Récits érotiques - Slygame
Deux mondes (fantastique avec personnages gays, terminé) - Version imprimable

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Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 14-09-2021

Il y aura quelque-chose comme ça. Mais de là à ce que Cédric l'utilise ...


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 14-09-2021

12 - La vallée des merveilles

Nous quittons la ville très tôt ce matin, pour entrer dans la fameuse vallée des merveilles. Je ne vois d'abord rien que de très ordinaire, des champs à perte de vue entre les falaises qui se resserrent peu à peu sur la large vallée, puis je remarque un trait blanc, vertical, devant nous. Nous avons beau avancer, il reste inchangé pendant une bonne partie de la matinée. Je finis par sortir de ma morosité à force d'être intrigué par ce phénomène.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Une source, se contente de dire Finnadan. Nous passerons non loin. Tu auras un bref aperçu de ce qui a donné son nom à cette vallée.
Ce n'est qu'à l'heure du déjeuner que nous finissons par comprendre de quoi il s'agit.
- C'est pas vrai...
Une colonne de glace, d'une bonne centaine de mètres de diamètre, se dresse non loin de la route et se perd dans les nuages. Elle ruissèle en continu, alimentant une rivière qui court se perdre dans le fond de la vallée.
- Qu'est-ce qui a pu créer un truc pareil ?
- Un sort qui a mal tourné... La magie est très instable ici, c'est pour ça que je n'ai pas accéléré les chevaux. Tout pourrait arriver... surtout le pire. Le sorcier qui a créé cette colonne de glace voulait peut-être une simple brise rafraichissante. Il est toujours là-dedans, au milieu, gelé pour l'éternité et servant de focalisateur à un sort qui a échappé à son contrôle et s'est renforcé hors de toute proportion.
- On va y aller tranquillement, alors.
- Ouais... on serait fichus de se retrouver sur la lune, et les chevaux aimeraient pas.

Tous les regards se tournent vers Finnadan qui vient de faire cette dernière remarque.
Elle a le sens de l'humour ? On n'y croyait plus...
Nous continuons à progresser en voyant parfois des choses étonnantes, bien que moins inquiétantes que la colonne de glace éternelle. Des fontaines d'étincelles, d'étranges lueurs flottantes, un arbre animé et apparemment virtuellement indestructible qui semble fort occupé à réarranger à sa manière une précieuse culture d'herbes alchimiques, au grand désespoir des membres de la guilde des apothicaires qui ne peuvent que constater les dégâts.
Je leur aurais bien filé un coup de main, à une autre époque, mais là, on est pressés.
Des villages se sont formés le long de la route principale, abritant la population travaillant aux cultures ainsi que les voyageurs allant d'un pays à l'autre. Nous poussons aussi loin que nous le pouvons avant de nous arrêter en pleine nuit dans l'une de ces auberges.
Une nouvelle journée d'ennui en perspective sur Terre... Mais il est temps de prendre quelques mesures pour Marc et moi, nous ne pouvons rester à l'hôtel en permanence.

Marseille, France

- Allô, Jérem ?
- Ludo ? Salut, ça va ?
- Ouais... Désolé, on a dû annuler notre séjour au dernier moment.
- Je me disais bien que vous n'aviez rien dérangé dans la maison, j'allais vous féliciter.
- Eh. Dis, on aurait besoin d'un petit pied-à-terre loin de chez nous, tu as toujours ton petit studio ?
- Pour quand et combien de temps ?
- Le plus tôt possible, et pour un mois, plus ou moins.
- Il se libère après-demain matin, je vérifie que tout est OK et vous venez ce soir, ça te va ?
- Génial, merci.
Je raccroche.
- On part après-demain pour Provins.
- Super. Que de souvenirs, il y a deux ans...
- Oh oui alors ! Si les murs pouvaient parler...
- Ce pauvre Jérémie ne pourrait plus louer son studio !
Nous éclatons de rire ensemble, mais notre rire s'éteint et se transforme en silence gêné tandis que le souvenir de Cédric vient assombrir notre humeur.

Nous mangeons en discutant de sujets neutres, peu disposés à parler de ce qui nous pèse sur le cœur, jusqu'au soir. Nous nous couchons tôt une nouvelle fois.

Village de Sanaro, royaume Signari, Outremonde

- Encore vous, baron ? Décidément, je vais vous voir toutes les nuits ou quoi ?
- Autant qu'il le faudra, Cédric.
- Pourquoi faites-vous tout ça pour moi ? Qu'ai-je donc de si exceptionnel pour que vous me consacriez autant de votre temps et de vos ressources ?
- Je sens en toi un potentiel rare. J'essaie de faire en sorte que tu puisses t'en tirer. Te perdre serait... regrettable.
- Un potentiel ? Quel potentiel ? Vous savez déjà que mon « grand pouvoir » est issu du bâton.
- Un autre que toi aurait été réduit en cendres par un objet d'une telle puissance. Non, tu es bien plus exceptionnel que tu ne le penses. Le serviteur de la Lumière ne t'a pas choisi par hasard... Mais il est temps de te tirer des griffes des puissances et de sauver ton âme, par la même occasion.
- Comment ?
- Es-tu prêt à tout pour rejeter la marque des ténèbres ?
- Oui ! Je... je me suis...
- Oui... Viens, maintenant, il est temps pour toi de terminer ce que tu as commencé.
- Que... que dois-je faire ?
- Tu dois aller au-delà de la mort.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 14-09-2021

Il y aurait donc un "au-delà" pour Outremonde? Alors, où sera-t-il donc, s'il s'agit d'un lieu, comme beaucoup se l'imaginent depuis des millénaires? Ou alors, il s'agirait d'un «état» sans obligatoirement se trouver en un endroit défini sensoriellement? Je sais, cette acception est difficile à "avaler" mais il se pourrait bien qu'il existât  pour de bon!
Idée à creuser!
Bien à vous tous, lecteurs et grand merci à Inny-2.
KLO.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 15-09-2021

Ce sera plus simple que ça.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 15-09-2021

13 - Au-delà de la mort

- Je ne comprends pas, baron...
- Appelle-moi Alkarn. Avec ce que nous allons partager, les distinctions ne sont pas de mise.
- J'aimerais savoir ce qui m'attend.
- À la moindre hésitation, ton âme se perdra dans les ténèbres. Comprends-tu ?
- Oui, je ne le sais que trop bien. Je suis déterminé à y échapper... mais à quel prix, encore ? Il me semble que je ne fais que payer, encore et encore...
- Il est temps de briser ce cycle, et de te libérer tant de la Lumière que des ténèbres. Il te faudra tout renier, tout rejeter, pour devenir un homme nouveau.
- Bien...
- Mieux vaut que nous ne soyons pas dérangés...
Le baron pose sa main sur mon épaule, et je me sens emporté par un tourbillon de pure magie. L'écurie a disparu, nous sommes maintenant dans un luxueux salon.
- Bienvenue dans mon château.
Je regarde autour de moi. Si un roi voyait ce salon, il en mourrait de jalousie.
Lumière. Couleurs. Équilibre. Tout ici est un ravissement pour les yeux, chaque objet, chaque éclairage, chaque décoration a été pensée pour que le tout soit harmonieux et reposant pour l'esprit.
- C'est magnifique.
- Merci. Ces appartements sont les tiens le temps de ton séjour ici. Toutefois, je crains que tu n'en profites pas beaucoup. Les ténèbres vont bientôt sentir qu'elles vont perdre leur emprise sur toi... et elles vont tout faire pour éviter cela. Commence par te purifier dans la salle d'eau, dit-il en désignant une porte.

Je me lave selon le rituel de purification des sorciers, qui me permet aussi de vider mon esprit. Au point où j'en suis, je suis prêt à tout accepter. Lorsque je ressors, mes vêtements ont disparu. À la place, une tenue de soie blanche est posée sur un fauteuil. Je la revêts et sors du salon pour découvrir un guide de lumière que je suis à travers les couloirs de ce qui me semble plus être un palais de conte de fées qu'un château. Mais quel palais... Jamais aucun conte n'aurait pu décrire la magnificence de la décoration, tant la magie a imprégné toute chose ici.
J'entre alors dans les appartements d'Alkarn, qui sourit en me voyant arriver.
- Je suis émerveillé par ce que j'ai pu voir en venant jusqu'ici.
- J'ai personnellement veillé à la décoration.
- Vraiment ? Vous avez un réel talent.
- Merci. Prêt ?
- Prêt.
- Renie tes vœux d'apprenti.
- Ces vœux ? Quel rapport avec... ?
- Les vœux d'un apprenti le définissent, non ? Pour briser l'emprise des ténèbres, tu dois devenir une nouvelle personne. Alors renie tous tes vœux, tous tes serments, tous tes engagements. Renie la Lumière et les ténèbres, renie tout ce en quoi tu crois. Tu dois franchir les portes de la mort libre de tout lien. Et renie sincèrement !

La gorge serrée, je me concentre sur ma détermination à ne pas succomber aux ténèbres et à aller jusqu'au bout.
- Je renie mes vœux de sorcier. Je renie tout serment, tout engagement que j'ai pu prendre. Je renie la Lumière et les ténèbres. Je renie mon ancien maître. Je renie mes amis, ma famille, tous ceux que je connais. Que soient brisés tous les liens.
- Te voilà purifié et libre, mais il reste en ce monde une chose qui te lie. Renie ton nom.
- Je renie mon nom. Je ne suis plus personne.
Je sens les flux subtils de la magie qui s'activent autour de moi, en moi. Les paroles que je prononce ne sont pas de simples mots, ils ont la force d'une incantation. Je... je ne sais plus qui je suis. Je lève mon regard vers la seule personne qui puisse faire de moi quelqu'un d'autre.
- As-tu connu l'amour ?
- Oui...
- Renie l'amour...
- Je renie l'amour et tout ceux que j'ai aimé... Je pense que j'ai brisé tout ce qui pouvait l'être en moi. Je suis si vide... faites de moi quelqu'un, comblez ce vide s'il vous plaît.
Il me regarde avec gentillesse, puis hésite avant de parler.
- Il n'est pas encore temps pour toi de devenir quelqu'un d'autre... Tu dois d'abord renaître. Et pour renaître, il te faut mourir.
- Comment puis-je faire une telle chose ? Comment aller au-delà de la mort ? Comment renaître ?
- Il te reste une dernière chose à renier : la vie.

Ce sont là des mots bien difficiles à prononcer, sachant quelle force ils portent en eux en ces lieux où l'ancienne magie a laissé sa marque.
- Je renie la vie...
Il se penche sur moi et dépose à ma grande surprise un léger baiser sur mes lèvres, ses mains caressant mes joues. Il revient à ma bouche plus franchement, sa main droite venant se perdre dans mes cheveux.
Stupéfait, mais troublé, je ne sais comment réagir... Mais déjà il s'éloigne, venant m'embrasser dans le cou, que fait-il donc, que vient faire ce... oh... je... aaah...
Incapable de bouger, de résister, paralysé par un déferlement de plaisir, je ne peux que laisser Alkarn boire mon sang à même ma carotide.
Le baron n'a jamais eu recours à la jouvence pour franchir les siècles.
Et je suis en train de le rejoindre au-delà de la mort.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 15-09-2021

Ça y est : nous voilà au Bal du Vampire! Ce n'est plus Dracula mais un de ses frères...de sang : bon appétit!
Comment cette histoire "ectoplasmique" va-t-elle pouvoir se poursuivre? Sous forme d'un fantôme?


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 16-09-2021

14 - La porte de la nuit

- Aucune trace de lui.
- Tu peux le localiser ?
- J'ai essayé, mais rien à faire. Il doit avoir masqué sa présence, ou être derrière un écran magique.
- Zut ! C'est pas vrai, c'est pas vrai, je ne vais pas le perdre une nouvelle fois !
- Je suis désolé, Lud. Mais tu sais que c'est préférable pour lui. Les ténèbres ont dû reprendre le dessus plus vite qu'il ne le pensait.
- Il... il a tellement fait pour moi, pour nous deux, et il a payé un tel prix ! Tout est de ma faute, jamais je n'aurais dû l'impliquer dans cette histoire. Et tout ça pour un malheureux sort de dissimulation... oh merde... le médaillon ! Je ne suis plus caché sur Terre, les sorciers des destructeurs vont pouvoir me localiser ! Est-ce qu'il l'a laissé ?
- J'ai trouvé sa sacoche, mais je n'ai pas regardé dedans.
- Voyons voir ça...
J'ouvre le sac et me retrouve couvert d'éclairs. Décidément, Cédric a... avait... un faible pour la foudre. Ma garde élémentale a été amplement rentabilisée...

Il y a beaucoup de choses dans ce sac, mais c'est finalement dans une pochette intérieure que je trouve le médaillon. Ouf. Je me souviens qu'il avait parlé de deux jours de délai à compter s'il venait à s'en séparer, il va falloir que je trouve quelqu'un pour le recharger. Hum.
- Me voila rassuré. Un peu. Mais j'aimerais être sûr... Cédric...
- Mieux vaut qu'il soit parvenu à mourir. Si nous le revoyons, cela voudra dire qu'il sera devenu notre pire ennemi.
- C'est vrai... J'ai brisé mon serment, je lui avait promis de veiller sur lui, et je ne l'ai pas fait, je l'ai envoyé vers toi, vers les ténèbres...
- Il connaissait les risques. Il savait ce qui est en jeu, et il n'a pas hésité. Il était bon et courageux.
- Il me manquera beaucoup.

Finnadan entre dans l'écurie.
- Pourquoi pleures-tu, Ludvik ?
- Cédric... Nous l'avons perdu.
- Que s'est-il passé ?
- Les ténèbres ont apposé leur marque sur lui. Il a eu le choix entre la servitude et la mort, et il a choisi la mort sur Terre... Ici, il a disparu, probablement pour que nous gardions de lui le souvenir d'un jeune homme v-v-v...
Marc me serre dans ses bras, et je pleure sur son épaule. Je pleure la perte d'un ami, d'un frère, d'un compagnon d'aventure, je pleure ma culpabilité, mes regrets.
Sans moi, il vivrait encore.
Sans lui, je serais mort.
Je sens une main se poser sur mon épaule, qui ne peut appartenir à mon amour. Un instant cruel, je crois que c'est Cédric. Mais c'est Finnadan qui me soutient par ce geste.
- Je m'appelais Catherine, sur Terre. Mon dernier souvenir là-bas remonte à il y a presque cinq ans. On m'endormait pour m'opérer de l'appendicite. Je ne me suis plus jamais réveillée ailleurs qu'en Outremonde. J'ai perdu la moitié de mon existence. Je voudrais te dire que je compatis sincèrement à ta souffrance. Cédric était un gars bien, comme on en voit peu. Il me manquera.

- Merci, dis-je, étonné de découvrir une telle gentillesse derrière la carapace qu'elle s'était forgée en ce monde.
- Êtes-vous sûrs qu'il soit mort ?
- S'il ne l'est pas, ce serait inquiétant...
- Vous ne savez pas s'il a disparu pour cette raison précise ?
- Non, je ne vois pas ce qui pourrait l'avoir poussé à partir sans nous prévenir en dehors de ça.
- Mouais. Autant y aller, dans ce cas. Si votre ami s'est donné la mort, la garde finira par faire le lien avec vous, via le tenancier de l'auberge. Et s'il a succombé aux ténèbres... vous n'aurez pas envie de traîner dans le coin.

Notre départ est triste, ma gorge est encore serrée, je ne sais pas si je pourrai me pardonner un jour d'avoir poussé la porte de Karl et d'avoir accepté de partir avec son apprenti.
Je presse mon cheval pour essayer d'échapper à ce désespoir, à ce lieu chargé d'une perte si cruelle.
Je ne t'oublierai jamais, Cédric, mon ami, mon frère.

Château de Valden, Pays sans ciel, Outremonde

Je me réveille. Je me souviens de tout, instantanément.
Alkarn est là.
- Qu'avez-vous fait de moi ? Est-ce cela, la vie que vous me promettiez ? Un vampire, condamné à ne vivre que la nuit, à boire le sang des autres ? Je n'ai quitté une malédiction que pour une autre !
- Calme-toi.
- Me calmer ! Je suis maudit...
- Regarde-toi.
Je regarde mon corps nu, allongé dans un cercle de sorcellerie plutôt complexe. Ma poitrine s'orne d'un tatouage brillant, un soleil enserré par un dragon, je distingue des runes dissimulées par les dessins des écailles.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Une contre-malédiction qui annule les inconvénients de notre état.
- Quoi ?
- Oui, tu peux marcher en plein jour, pratiquement te passer de boire du sang - une gorgée de temps en temps - et rien ne te distinguera d'un mortel.
- Il y a certainement d'autres inconvénients, non ?
- La nuit, tu retrouveras ton plein potentiel vampirique. Tu devras alors faire attention à ne pas te trahir par le surcroît de puissance qui t'envahira.
- Je vois... C'est moins grave que je l'imaginais. Et... je ne sens plus l'influence des ténèbres en moi.
- Par contre, fais attention... Si ton tatouage est endommagé, tu perdras ta protection. Et si ça se passe en plein soleil... ta mort sera instantanée, quand bien même tu n'aurais eu qu'une légère coupure.
- On n'a rien sans rien... mais... je me sens toujours vide.
- Il est temps pour toi de redevenir entier. Je te nomme Asren. Et pour conserver la tradition de ton premier monde, je te donne ce prénom qui t'était si cher, Cédric Asren.

Je me sens alors revivre, renaître, je suis entier, vivant... enfin, en quelque sorte. Mes émotions déferlent en moi, et je m'efforce de faire le tri. Le sentiment qui prévaut est celui d'une liberté grisante.
Je n'ai plus d'attache, mais je peux en renouer, bien sûr. Mes anciens amis... est-ce que je dois revenir vers eux ? Ou serait-il plus intéressant de rester ici ? Non, il me faut reprendre la lutte contre ceux qui veulent anéantir la Terre, même si je me sens moins concerné par ce problème, je n'ai pas envie de voir un fou dangereux devenir une divinité d'Outremonde.
- Je dois retrouver mes compagnons.
- Cherche en toi.
- Oh... comment...
- Je t'ai offert ce savoir, celui de l'ancienne magie, puisse-t-elle te servir.

- Merci... Merci, Alkarn. Je reviendrai un jour, je l'espère, après avoir vaincu nos ennemis.
- Je t'attendrai.
Après m'être habillé, je me téléporte à l'écurie, pour constater que sac et cheval ont disparu. Mes compagnons sont partis, je n'avais pas fait attention mais il s'est écoulé plusieurs heures depuis l'aube. Je me concentre sur leur aura, que je connais, et les repère à la Porte de la Nuit, au cœur du Col des Ombres. Ils ont fait vite...

La Porte de la Nuit, à la frontière du pays sans ciel, en Outremonde

Une nouvelle muraille, bien plus petite celle-ci, une nouvelle porte, et de nouvelles taxes de passage à payer, et nous voilà plongés au cœur de la nuit.
- C'est dingue. Imaginer qu'un pays entier flotte au-dessus de nos têtes...
- Ouais.
- Regardez plutôt où vous allez, dit Finnadan.
Cédric est là, devant nous, qui nous attend.

Fin du livre III


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 16-09-2021

OUF! Je croyais à une fin tragique de ce pauvre Ced "Asren" (Je l'aurais plutôt appelé «Asroi» .Ce nom en "reine" fait plutôt "féminin", non? Il va lui falloir cependant faire très attention et sans doute révéler à ses amis  les nouvelles conditions de son existence vampiriques légère et les dangers auxquels il devra faire très attention.

Grand merci, cher Inny-2 pour ton œuvre de "relecture publicatoire".
KLO.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 17-09-2021

Livre IV - Le pays sans ciel

1 - Plans de bataille


Frontière du pays sans ciel, en Outremonde

- Cédric ?
- Salut.
Je ne sais que dire, comment réagir, j'ai si peur qu'il ait succombé aux ténèbres, que celui à qui je parle ne soit qu'une coquille emplie de noirceur...
- Où étais-tu passé ?
- Je suis allé retirer la marque des ténèbres, je suis libre, maintenant.
- Rien ne peut retirer une telle marque, et tu le sais.
- Il y a d'anciens pouvoirs, ici, que l'on ne retrouve nulle part ailleurs.
Il ôte sa tunique, révélant le tatouage impressionnant qui s'y trouve.
- Par la Lumière, quel prix as-tu payé pour un tel tatouage ?
- Tu ne peux pas imaginer ou comprendre à quel point le prix de ma liberté est élevé.
- Tu n'as pas offert ton âme à ce tatouage, tout de même.
- Non... il m'a coûté beaucoup plus que ça. Mais je n'ai pas envie d'en parler.
Nous nous regardons, Marc, Finnadan et moi, hésitants. Peut-on avoir confiance en lui ? Marc secoue la tête négativement, Finnadan hausse les épaules, et moi, j'ai trop envie de revoir mon ami avec nous. Match nul, mais il semblerait que la décision finale me revienne.
- Je suis content de te revoir, Céd. On a ton cheval et tes affaires.
- Merci.
Il monte en selle, silencieux, et récupère sac de voyage et amulette.

- Où as-tu fait faire un tel tatouage, demande Marc, peu désirer de le laisser s'en tirer à si bon compte.
- Auprès d'un puissant sorcier de ce pays. Le baron Alkarn de Valden.
- Quoi ? Ce type qui nous a attaqué à l'auberge ?
- Il venait vérifier si tu avais été corrompu toi aussi, Marc.
- Je vois... mais quel est son intérêt dans cette affaire ?
- Le sien, très probablement. Il est au courant de tout ce qui nous concerne, m'ayant hypnotisé pour me faire parler. Et sachant ce qui risquait d'advenir, il a décidé qu'il était dans son intérêt qu'aucun dieu psychopathe n'apparaisse... De plus, il y a toutes les chances que la prochaine guerre des ténèbres ait le pays sans ciel comme enjeu majeur, et...
- Il se trompe sur ce point.
- Pardon ?
- Vous n'avez pas deviné ? La guerre ne se déroulera pas en Outremonde. Les ténèbres veulent s'emparer de la Terre. C'est là-bas que tout se passera.
- Aussi puissants soient-ils, les sept princes ne pourront pas prendre le contrôle d'un monde, leurs Rêveurs sont limités.
- Ils doivent se préparer depuis des dizaines d'années, voire des siècles. Les princes ont un plan, c'est certain. Il y a des choses que nous ignorons, mais nous devons impérativement découvrir comment ils comptent s'y prendre.

Je réfléchis à tout ça, et je crois bien deviner l'un des moyens qu'ils comptent utiliser pour leur conquête.
- Il y aura tout de même une guerre ici, mais de manière limitée. Ils ont en vue des lieux précis, de grande importance à leurs yeux - bien plus que ce pays qui leur est inutile.
- Quel genre de lieux ?
- Ceux dans lesquels se trouvent des failles. Il y en a une dans le bois de Shorein, en Valnar. Je ne sais pas de quelle manière elles fonctionnent, mais parfois, elles s'ouvrent et font passer des choses d'un monde à l'autre, physiquement.
- Hein ?! Mais pourquoi tu ne nous en as pas parlé ?
- J'avais fait une promesse... que je viens de briser, mais l'enjeu est trop grand.
- Il nous faut transmettre cette information au serviteur de la Lumière.
- Hum, dit Cédric, il n'y a pas d'urgence je pense, les ténèbres attendent que les destructeurs et protecteurs soient anéantis, et nous devons nous hâter de le faire avant qu'ils ne lancent leur grand sortilège.
- Oui, mais par où commencer ?
- Ils ont de très grandes ressources magiques, et ce genre de pouvoir ne peut se trouver qu'ici, dans ce pays, où l'ancienne magie imprègne toute chose. C'est ici que nous devons commencer nos recherches.

- Enfin une piste ! Nous ne sommes pas venus ici en vain, en fin de compte.
- Tu peux le dire... Si nous n'avions pas fait route vers ce pays, les ténèbres auraient un Rêveur noir de plus à leur service.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 18-09-2021

Ah, tiens donc : une guerre possible en Outremonde mais assez limitée aux régions des "failles". Voilà un enjeu quasi majeur qu'il leur faut combattre impérativement et annihiler les desseins de ces 7 princes quelque peu ...ténébreux. Et les "neutraliser" eux-même selon des techniques  militaires? Mais, comme risque, l'adage : "un de perdu, dix de retrouvés"?


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 18-09-2021

2 - Anciens ennemis

Ville de Stega, pays sans ciel, en Outremonde

Une semaine, cela fait une semaine que nous cherchons une trace de nos adversaires. Dans ville de Stega, une autre de ces ténébreuses cités du pays sans ciel, où la nuit est permanente et mon pouvoir à son summum, je traque sans relâche la moindre information, utilisant pour ce faire la moindre bribe de mes nouvelles capacités. Mon regard hypnotique fait des merveilles, je dois dire, mais je commence à me sentir vraiment mal. Mes compagnons s'inquiètent de mon état qui devient de plus en plus visible.
Je n'y arrive pas, malgré la soif de plus en plus torturante, l'idée même de boire du sang humain - aucun autre ne saurait me sustenter, hélas - me répugne.
Une gorgée, tu parles, depuis une semaine que je n'ai rien pris, je dépéris à vue d'œil. Ce n'est plus une petite dose qu'il me faut, maintenant, et si ça continue comme ça, je vais finir par craquer et attaquer quelqu'un...
Mais nos interrogations subtiles, nos recherches sur les personnes connues - Ben et Johann, surtout, dont j'ai eu une description détaillée - n'ont rien donné pour le moment... C'est à croire que je me suis trompé...

- Attention où vous allez !
- Hein ? Dis-je en sortant de mon hébétude.
- Vous n'avez pas l'air bien, vous... écartez-vous de moi, je n'ai pas besoin d'attraper ce que vous avez !
Je le regarde, profondément vexé.
Johann !

- Vous m'avez bien regardé ? Dis-je en le fixant droit dans les yeux.
- Oui...
- Vous habitez dans cette ville ?
- J'ai une maison ici.
- Conduisez-moi chez vous.
- D'accord, dit-il en se retournant.
- Plus vite.
Il accélère le pas, et m'emmène jusque dans les quartiers périphériques de la ville.
- Vous y êtes seul ?
- Oui.
- Regardez-moi à nouveau.
Je renouvelle ma domination hypnotique avant que l'effet s'efface, puis nous reprenons notre route.
Il ouvre la porte d'une maisonnette plutôt sympathique et y entre.
Coincé sur le seuil, je lui suggère de m'inviter à entrer, ce qu'il fait. Heureusement que je ne suis pas soumis à cette règle dans les auberges, lieux d'accueil ouverts à tous ceux qui peuvent se payer une chambre, ou Ludvik et Marc auraient compris ma nature... Mais combien de temps pourrais-je la leur cacher ?
J'ai peur de le leur dire, peur d'être rejeté, ou même agressé, car qui en ce monde pourrait accepter un être comme moi ? La peur s'instaurerait obligatoirement, et avec la peur, le rejet et la haine... Je ne veux pas vivre ça.
Aussi dois-je leur mentir, leur assurer que tout va bien, et prier pour qu'ils ne découvrent pas la vérité.
- Tu as une cave ?
- Oui.
- Allons-y, dis-je en attrapant une chaise au passage, toi et moi avons à discuter calmement... ou pas, d'ailleurs.

Ligoté nu sur sa chaise au centre d'un cercle d'emprisonnement, Johann me foudroie du regard, libéré de mon emprise. Il n'a pas encore compris à qui il a affaire, mais je compte bien lui faire regretter d'avoir choisi les mauvais maîtres.
- Alors, destructeur, on fait moins le fier ?
- Crève, connard de protecteur.
- On verra qui va crever aujourd'hui. Mais avant ça, tu vas me révéler tout ce que tu sais sur ton organisation.
- Tu peux toujours courir !
- Allons, tu sais bien que tu ne peux rien me refuser...

Je scelle la dernière révélation de Johann dans un cristal spécialement enchanté qui me permettra de restituer intégralement la moindre de ses paroles. L'équivalent magique du baladeur-enregistreur mp3.
Il n'est qu'un simple exécutant, mais j'ai pu avoir des lieux, des noms, bien plus de choses que nous n'en avions à l'origine. De plus, il avait des infos intéressantes sur les protecteurs.
Je le laisse croire que j'en suis un, tant qu'il ne fera pas le lien avec Marc et Lud, il n'y aura pas de souci à se faire, mais lui, il va cesser d'empoisonner la vie des gens en Outremonde, en tout cas.
- Sois maudit, protecteur !
- Je le suis déjà, merci.
- Les miens te traqueront et te tueront lentement...
- Je suis déjà mort.
- Tu vas connaître une mort bien réelle, monsieur le philosophe.
- Toi le premier... et elle ne va pas te plaire, car tu es vraiment tombé... sur... la mauvaise... personne. Je...
Je me mets à haleter, je me suis retenu trop longtemps de m'alimenter, et d'avoir cette proie à ma merci, cet homme que je veux de toute façon tuer, me met dans un état effrayant.
- Vous n'avez pas l'air d'aller bien...
- Ça va passer dans un instant...

Ma volonté craque sous l'assaut bestial de ma faim dévorante, et je me jette sur lui, le reversant à terre et le mordant au cou. Je ne lui transmet aucun plaisir - ce genre de sensation induite requiert de la concentration, et le voudrais-je que je ne suis pas en état de le faire.
Il crie d'horreur, se débat, essaie de se libérer de ses liens, mais je ne le lâche pas, reprenant des forces à chaque battement de son cœur paniqué.
Je me sens revivre, tout en ressentant un plaisir inouï en buvant ce pur nectar. À mesure que le temps passe, mon dégoût s'affaiblit, je ne peux m'arrêter, c'est si bon, mais le rythme de son cœur se ralentit et je reprends mes esprits.
Il a perdu conscience, à force d'horreur et de perte de sang. Je vois les marques de ma morsure s'effacer de son cou. Il me faut continuer, au point où j'en suis, car, gorgé de sang, je n'aurai plus à me soucier de ça pour un moment. Et de toute façon... je ne peux le laisser en vie.
Je ne dois pas oublier de le réduire en cendres... pas question de faire de lui un autre vampire.

Lorsque je reviens à l'auberge le « soir » venu, je retrouve mes trois autres compagnons qui discutent, installés à une table dans un coin de la salle principale.
- Salut !
- Salut Cédric, tu as du nouveau ? Mais dis donc, ça a l'air d'aller mieux, c'est spectaculaire !
- J'ai été voir un guérisseur.
- Il vaut chaque pièce qu'il t'a coûté.
Je lève un cercle de silence autour de nous avant de continuer.
- J'ai trouvé Johann.
- Vraiment ?
- Je ne vous l'ai pas dit car il valait mieux qu'il ne sache pas que vous êtes sur la piste des destructeurs. Il m'a d'ailleurs pris pour un protecteur.
- Tu l'as interrogé ?
- Plutôt brutalement. Il ne fera plus jamais de mal à personne en Outremonde.
- Merci, Ced, dit Ludvik.
- De rien. J'ai appris plein de choses. Tenez, prenez ce cristal, il contient tout ce qu'il m'a appris sous la contrainte de mon sort. Je retourne en chasse.
- Tu viens à peine d'arriver ! Repose-toi un peu et mange un morceau.
- Euh...
Un homme s'approche de notre table.
- Tiens tiens, mais qui vois-je ? Finnadan, tu vas mourir !


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 19-09-2021

Hou-là! Encore un "destructeur"! Pas sûr que Dame Christine passe l'arme à gauche : elle a du ressort et Ced est "regonflé à bloc". L'intrus  risque fort de tomber sur des "becs".
Dommage quand même que le cher Cédric se soit fourré dans ce guêpier de vampirisme.
Puît-il en faire du..."van-mieusisme" pour ses copains!


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 19-09-2021

3 - Nouveaux ennemis

Finnadan regarde de côté vers l'homme particulièrement imposant qui s'est approché de nous. Il fait près de deux mètres, un carrure de bûcheron et une mauvaise cicatrise sur la joue.
- Gerunk, dit-elle, l'humiliation de l'année dernière ne t'a pas suffi ? Il t'en faut une autre pour que tu comprennes ?
- J'aurai grand plaisir à te faire payer ce que tu m'as fait.
- Et avec quoi, abruti ? Tu t'en es fait repousser une ?
Gerunk a un mauvais sourire, du genre qui me rend très inquiet. Il a un atout dans sa manche, voire deux, c'est certain. Je regarde au-delà de lui et constate que plusieurs personnes sont adossées nonchalamment contre le mur du fond tout en nous regardant.
- Il n'est pas venu seul, dis-je.
- Aucune importance, dit Finnadan, il ne fera rien ici car la garde interviendrait... Mais autant ne pas laisser traîner les choses, non ? Le bois de Fleinn, à la sortie de la ville, c'est là qu'il nous attendra, et nous n'aurons pas la possibilité de l'éviter.
- T'as tout compris. Alors prépare-toi et adresses tes prières à la Lumière, car tu ne ressortiras jamais de ce bois.
Il se tourne vers nous.
- Et à votre place, je ne me mêlerais pas de ça.
- J'en ai autant à votre service, dit Cédric.
- On verra bien...

Finnadan le regarde s'éloigner et rejoindre ses compagnons avant de sortir de l'auberge.
- On sera là, dis-je, ne t'en fais pas, on ne va pas le laisser te faire du mal. Céd, qu'as-tu remarqué ?
- Il a des objets puissants sur lui, dont une garde de métal qui va empêcher tout objet métallique de l'approcher. Il a une épée d'obsidienne enchantée par un charme d'acuité, et ses compagnons sont bien équipés eux aussi, l'un d'eux est un sorcier.
- Je vois. Il n'y a pas moyen de les éviter ?
- Le bois est une forêt de champignons géants, qui poussent de manière si dense qu'il est pratiquement impossible de les traverser en dehors de la route. De toute façon, les rares chemins sont saturés de spores empoisonnées en ce moment. Seule la route bénéficie d'enchantements qui empêchent champignons et spores d'y pénétrer.
- De tels enchantements sur toute une route sont possibles ?
- Ils ont plus de trois mille ans, dit Cédric, et ils sont toujours actifs. C'est de l'ancienne magie... Ceci pour vous donner une idée de ce qui a été perdu.
- Comment de telles connaissances ont-elles pu se perdre ?
- Les guerres, contre les disciples de Magnos ou les armées des ténèbres, ont fait énormément de ravages...

Nous repartons au matin, ayant longuement discuté hier pour mettre au point un plan de bataille. Il ne me plaît pas spécialement, mais nous n'avons pas vraiment le choix... Nous nous séparons de Cédric à la sortie de la ville, lui souhaitant bonne chance. J'espère qu'il ne se trompe pas en disant que sa magie le protègera du poison. Il emprute un des petits chemins dont avait parlé Finnadan et nous le laissons prendre une bonne heure d'avance avant de reprendre notre route.
Nous avançons prudemment et entrons sous le couvert impressionnant des champignons qui forment cette étrange forêt. Je n'avais jamais vu une telle chose auparavant.
- Quand vous aviez parlé de champignons géants, je n'avais pas imaginé qu'ils étaient aussi gigantesques.
- Baissez un peu le nez et faites gaffe, c'est pas le moment de faire du tourisme, réplique Finnadan.

Difficile pourtant de ne pas admirer cette incroyable débauche de formes, notamment les formations phosphorescentes, qui rampent, tombent ou grimpent partout, éclairant les lieux de multiples couleurs. Des insectes eux aussi lumineux dansent partout, ajoutant leur touche féérique à cette incroyable forêt.
Je m'efforce pourtant de regarder aux alentours en guettant tout signe de nos adversaires mais ce que nous remarquons bientôt c'est le cadavre d'une créature en dehors de la route. D'aspect vaguement humain, elle a une peau de cuir blanchâtre et des doigts terminés par des griffes acérés. Je ne vois pas son visage et n'ai aucune envie d'en savoir plus à son propos. Trois autres gisent le long du chemin un peu plus loin.
- Des dévoreuses, dit Marc. Elles prennent souvent l'apparence d'une femme en détresse, mais malheur à qui s'approcherait pour les aider. Elles ont toujours faim... Étonnant d'en rencontrer ici, ce n'est pas leur terrain de chasse habituel. Toutefois...
- Oui ?
- Un sorcier suffisamment doué peut en avoir invoqué quelques-unes et les avoir laissé là en embuscade.
- Possible, mais qui peut s'être débarrassé d'elles de cette manière ?
- Mystère... On dirait qu'elles ont rencontré une créature plus féroce qu'elles.
- À moins que ce soit Cédric ou nos adversaires.
- Elles sont très résistantes à la magie. Cédric aurait eu bien du mal à faire face à quatre en même temps.
- Continuons, dit Finnadan.

Plus loin, Cédric progresse en éclaireur...

Il y a quelque chose d'anormal dans ces bois. Je veux dire, de plus anormal que ces bois eux-mêmes. Je me sens surveillé... Quelque chose rôde au-delà de mes sens pourtant très aiguisés.
La route principale semble s'élargir, il doit y avoir un genre de halte en plein cœur de la forêt. Je parie qu'ils sont là.
Discret filet de brume dans ces bois ensorcelés, je me glisse entre les gigantesques pieds des champignons et découvre une large clairière au milieu de laquelle se trouve une auberge.
Non... mais que se passe-t-il donc ici ?


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 20-09-2021

4 - Parmi les ombres

Halte de Gardan, Bois de Fleinn, en Outremonde

L'auberge est en ruine. Marc et moi sortons aussitôt nos armes, car la destruction semble récente. Plusieurs tas de gravats fument encore, l'incendie qui a ravagé l'endroit a été violent. À l'extérieur, plusieurs corps gisent au sol, et nous voyons plusieurs silhouettes s'affairer à l'extérieur. En nous approchant, nous reconnaissons Gerunk et ses acolytes.
- C'est vous qui avez fait ça ?
- Non, dit l'un des hommes, nous avons découvert l'auberge comme ça. Themus, qu'est sorcier, dit qu'il y a une chose maléfique là dehors qu'a fait ça. Et qu'elle est toujours là. Qu'elle nous surveille et qu'elle nous laissera pas partir. Il trace un cercle de protection mais il sait pas si ça suffira. Alors moi les histoires entre Gerunk et vous j'm'en balance, et Themus et Corken aussi, alors si vous joignez vos épées aux nôtres, on scelle la paix ici même.
- Et Gerunk, qu'est-ce qu'il en pense ?
Il tourne son regard vers le colosse, qui se dresse sur un tas de débris un peu plus loin.
- Il a beau râler, y tient à la vie. Comme nous. On est p't'être des mercenaires, mais on est pas payés pour affronter ça, et on n'est pas sans honneur. Si vous combattez à nos côtés, notre contrat sera considéré comme nul.
- Bon... je ne suis pas contre, mais je dois en discuter avec mes amis.
- J'ferais pareil à vot'place. Au fait... j'suis Viek.
- Ludvik.

Je m'éloigne prudemment pour rejoindre Marc et Finnadan, qui semble être inhabituellement nerveuse.
- Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un plan, dit-elle. J'ai un mauvais pressentiment depuis que nous sommes entrés dans cette forêt.
- Moi aussi, à vrai dire, dis-je.
Marc confirme sombrement. Quelque chose a alerté notre instinct, et nous ferions bien de le prendre au sérieux.
Je vois Cédric arriver de l'autre côté de la clairière. Il s'approche de nous, l'air sombre.
- J'ai découvert une patrouille de gardes massacrée, plus loin sur la route, et c'était pas beau à voir. Je me sens surveillé par une conscience maléfique, et ça ne présage rien de bon.
Je le met au courant de la proposition des mercenaires de Gerunk.
- Nous n'avons pas le choix, cette chose, quelle qu'elle soit, va bientôt attaquer. Nous devons nous préparer, et vite !
- OK.

Cédric part rejoindre Themus pour l'aider à ériger des défenses magiques, et je vais voir les mercenaires pour connaître leurs spécialités. Je découvre vite qu'ils sont aussi doués que bien équipés. Je leur demande de nous couvrir de leurs arcs avant de nous rejoindre au contact si besoin est, et ils acceptent aussitôt - sans surprise.
- Finnadan, tu n'as jamais entendu parler de quelque chose de spécial dans ces bois ?
- Non, jamais. Quoi qu'il puisse s'y trouver, c'est arrivé récemment - ou ça vient de se réveiller d'un très long sommeil.
- Il aurait pu faire la grasse matinée.
Je m'éloigne pour faire le point sur nos défenses physiques. Le résultat est déprimant. Les mercenaires ont commencé à creuser des tranchées après avoir entassé quelques pierres et poutres pour combler les brèches dans une zone de l'auberge plus en état que le reste, mais certaines destructions me laissent à penser que ce n'est pas le feu qui en est la cause. Très inquiétant. Le plus frustrant est de ne pas savoir ce que nous allons affronter. Mais j'ai le sentiment que nous allons le savoir bien assez tôt.

Nous faisons un point un peu plus tard. Nous avons l'avantage sur les autres victimes d'avoir des ressources magiques assez importantes, et d'être prêts au combat. Pourquoi la chose qui nous surveille nous a-t-elle laissé le temps de nous préparer reste une question sans réponse. Une autre inquiétude de plus. Peut-être est-elle occupée ailleurs.
Nous finissons en traînant les morts à l'écart, tâche peu agréable au vu de leur état, mais j'aime autant les voir loin de moi. Tandis que Marc et moi traînons l'aubergiste vers un creux du terrain, une sorte d'oppression, d'atmosphère pesante, comme à l'approche d'un terrible orage, se fait ressentir. Nous lâchons le corps et revenons en courant vers notre camp.
- Derrière vous ! Nous crie Cédric depuis l'abri d'un pan de mur.
Voilà qui nous motive à courir plus vite. Nous jetons tous deux au même moment un regard en arrière, et voyons avec horreur que l'aubergiste et les autres morts se sont relevés et se sont lancés à notre poursuite.
- Nécromancie... dit Marc alors que nous nous jetons à l'abri du camp.
- Laissez tomber les flèches, crie-t-il à l'adresse des mercenaires, ça ne leur fera rien !

Mon épée en main, je lance un regard à Marc qui a sorti deux longues dagues finement gravées.
- T'en fais pas pour moi, je m'en sers très bien, me dit-il.
Nous regardons les zombies avancer tout droit, s'effondrant dans les tranchées et les escaladant pour retomber dans la suivante. Le spectacle, dans cet éclairage multicolore et mouvant, est dantesque.
- Quelle horreur...
- Tu l'as dit.
Un dernier regard en arrière, je vois Cédric discuter avec Themus qui fait la moue et s'assied en retrait. Notre ami vient nous rejoindre, son bâton en main.
- Une chance qu'on les ait sortis et rassemblés avant l'assaut, on en aurait eu partout.
- Tu peux le dire. Quelle que soit la force qui est derrière tout ça, elle était occupée ailleurs, nous considérant comme négligeables.
- On va lui faire regretter son manque de discernement...

Nous cessons de discuter alors que les premiers mort-vivants s'approchent des murs de l'auberge.
Tenant la garde de mon épée à deux mains, je frappe un grand coup sur l'aubergiste, le touchant au cou et le décapitant.
Celui-ci n'en est pas gêné pour autant et continue à avancer. Cédric fait sortir la lame de son bâton et la plante dans le corps, qui se raidit aussitôt et s'effondre. Le puissant enchantement de la Lame de Lumière a eu raison du sombre enchantement qui animait ce corps.
- Ok, on va faire comme ça, crie-je, on les affaiblit et Cédric les achève. Visez les membres !
C'est une boucherie. Gerunk, Marc et moi-même abattons nos armes sans relâche sur des corps qui étaient encore vivants il n'y a pas si longtemps, mais qui ne ressentent désormais plus rien.
M'écartant pour esquiver un assaut, je vois arriver une patrouille de la garde dans la clairière.
- Des renforts ! Ils tombent bien, eux !
Trop occupé pour les regarder plus longtemps, je combat un mort plus résistant que les autres, qui me fait reculer peu à peu sous ses assauts violents. Je ne parviens qu'à le taillader sans grandes conséquences.
- À moi !

Marc se précipite vers moi et frappe de grands coups avec ses dagues. Privé de tendons, le mort s'effondre à mes pieds. Je remercie mon homme d'un mouvement de tête et nous nous précipitons sur le reste des morts. Nous commençons à être submergés mais Cédric nous crie de nous écarter et une force invisible catapulte une bonne partie d'entre eux en arrière. Bientôt, toutefois, nous devons reculer vers le cercle de défense le plus intérieur, car ils nous assaillent maintenant de tous les côtés.
- Mais que font les gardes ?
- Ils sont morts ! Crie Themus, du haut de son poste d'observation.
- C'est la patrouille que j'avais découverte, dit Cédric. Ce sont bien des renforts, mais pour eux !

Nos mains se crispent sur les poignées de nos armes. Il nous faut tenir le coup, coûte que coûte, ou nous serons condamnés à un sort horrible. Ce n'est plus le moment de faire dans la demi-mesure.
- Viek, Corken, Finnadan, vous prenez le relais !
Nous soufflons un peu, reprenant des forces tandis que les trois, qui étaient restés en arrière, se lancent à l'attaque des premiers zombies.
- Marc, c'est le moment où jamais...
Il acquiesce d'un bref mouvement de tête et ferme les yeux.
Je sens d'abord comme une fontaine d'énergie qui me traverse en chassant toute fatigue. Ce qui tombe à point nommé car je vois arriver les gardes, visiblement beaucoup moins stupides que les victimes de l'auberge. Ils ont toujours leurs armes à la main.
Je me rue vers l'arrière en entraînant Gerunk avec moi et commence à croiser le fer avec les premiers morts. Je me sens étrange, comme porté par une grande vague qui m'emporte à toute vitesse, et je constate que mes gestes sont des plus rapides. À nous deux, nous arrivons à tenir les gardes en échec pendant un long moment avant que le nombre ne nous fasse reculer. Nous nous retrouvons bientôt tous dos à dos, et c'est alors que Cédric crie à Themus :
- Maintenant ! Fermez les yeux !

Bien obligé de lui faire confiance, j'obéis, et une lumière aveuglante accompagnée d'un fracas de fin du monde nous entoure. Lorsque je rouvre les yeux, le sol est calciné et une odeur atroce de chair brûlée parvient à nos narines.
Les morts sont étendus à terre, brisés, mais remuant toujours et tentant de ramper vers nous. Nous abattons nos armes sur eux tandis que Cédric les plante de son bâton pour leur apporter le repos.
Lorsqu'enfin le dernier d'entre eux a cessé de bouger, nous nous effondrons, haletants, trop épuisés pour nous réjouir d'être en vie.
- Bien joué, tout le monde...
- C'est pas fini, dit Cédric.
- Merde...

Il nous lance un sort d'énergie pour nous remettre d'aplomb, et nous sentons de nouveau cette pesante impression qui avait précédé l'assaut. Je m'approche du muret extérieur et vois des formes blanchâtres émerger d'entre les troncs.
- Il a réanimé les dévoreuses...
- Pire encore, dit Cédric, il a infusé en elles énormément de puissance... Nous n'y survivrons pas ! Thémus, du feu, beaucoup de feu !
Un mur de flammes se dresse entre les créatures et nous, et Cédric commence une incantation que je reconnais.
Je prépare en vitesse une fiole de sang de dragon pour le soutenir au cas où, sachant ce qui s'est passé la dernière fois.
Les flammes se condensent brusquement, et un ifrit très, très en colère apparaît au milieu.
- ENCORE TOI !
- Détruis ces créatures ! Par la Lumière et par ton nom secret, je t'y contrains !
Fou de rage, le prince se jette sur les dévoreuses qui se défendent comme elles peuvent. Sans espoir. Elles sont rapidement réduites en cendres.
- C'EST FAIT, MORTEL !
- Dis-moi qui est derrière cet assaut !

L'ifrit a un sourire cruel et baisse la voix.
- Il y a une sombre entité ici. Un esprit du passé, pétri de haine. Il saura s'occuper de vous. Tu as utilisé quatre ordres, mortel. Deux contre le dragon et deux ici. Combien encore oseras-tu me donner ? Chacun rogne sur ton espérance de vie, tu le sais.
- Je le sais.
- Quel effet cela fait-il de savoir que tu vivras quarante ans de moins ?
- Ni chaud ni froid. Tu as entendu parler de la jouvence ?
- Humpf ! Renvoie-moi, maintenant.
- Plus tard. Attaque cette entité !
- Tu ne perds rien pour attendre, dit l'ifrit en s'ouvrant un chemin fumant parmi les champignons.

Je suis stupéfait, Cédric n'a même pas l'air fatigué. Il contrôle l'entité avec désinvolture. Je jette un coup d'œil à mes compagnons. Thémus est bouche bée, et très pâle. Gerunk est lui aussi effrayé. Quant à Viek et Corken, ils me lancent un long regard qui semble dire qu'ils sont bien contents de ne pas nous avoir comme ennemis.
Marc est lui aussi totalement sidéré. Il me souffle à l'oreille :
- J'ignorais qu'il possédait une telle puissance...
- Je l'ai déjà vu invoquer cette entité, mais il avait beaucoup plus de mal à la contrôler. C'est tout de même un prince ifrit.
- Pas possible... rien de moins ? C'est terrifiant. Il ne m'avait pas donné l'impression d'être aussi puissant avant.
- Oui, quelque chose a changé en lui, je le sens différent, plus distant.
- En tout cas, il ne se ménage pas ! Il a sacrifié pas moins de cinquante années de sa vie pour nous !
- Oui... je compte bien lui parler quand on sera sortis d'ici.

Le silence se fait. Gerunk est livide. Il sait qu'il n'aura pas sa vengeance, pas quand Finnadan a de si puissants alliés à ses côtés. Et ses mercenaires ne lèveront pas le petit doigt contre nous après ce qui s'est passé, leur proposerait-on tout l'or du monde. Mais inutile de voir son regard noir et glacé pour deviner qu'il sera une nuisance permanente. Finnadan l'a bien compris elle aussi.
- J'aurais dû te tuer, dit-elle. Ça m'aurait évité de revoir ta sale tronche. Toutefois, j'ai finalement bien fait de te laisser en vie, car sans ta volonté de vengeance, nous serions probablement morts à l'heure qu'il est. Le destin prend parfois des chemins teintés d'ironie, ne trouves-tu pas ?
Le visage de Gerunk n'est pas plaisant à voir, après une telle pique.
- Toutefois, je veux bien te laisser une chance. Rien que toi et moi. Pas d'intervention de nos alliés, ni d'un côté ni de l'autre.

Elle nous jette un coup d'œil si glacial que nous n'osons la contredire. Mais ça m'embêterait bien de la perdre, et je ne me sens pas très chaud pour qu'elle risque sa vie.
- Il a une...
- Silence ! Dit-elle. Tu es d'accord, Gerunk ?
- Oui ! Prépare-toi à mourir, chienne.
Il dégaine son épée d'obsidienne, sa garde de métal l'empêchant de porter tout objet métallique sur lui, il est obligé d'utiliser une arme aussi particulière.
À moins d'attaquer à mains nues sans avoir de métal sur elle, je ne vois pas comment Finnadan pourrait le blesser.
Je la vois se débarrasser de sa bourse et jeter au sol ses ceintures de couteau, puis quantité de poignards dissimulés. Le tas qui se forme au sol est impressionnant. Elle termine en se débarrassant de ses bijoux puis fait face à son adversaire.
- Prête.
- Je vais te tuer lentement, dit-il.
- Désolée, je suis pressée.
Il fait un pas en avant puis se fige alors que les mains de Finnadan deviennent floues tant elles bougent vite.
Gerunk trébuche, puis tombe en arrière, un poignard planté dans chaque œil.

Je reste bouche bée tandis qu'elle s'avance vers lui pour récupérer ses armes. Je la regarde faire, décidé à comprendre comment...
Des poignards d'obsidienne. Elle avait glissé dans ses manches des armes qui ne comportaient pas une once de métal. Toute la préparation précédente était destinée à le mettre en confiance en lui faisant croire qu'elle attaquerait au corps à corps, ce qui aurait été pure folie.
- Ça fait deux fois que tu me sous-estimes, dit-elle au mort. Crétin.
Après cette oraison funèbre, elle se détourne et rejoint Cédric.
- Pendant que le prince ifrit et l'entité sont occupés, on pourrait se faire la malle, non ?
- Oui, confirme-t-il.
- Bonne idée, dis-je. Mais nos chevaux sont morts, les zombies les ont trucidés...
- Raison de plus pour ne pas traîner. Allons-y.


Re : Deux mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 20-09-2021

Hé bien, il s'en passe des choses en si peu de temps! De courts mais combien intenses combats et puis Vrrrouut, la poudre d'escampette! Et les mercenaires? ils partent aussi avec les "trois mousquetaires" (qui sont quatre)?