notre corps est en danger dans l'un des mondes.

J'ouvre les yeux dans ma chambre, à l'auberge des trois colombes.
La nuit est tombée depuis plusieurs heures, et je dois me forcer à me lever tout en bâillant. Il est rare que je fasse un truc de ce genre. Mon corps est plus que fatigué dans ce monde, après tout ce que j'ai traversé.
Au moins, j'ai gardé mon bâton en main. C'est rassurant.
Un sort d'énergie chasse toute fatigue de mon corps.
Je m'habille et décide de laisser à Ludvik et Marc un peu de temps entre eux. J'ouvre ma porte pour sortir dans le couloir avec l'intention de patienter jusqu'à ce qu'ils sortent pour s'enquérir de moi.
Je réprime un sursaut en constatant qu'il y a quelqu'un.
Malédiction. Je n'ai lancé aucun sortilège de défense. J'ai peut-être effacé ma fatigue physique, mais j'ai dû laisser mes neurones sur Terre.
L'homme, qui se tient pile devant ma porte, une bougie à la main, est assez jeune, peut-être vingt ans à tout casser. Il a des yeux d'un bleu intense, qui me font presque oublier le reste de son visage encadré de cheveux blonds qu'il a fort longs. Je ne parviens plus à fixer autre chose que son regard hypnotique, dans lequel je suis bien près de me noyer. Une petite voix au fond de mon esprit murmure des avertissements, mais je ne suis plus à même de l'écouter pleinement. Juste avant d'abdiquer toute conscience, toutefois, je finis par avoir un sursaut de volonté et commence à engager une lutte terrible pour écarter mon regard du sien. J'ai rarement eu autant de mal à faire ce simple mouvement oculaire - mais je parviens enfin à détourner mon regard.

- Bonsoir, dit-il alors.
- Qui êtes-vous ? Dis-je en érigeant une première barrière défensive.
- Alkarn de Valden.
- Vous vouliez jouer à quoi, à essayer de m'hypnotiser ?
- Je suis vraiment désolé. Un charme actif que je n'ai pas interrompu. Voilà.
Je jette un regard rapide, mais il a effectivement annulé le sort. J'en profite pour le foudroyer du regard.
- Vous êtes fort, dit-il, c'est ce que j'ai senti en entrant dans cette auberge. En fait, j'étais devant votre porte car j'essayais de déterminer ce qui pouvait irradier une aura de pouvoir aussi puissante.
- Vous savez, maintenant.
- En effet. Je vous présente mes respects. Il ne m'avait pas été donné de rencontrer un sorcier de votre envergure, et j'ai pourtant vécu plusieurs siècles.
- Vous devez vous-même être un puissant mage, en ce cas. La jouvence n'est pas donnée. Mais je remarque maintenant la qualité de votre sort. Je trouve assez original de s'éclairer avec une illusion de bougie.
- Voir c'est croire.
- La devise des illusionnistes.
- Je ne suis pas que ça. J'ai profité de tout ce temps pour assouvir ma soif de connaissances. Je suis également sorcier, géomancien, alchimiste, enchanteur et maître des runes.
- C'est à moi de vous présenter mes respects !
Il sourit. Mon inquiétude à son égard a diminué d'un petit cran, mais pas plus.

J'ai trouvé un moyen de dissimuler l'aura de pouvoir de mon bâton en la mêlant à la mienne, ce qui fait qu'aux yeux d'un observateur sensible à la magie, c'est moi qui suis puissant. Mais si je lâchais mon arme, son aura distincte sauterait aux yeux et attirerait une attention dont je me passerais bien.
- Je serais ravi d'échanger des connaissances avec vous. J'ai pu conserver bien des savoirs oubliés... Et la baronnie de Valden est située dans une contrée plus que favorable à l'étude de l'ancienne magie.
- Voilà une proposition plus qu'alléchante... Mais quel en serait le prix ?
Il se penche vers moi, son jeune visage - qui masque un esprit très âgé et plus que brillant - est maintenant près du mien.
- Pourquoi tout devrait-il se payer ? Ne pouvons-nous pas échanger des connaissances en hommes amoureux du savoir et de sa préservation ?
- Si... et j'en serais ravi, croyez-moi, mais j'ai beaucoup à faire en ce moment. J'espère bien, toutefois, lorsque mes affaires seront réglées, vous rendre visite.
- Très bien.
- Où pourrais-je vous trouver ?
- Demandez donc le baron, dit-il en levant sa main de manière à ce que je puisse voir sa chevalière.
- Excusez-moi, je...
- Ah, non, ne m'embêtez pas avec une quelconque marque de respect. Je suis baron, pas roi.
- Comme vous voudrez...
Il sourit de nouveau. Je commence à le trouver presque sympathique... Mais je me méfie quand même. J'ai bien peu apprécié l'accueil hypnotique qu'il m'a fait.
Il se détourne et s'éloigne avant de descendre l'escalier. Je secoue la tête, perplexe, puis décide de remettre ces réflexions à plus tard. Autant rejoindre les autres maintenant.
Oubliant mon idée initiale, je frappe à la porte de la chambre qu'ils partagent. Je suis sûr que le deuxième lit n'a pas servi.
- Entre.

Je trouve Ludvik et Marc assis sur l'un des lits. Marc, serré dans les bras de son homme, a posé sa tête sur son épaule, et Ludo le couve du regard. Je le comprends. Il a bien failli le perdre à jamais.
- Cédric, je ne te remercierai jamais assez pour ce que tu as fait.
- C'est bien normal.
- Tu as mis ta vie en jeu pour sauver Marc, alors que tu le connais à peine !
- Je te connais, toi. Ça me suffit.
- Depuis quelques jours seulement...
- Nous nous sommes mutuellement sauvés ces derniers temps. Assez avec ça. Je le referais sans l'ombre d'une hésitation.
Marc tourne enfin son regard vers moi.
- Merci, de tout cœur, merci. Ce que j'ai vécu là-bas était horrible. Je te dois plus que la vie.
- Assez, j'ai dit. Nous devons discuter de ce que nous allons faire.
J'élève une barrière de silence devant la porte et nous commençons à échanger nos informations.