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La porte des mondes (fantastique avec personnages gays, terminé) - Version imprimable

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La porte des mondes (fantastique avec personnages gays, terminé) - inny-2 - 31-01-2022

La porte des mondes (fantastique avec personnages gays, terminé)
Récit initialement publié sur un autre forum sous le nom d'auteur inny à partir du  20 novembre 2010

Bonjour et bienvenue sur ce nouveau récit.

C'est le troisième volet du cycle d'Outremonde, commencé avec Deux mondes puis Les chroniques d'outremonde.

L'histoire prend place 137 ans après la fin des Chroniques, dans de nouveaux lieux et avec de nouveaux personnages.

Sur Terre, en France, les Protecteurs ont gagné en puissance et ont longtemps dominé le pays avant d'être renversés. Un siècle de tranquillité relative s'est instauré avant que démarre une série d'évènements qui va entraîner bien malgré lui un jeune ingénieur dans cette aventure.

En Outremonde, d'autres héros se sont dressés en leur temps contre les restes des forces des Protecteurs. Aucune nouvelle n'a filtré des autres mondes, la séparation tient bon depuis la fin du nexus. Mais les Protecteurs, Ludvik et ses compagnons le savent, sont très puissants et déterminés, et ce silence est inquiétant...


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 31-01-2022

Prologue

Terre, 2154

Journal personnel de Franck Brasson, ingénieur civil, perdu en un lieu sans nom.

Je suis arrivé ici dans un camion fermé, dépossédé de tout appareil qui m'aurait permis de savoir où je suis. Tout ce que je sais, c'est que je suis sous terre, dans ce qui était une ancienne base secrète des enfoirés qui avaient pris le pouvoir au siècle dernier. Ces gens qui osaient s'appeler les Protecteurs.
Ce que je viens faire ici ? Je ne saurais pas répondre même si ma vie en dépendait. Je ne suis pas le seul à avoir été amené ici, et tout comme moi, beaucoup sont jeunes, tout juste sortis de leurs études. Quelle mouche m'a piqué quand j'ai signé ce contrat ! Mais la paie proposée était plus qu'alléchante. Trop, en fait, mais il est trop tard pour reculer.
Et les militaires. Partout, des militaires qui vont et viennent, gardent des issues, et crient des ordres comme si on était au milieu de la quatrième guerre mondiale.


Il doit y avoir un truc vraiment important, ici. C'est vrai que cette base est immense - les Protecteurs ont largement eu le temps de la construire pendant tout le temps où ils ont régné sur le pays, avant qu'on finisse par les jeter. Et ils ont pris soin de faire du solide, je suis surpris de la voir en si bon état après un siècle - ou alors, ça fait un bout de temps qu'elle a été découverte et réaménagée. Dans ce cas, pourquoi ce recrutement, cette convocation ?

On commence à travailler sérieusement sur des schémas et des appareils dont je n'ai pas la plus petite idée de ce qu'ils peuvent être ni même des principes qu'ils utilisent. Ils veulent qu'on fasse travailler notre matière grise là-dessus sans idées préconçues et qu'on essaie de trouver à quoi ça peut bien servir. Tout ce qu'on peut dire pour le moment, c'est que ça utilise beaucoup d'énergie. Mais je crains que ma vie entière ne suffira pas pour examiner tout le matériel qu'ils ont ici, et je ne parle pas de l'identifier ou de le faire fonctionner. C'est pour ça qu'ils nous ont recrutés jeunes ?

Ils s'occupent bien de nous, c'est toujours ça. La cuisine est bonne, et on a des séances de sport régulièrement pour nous entretenir. Il y a de beaux gars, je dois dire, et les passages sous la douche sont plutôt délicats... surtout quand certains militaires sont avec nous, mon dieu, quels corps sublimes !

Trois mois que je suis ici. Des couples se sont formés parmi les ingénieurs, et pour ma part, je sors depuis peu avec un beau militaire (youpi !) et je crois bien que je suis en train de tomber amoureux ! Finalement, rien que pour ça, je suis content d'être venu. Il s'appelle Jacques et il est tout simplement craquant.

Vous ai-je dit que je suis amoureux ? Je crois que oui, mais je m'en moque, car lui aussi m'aime et je suis heureux ! Ça fait un an maintenant qu'on est ensemble et on a fêté ça dignement !

Il y a eu une énorme explosion dans l'un des labos ! Ils ont activé une machine et elle a fait... disparaître, littéralement, une partie du labo et le mur du fond. Net, comme désintégrés. C'est effrayant, je n'imaginais pas qu'il y avait des appareils capable de ça ici.

Jacques n'est pas venu me voir. J'imagine que la base est en alerte après cet incident.

On m'a assigné une nouvelle escorte. J'ai posé des questions sur Jacques mais je n'ai reçu aucune réponse. Je ne comprends pas ce qui se passe.

Un des gars a fini par me dire que Jacques était dans le couloir derrière le labo qui a été dévasté. Quand je me remémore la vision du mur du fond, je suis glacé d'horreur. Il faut que je découvre ce qu'est cette machine ! Il le faut, si j'ai une chance, une petite chance de le ramener... ou de le rejoindre, où qu'il soit... oui, parce que l'idée qu'il ait été tué par cette machine m'est insupportable. Je veux explorer toutes les pistes.

Trois ans ! Trois ans se sont écoulés depuis l'incident. Trois années passées à travailler d'arrache-pied à étudier cet appareil, heureusement les militaires sont très intéressés par elle et nous ont donné tous les moyens nécessaires, mais quand même... On a réussi à comprendre certaines de ses fonctions, mais maintenant, c'est le moment ou jamais. J'ai tout vérifié cent fois, nous nous disputons encore sur le sujet mais je suis persuadé que c'est un appareil permettant le déplacement de matière, un téléporteur. Mais j'ignore totalement où il conduit...

Victoire ! Nous sommes parvenus à inverser les réglages et à ramener, tenez-vous bien, le mur du labo qui avait disparu ! Il ne semble pas avoir été affecté par ce qui devait se trouver de l'autre côté, et nous nous sommes empressés d'envoyer une caméra. L'attente a été vraiment vive, pendant que les militaires surexcités sont en train de préparer une sonde destinée à faire des analyses plus poussées. Par contre, ils nous ont foutus, le labo et nous, en quarantaine, mais ça m'arrange de ne pas les avoir dans les pattes.

La caméra n'a pas montré grand-chose, on dirait une salle souterraine et obscure, mais grâce à sa lampe intégrée, j'ai pu voir des empreintes de pas dans la poussière, les empreintes de Jacques, à n'en pas douter ! Je suis en train de préparer de nouveau la machine, mais ce n'est pas la sonde qui va partir, cette fois... Tiens bon, Jacques, je viens te chercher !


Pièce versée au dossier d'accusation de Franck Brasson.


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 01-02-2022

Livre I - L'autre Côté

1 - Le Voyage

Si quelqu'un lit jamais mon journal, il saura comment toute cette histoire a commencé, mais il sera bien en peine d'imaginer ce qui s'est passé ensuite, et moi-même, j'ai toujours du mal à réaliser...
Je n'en reviens pas des risques que j'ai pu prendre par amour... ou par folie.


Lieu inconnu, date inconnue

Une lumière bleue émane de l'appareil, mes collègues me regardent, étonnés par cette activation non prévue, et crient lorsque je me mets devant elle, ils se ruent vers la machine mais ne peuvent rien pour l'arrêter une fois qu'elle est lancée, on n'a pas encore trouvé le bouton d'arrêt, s'il y en a un. Un sifflement de plus en plus aigu se fait entendre, les autres me regardent, m'appellent, mais je ne les écoute pas, et ils n'osent pas s'avancer dans le champ pour me sortir de là. Heureusement qu'elle est trop lourde pour être déplacée.
La lumière s'intensifie, m'enveloppe entièrement, et le labo s'efface, je me mets à chuter, puis soudain c'est l'obscurité totale.

Et le silence, un silence absolu qui m'environne. Je n'appelle pas Jacques, je me doute bien qu'en trois ans, il n'est pas resté sur place, je pense bien qu'il aurait laissé un signe, mais je compte bien le retrouver.
Je fouille dans ma sacoche, qui ne contient plus mon ordinateur portable mais tout ce que j'ai pu rassembler discrètement pour mon voyage.
J'en sors une lampe de poche, éclaire autour de moi, puis m'éloigne rapidement en voyant une unique sortie à cette pièce emplie de débris en tout genre. Je ne dois pas rester sur place, au cas où les autres activeraient la procédure de rappel. Je resterai de ce côté tant que je n'aurai pas retrouvé Jacques.

Le faisceau éclaire un couloir tout aussi obscur, dénué de fenêtre. Je pense être toujours en sous-sol, mais l'air est respirable quoique très sec.
Je ne peux m'empêcher de m'émerveiller une nouvelle fois qu'une technologie pareille ait pu être développée il y a un siècle alors qu'elle est encore inconnue de nos jours. Les Protecteurs étaient peut-être de sacrés fumiers, mais ils avaient de véritables génies avec eux.
Je regarde les traces sur le sol, il n'y a pas trace d'hésitation, mon homme devait avoir lui aussi un moyen d'éclairage, ou de vision nocturne.
Les traces de pas se croisent à chaque intersection. Je suis la plus récente, celle qui écrase les autres, pour trouver le bon chemin, celui qui me mènera à lui, pourvu qu'il aille bien ! Trois ans, mon dieu, trois ans ici, j'espère bien qu'il y a une sortie, je le pense même, car à sa place, je serais revenu là où je suis apparu.

Il est parfois difficile d'interpréter les traces, je ne suis pas un spécialiste, loin de là, et je me fourvoie de temps en temps dans des cul-de-sac qui me font perdre du temps. J'ai peur de tomber en revenant sur mes pas sur une équipe lancée à ma recherche, mais le silence règne toujours sur les lieux. Je me demande ce qu'ils doivent penser, là-bas. Mais ce n'est pas mon problème.
Je constate de plus en plus de dégradations dans l'état des murs et du plafond, et je dois franchir des débris de plus en plus importants. Je finis par arriver dans une vaste salle, non, un large couloir en pente, et je peux voir les traces de Jacques dans la poussière, qui, logiquement, a choisi de monter. Et je ne vois pas de traces qui reviennent. Très excité, je progresse plus rapidement. Je suis sûr qu'il y a une sortie là-haut, et que je pourrai alors... quoi ? Je n'ai aucune idée de ce qu'il y a là-dehors, aucune idée de l'endroit où je suis, tout ce que je sais, c'est que Jacques n'a pas donné signe de vie en trois ans. Peut-être est-ce une île perdue du Pacifique. Mais dans ce cas, son téléphone aurait quand même pu capter le signal satellite et on l'aurait récupéré. Non, quelque chose est arrivé, mais quoi ?

Le couloir monte toujours, mais j'approche d'un nouveau tas de débris, plus important. Eh, une minute... ce ne sont pas des débris, mais des squelettes humains ! Que s'est-il passé ici ?
La lueur de ma lampe donne un aspect inquiétant aux os répandus sur le sol, aux crânes ricanants, aux... armures ? Oui, ce sont bien des cottes de mailles, des casques, des épées que je vois ici. Ces morts doivent dater de bien longtemps, mais que font-ils ici, dans une base des Protecteurs ? Tout ça n'a aucun sens. Pourquoi les Protecteurs n'ont-ils pas dégagé tout ça quand ils se sont installés ? Non, ces corps sont venus là après l'abandon de la base, mais dans ce cas, ils ne sont pas si anciens que ça. Mais alors, que viennent faire là des corps en armure ? Deviens-je fou ou...

Mais non ! J'ai compris maintenant où je suis, ou plutôt, quand ! Ce n'est pas qu'un téléporteur, j'ai également voyagé dans le temps ! Mais alors, ça veut dire que dehors, ce ne sera pas une partie de plaisir... je crains fort d'avoir fait une grave erreur en utilisant la machine.
Soupirant, je réfléchis à ce que je vais faire. Continuer, en quête de Jacques, me semble en fin de compte la seule option possible, car si je reviens en arrière, je passerai en cour martiale pour ce que j'ai fait. J'ai vraiment agi sans réfléchir, comme possédé, obsédé par l'idée de retrouver mon amour, et maintenant que je fais face à la réalité, je me rends compte à quel point j'ai été aveugle.
Trop tard, trop tard pour reculer.

Soupirant, je reprends mon chemin, rencontrant d'autres squelettes. Un rude combat a dû avoir lieu ici, je vois des crânes défoncés, des boucliers brisés, des armures trouées... Hésitant, je m'empare d'une grande épée, mais la repose rapidement : elle est lourde ! J'ai pourtant fait du sport régulièrement, mais ces soldats ont pratiqué l'escrime pendant des années, et je ne ferais pas le poids contre eux... je finis par trouver une arme d'une taille plus raisonnable, et, frissonnant, dégage son fourreau d'un des morts. Je me sens un peu plus tranquille maintenant. Un peu, car je n'ai jamais manié d'épée et je sais bien que face à un soldat, ma meilleure solution serait la suite.

Je répugne à dépouiller les corps plus avant, mais je m'empare d'une bourse, puis vide quelques autres dans la mienne. Étrange que Jacques n'en ait pas fait autant, était-il pressé de sortir ? Ça semble être le cas, car en examinant les traces, je constate qu'il s'est mis à courir. A-t-il eu peur des squelettes ? L'idée que mon beau militaire soit si sensible est amusante, enfin, elle le serait si je n'étais pas coincé ici, en un lieu et une époque inconnue...
Je reprends ma route, inutile de courir pour ma part, et continue à remonter la pente. De nombreux autres couloirs secondaires sont visibles de part et d'autres, mais les traces continuent tout droit. J'arrive à un endroit qui semble avoir été dévasté par une énorme explosion, une explosion qui me semble très reconnaissable. Je touche du doigt la pierre lisse, souffle en découvrant la vaste zone qui a été affectée. Je ne trouve aucune trace de la machine (dommage) mais je suis certain qu'un autre de ces appareils a été utilisé ici.

Enfin ! Enfin, la lumière du soleil qui filtre à travers une ouverture !
La lutte semble avoir été terrible ici, mais je ne m'y attarde pas trop, savourant le souffle d'air frais sur mon visage, courant pour arriver dehors plus rapidement, tombant enfin à genoux là même où Jacques a dû le faire. Mais il n'en reste plus trace, ici le vent et le temps ont fait leur œuvre.
Plus de traces. Je vais devoir jouer de chance, espérer qu'il a pris les même décisions que je prendrai. Je me relève, explore les environs, ne trouve que des ruines perdues au milieu de collines dénudées. Le soleil devient rapidement accablant, m'étouffant et me fait jeter mon pull. Je le reprends toutefois, me souvenant que dans ces régions, les nuits sont fraîches...
- Jacques, où es-tu ? As-tu survécu ? Et survivrai-je assez longtemps pour te retrouver ?


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 02-02-2022

Mystère, mystère...Cher Jacques, où es-tu passé?  3 années de la base "protectrice" correspondent-elles à 3 années dans le nouveau lieu où Franck B. vient d'émerger? Apparemment, le voilà revenu quelques siècles avant 2153. Décidément, le Moyen-âge est une source très féconde d'inspiration romanesque et de SF.
Merci à «Maître Inny-2» de nous  permettre de lire ces belles histoires.
À ce soir...
KLO.


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 02-02-2022

Est-ce vraiment le moyen âge ?


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 02-02-2022

2 - En Quête d'Humanité

Quelle folie ! Me lancer à l'aveuglette dans ce qui avait toutes les chances de devenir mon tombeau, c'est tout moi. J'ai toujours été casse-cou, et je suis encore suffisamment jeune pour ne pas avoir changé. Mais pourquoi ne me souviens-je jamais que j'ai toujours regretté après coup ?

C'est un poteau, planté au sommet d'une des collines, qui m'a aidé à choisir une direction. Un grand poteau planté récemment, tiré des ruines et placé sur la plus haute colline pour servir de point de repère, son sommet blanc tranchant avec l'ocre environnant. Et les lettres gravées à son pied ont achevé de me convaincre : JQ. Jacques ! Il a laissé un signal, finalement, un signe qui permet de le retrouver. J'observe le terrain environnant et repère une vallée régulière, peut-être le lit asséché d'un ancien fleuve, et entame une descente sur le flanc de la colline. Il me faut plusieurs heures pour atteindre le fond de la vallée, où je trouve, ô miracle, un petit cours d'eau. L'endroit n'est pas si désertique que ça... Mais pourquoi n'y a-t-il aucune végétation, s'il y a de l'eau ? Je ne mourrai pas de soif, mais probablement de faim, si je ne trouve rien avant d'épuiser les quelques rations que j'ai.

Ou de maladie... je n'ai rien pour décontaminer l'eau, et le fait qu'il n'y ait aucune végétation commence à m'inquiéter, est-elle seulement potable ?
Je n'ai aucun moyen de le savoir, aussi je décide d'attendre et poursuis ma route. Si je meurs ici, je l'aurai bien cherché. J'ai été fou, et me voilà pris au piège entre Charybde et Scylla. Entre la mort en un lieu perdu, dans un passé perdu, et un jugement qui m'enverra pourrir en prison pour le restant de mes jours, si je ne suis pas collé à un mur et fusillé. La justice militaire est restée assez expéditive malgré les réformes qui ont suivi le renversement des Protecteurs.
Je marche jusqu'à n'en plus pouvoir, mange une de mes rations de survie empruntée à un des amis de Jacques, la seule personne là-bas qui connaissait mon plan. Il aurait voulu m'accompagner mais son assignation ne lui permettait pas d'entrer dans le labo, sans parler de la quarantaine mise en place. Tout ce qu'il a pu faire, c'est m'aider de l'extérieur en me fournissant ce qu'il pouvait dissimuler dans le chariot-repas qu'on nous envoyait quotidiennement.

Mais il ne pouvait imaginer que je me retrouverais là où je suis en ce moment... tant pis, je ferai avec, et le gel nutritif est réputé très hydratant, j'en aurai bien besoin. Je jette un coup d'œil à la rivière peut-être empoisonnée, tentatrice, puis détourne le regard. Le soleil est en train de se coucher, autant trouver un endroit où m'installer.
Repérant un creux dans les rochers, je décide qu'il fait un abri convenable et m'y installe comme je peux, me demandant si Jacques a choisi le même.
Et... oui ! Voir écrit JQ, gravé dans la roche, me fait pousser un cri de joie. Je ne me suis pas trompé de chemin, mon homme me guide vers lui, et je le retrouverai au bout du chemin, aussi long soit-il.
Réconforté et épuisé, je m'endors comme une souche, prenant le temps de me couvrir en prévision de la fraîcheur nocturne.

Je me réveille à l'aube, en frissonnant, et m'étire avant de manger une autre barre de gelée nutritive.
J'espère vivement retrouver un semblant de vie, de civilisation même, et Jacques a dû éprouver la même chose, car une flèche dirigée vers le sommet de la pente droite de la vallée me fait changer de route et escalader la pente, heureusement une sorte de chemin incliné facilite la montée.
Un chemin ? Oui, effectivement, à peine visible, c'est bien un petit sentier qui doit être bien peu fréquenté, mais qui annonce une présence humaine ou animale. Je continue, anxieux de découvrir la vue qui s'offrira à moi une fois arrivé au sommet.
Dans le même temps, je pense au fait que Jacques n'avait sur lui aucune ration. C'est un homme solide, un soldat, il a tenu bon, et il doit avoir continué, il le faut, je n'ai pas fait ça pour le trouver mort, ce serait trop injuste, insupportable !

Cette pensée m'accompagne tout le long de la montée, jusqu'au sommet, où j'aperçois enfin un peu de végétation, la première que je vois depuis mon arrivée. Les plantes me sont inconnues, mais vu que je ne suis pas botaniste, ce n'est pas étonnant.
Passant la crête, mon regard embrasse une plaine herbeuse, et, au loin sur la gauche, ce qui semble être une agglomération, un village, des animaux que je n'arrive pas à identifier à cette distance, des champs... à deux pas d'une vallée stérile dans laquelle j'aurais pu marcher jusqu'à ce que mort s'ensuive. Jacques a eu beaucoup de chance ou d'intuition, ou peut-être avait-il repéré le sentier.

Bon... le sort en est jeté, me dis-je en marchant vers le village. Je ne comprendrai certainement pas un mot de ce que diront les autochtones, mais peut-être arriverai-je à me faire comprendre, et de toute façon, il me faut des rations, et de quoi boire. L'argent n'a pas de langage, mais évidemment, ils vont certainement chercher à m'escroquer en profitant du fait que je ne peux les comprendre...
Trois hommes armés de lances et d'épées s'approchent de moi lorsque j'arrive à l'entrée du village, mais ils me laissent passer en se contentant de me regarder. Je ne suis pas très rassuré mais rien ne m'arrive de fâcheux, aussi je poursuis ma progression en examinant tout ce qui m'entoure.
Les gens sont vêtus simplement, de vêtements de toile solide et de cuir, de chaussures solides, et les hommes portent des anneaux de fer aux doigts. Tout le monde me regarde avec curiosité mais sans animosité. Tant mieux.

Je finis par aborder un homme de mon âge, plus à même, je l'espère en tout cas, d'avoir un courant de sympathie pour l'étranger que je suis, et tente d'établir une conversation.
- Bonjour !
Il me regarde bizarrement. J'aimerais bien que l'on me dise quelque chose, que je sache si j'ai une chance de me faire comprendre...
- Comment s'appelle ce village ?
Il secoue la tête, toujours sans dire un mot. C'est extrêmement frustrant ! Mais il finit enfin par ouvrir la bouche.
- Anomé, oréo passibi assnar. Valati nomé. Osta. Osta.
- Ah... je crains qu'on ait un grave problème de compréhension...
Je fais comprendre par gestes que je voudrais manger et boire, et il me fait signe de le suivre. Tout le monde continue à me regarder avec curiosité.
J'entre dans ce qui semble être une auberge et le jeune homme parle avec la tenancière, puis se retourne vers moi.
- Akila ? Nama isté valani ?
Il fait un geste de la main que je suis bien en peine de comprendre, puis, voyant mon manque de réaction, sort de sa poche une pièce.
- Ah ! Oui, elle veut savoir si je peux payer, évidemment. Voilà, dis-je en sortant une pièce identique de ma bourse.

Je m'installe à une table avec mon guide, qui semble être fasciné par moi. Je le sens brûlant de me questionner, et frustré de ne pouvoir communiquer avec moi. Je décide de l'aider en désignant divers objets et en lui faisant signe de parler. Il comprend tout de suite et me nomme les objets, et je m'efforce de mémoriser ce nouveau vocabulaire. Ça prendra du temps, mais je finirai par me faire comprendre. Peut-être alors finirai-je par avoir des nouvelles de Jacques.
Mon repas arrive, et je dois bien dire qu'il me change agréablement de la nourriture de la base et des rations que j'ai pu manger jusqu'ici. Je goûte prudemment la boisson qui est servie dans la chope, mais c'est une bière tout ce qu'il y a de buvable.
Je pose ma paume sur ma poitrine, décidant qu'il est temps de me présenter.
- Franck.
- Frank, répète le jeune homme. Je fais oui de la tête et pointe le doigt vers lui.
- Assil, dit-il en souriant.


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 03-02-2022

Frank vient de rencontrer Assil, un futur "copain" apparemment. Tant mieux pour lui si ce nouveau venu est pacifique et altruiste. Cela facilitera beaucoup l'adaptation à cet étonnant  environnement.


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 04-02-2022

3 - La Nuit d'Un Autre Monde

J'ai fait mille hypothèses concernant ma situation. La majeure partie d'entre elles étaient fausses. C'est toujours le cas lorsqu'on manque d'informations. Mais au fil du temps, j'ai fini par comprendre la moitié des choses et j'ai continué à me tromper sur l'autre moitié.

Je ne suis pas à même de me faire suffisamment comprendre, et décide de m'installer quelques temps ici, j'ai assez d'argent et pour le moment la population locale n'est pas hostile. Il me faudrait également des vêtements locaux, qui ne me feront pas passer pour une créature étrange, oui, j'ai fini par comprendre ce qui attirait tant les regards. J'ai pu expliquer ça par gestes et Assil m'a conduit vers une femme qui a jeté un simple coup d'œil sur moi et lâché quelques mots. Ils ont parlé un moment et il m'a montré sa pièce avant de la toucher du doigt, six fois, prononçant un mot pour chaque fois. Super, si j'apprends à compter, je devrais arriver à me débrouiller pour payer sans interprète. Apparemment, cela prendra du temps, aussi mon compagnon m'a ramené à l'auberge, où j'ai demandé si je pouvais avoir une chambre. C'est effectivement le cas, et me voilà installé dans mon nouveau chez-moi pour un moment.

Au fil des jours, j'ai perfectionné mes connaissances du langage avec Assil, apprenant à apprécier cet homme sympathique qui m'a littéralement adopté. J'ai serré sa main, longuement, et il a apparemment compris car il m'a souri, il a un beau sourire, et si je n'avais pas eu mon Jacques perdu quelque part dans ce pays lui-même perdu, j'aurais pu rêver de son visage rude adouci par son regard vif et bienveillant, son sourire amical, ses cheveux noirs et son teint bruni par le soleil. Nous faisons de longues promenades et je lui ai montré la vallée et la rivière. Il m'a fait comprendre par signes que c'est un lieu où ils ne vont pas. Mais alors, qui a fait ce chemin à peine visible ? Jacques ?
Son nom fait réagir curieusement Assil, mais la barrière de la langue nous empêche encore de nous expliquer à son sujet, mais faisant un geste vers le village en répétant Jacques, il a fait oui de la tête.
Bon. Je fais mine de chercher et il comprend, me nomme le verbe, j'explique : Franck cherche Jacques. Il fait alors un large geste vers les plaines, assez large pour que je comprenne qu'il est parti, mais il ne sait pas où. Je sais toutefois que je trouverai un signe qui me guidera vers lui. Il me reste à le trouver.

Nous nous couchons d'habitude très tôt, mais cette fois, nous avons pas mal traîné et la nuit tombe alors que nous sommes à bonne distance du village, dont nous distinguons les lumières au loin.
Je presse le pas en regardant les étoiles, mais ralentis en plissant le front. Quelque chose cloche. L'astronomie est mon hobby, et je savais reconnaître les constellations d'un seul coup d'œil. Ici, malgré un ciel pur, je suis incapable d'en reconnaître une seule. Et même en tenant compte d'un changement avec le passage du temps, ça ne colle pas ! Je tourne sur moi-même, regarde la Lune... une Lune qui n'a rien à voir avec celle que je connais !
- Mais où suis-je ?
Il n'y a qu'une solution logique. Je n'ai pas voyagé dans le temps, mais bien dans l'espace comme nous le pensions à l'origine en étudiant le fonctionnement de la machine. Nous avons juste très largement sous-estimé la portée de l'appareil. Comment aurions-nous pu imaginer que les Protecteurs disposaient d'une technologie pareille ? Comment, dans ce cas, ont-ils pu être renversés ? Que s'est-il vraiment passé ?

Ces questions méritent réflexion, mais les réponses devront attendre, j'en ai peur. Je ne suis plus sur Terre... Je reste choqué, contemplant les étoiles inconnues, et en même temps rempli d'une exaltation de plus en plus forte. Je suis sur un autre monde ! Et il y a ici des humains comme moi, ce qui est encore plus extraordinaire. La tête me tourne à force de réfléchir aux implications de tout ça, et je regrette d'avoir pris si peu de choses avec moi, mais comment aurais-je pu faire autrement ?
Je dors peu cette nuit-là, trop excité pour fermer l'œil, et à l'aube, après avoir mangé, je repars vers les ruines. C'est un voyage long et pénible, mais je dois tenter de récupérer les ressources dont j'aurai besoin pour la suite. Le plus dur a été de convaincre Assil de rester, mais quand j'ai montré la direction de la vallée, il s'est résigné, tout en m'expliquant ce que j'avais soupçonné: il ne faut pas boire l'eau de la rivière.

J'ai acheté des provisions de voyage, revêtu mes anciens vêtements (je ne tiens pas à abîmer les nouveaux) et entamé le long chemin de retour vers les ruines. Je dois être prudent, au cas où les autres auraient envoyé une expédition. Je ne tiens pas à être pris. C'est une prise de risques, mais avec un monde entièrement différent, je dois être prêt à tout, et ce que je pourrai trouver dans les ruines des Protecteurs m'aidera grandement.
Si même ce petit village reculé a des gardes armés, c'est qu'il y a des dangers contre lesquels je n'ai que peu de chances. Je dois trouver un moyen de rétablir l'équilibre.
Le soir venu, je m'installe dans le creux de rochers et me répète les derniers termes appris avant de m'endormir.
Non sans avoir, une nouvelle fois, observé avec fascination ce ciel étranger.

Le lendemain, je me relève et reprends ma route, plus prudemment, m'attendant à tomber sur une patrouille, mais personne ne vient. Arrivé aux ruines, je reste longtemps à observer pour voir si une sentinelle est posté, mais là encore, il n'y a personne. Soulagé, j'entre dans le tunnel, rallumant ma lampe (vive les batteries modernes) et descendant le grand tunnel. Il va me falloir explorer les tunnels latéraux, cette fois. Ou descendre dans le tunnel principal jusqu'au fond. Hum, les latéraux sont plus proches, je vais commencer par là. En tâchant de ne pas me perdre.
La plupart des pièces sont vides, ou remplies de trucs inutiles. Ça fait longtemps que les lieux ont été abandonnés. Je me demande ce qui s'y passait...
Les heures passent, et je finis par pouvoir rassembler dans un sac un peu de matériel. Celui-ci me confirme qu'il y avait bien communication entre la Terre et ce monde (d'ailleurs, comment s'appelle-t-il ?) mais ils ont dû souffrir de la rupture de cette connexion lorsque les Protecteurs ont été renversés.

La chose me frappe soudain. Les Protecteurs avaient une technologie qui leur permettait d'aller sur d'autres mondes. Qui étaient-ils vraiment ? Venaient-ils seulement de la Terre ? J'en doute... leur techno ne pouvait venir d'un quelconque génie de chez nous. Les implications sont énormes, mais que leur est-il arrivé ? Ici aussi, ils ont subi un assaut, mais pourquoi des épées et des boucliers ? Trop de questions sont sans réponse. Mais celle-ci est encore plus pressante lorsque je trouve une armurerie où se trouvent mêlées armes médiévales et futuristes. Un pistolet encore fonctionnel, dont je m'empare, est capable de tirer des faisceaux d'énergie qui forent un trou énorme dans le mur. Extraordinaire ! Je vise encore une fois, dans le couloir.
Clic.
Je réessaie, vainement, tripote les réglages, mais il semble que j'aie vidé la batterie. C'est bien ma chance. Les autres armes sont vides, et je ne trouve pas de chargeurs. C'est bien ma veine, voilà qui m'aurait bien aidé !
Je conserve cependant le pistolet que j'ai utilisé, au cas où, et je poursuis mes recherches. Tout ce que je trouve d'utile finit dans mon sac, mais l'arme la plus dangereuse que je trouve est un couteau à vibration. Fantastique...

Le sol se met soudain à vibrer, pendant une minute, avant que tout redevienne silencieux. Je me fige, le souffle court. Je connais bien cette vibration, pour l'avoir ressentie à plusieurs reprises dans le laboratoire, sur Terre.
Ils sont arrivés.


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 04-02-2022

Hou-là-là Franky! Fais gaffe, bonhomme :  les ennuis vont commencer si tu restes trop longtemps dans ces vestiges. Dépêche-toi d'évacuer : tu as l'avantage de savoir où aller, toi au moins. C'est une chance supplémentaire par rapport aux arrivants. Le "flingot" que tu as emporté te servira-t-il vraiment si tu ne peux recharger sa batterie?


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 04-02-2022

4 - Les Étrangers

Ça ne pouvait pas tomber à un plus mauvais moment. Mais je ne dois pas paniquer. Eux ne se lanceront pas à l'aveuglette. Ils vont d'abord envoyer la sonde, la ramener, et cela prend du temps car le transmetteur doit accumuler de l'énergie entre deux transferts. Puis ils analyseront les données, et enverront une équipe.
Ou alors, toute la partie avec la sonde s'est déjà passée, et ils en sont à la phase envoi de militaires. Hum, même dans ce cas, ils vont sécuriser les environs, et attendre les renforts. Enfin, je pense. De toute façon, ça me laisse du temps pour agir. Je ne peux pas effacer mes traces, elles vont les mener droit vers la sortie, et vers moi, il me faut trouver une idée.
Revenant sur mes pas, je remonte dans le tunnel principal en maudissant ma malchance. Je n'ai pas pu récupérer grand-chose et je n'en aurai plus l'occasion maintenant.

Un cliquetis, devant moi, me fait me figer sur place. Qu'est-ce que c'est ? Un animal, quelqu'un ? Ma lampe balaie les amas d'ossements tandis que mon cœur se met à battre de plus en plus fort. Je me souviens soudain des traces de pas de Jacques, qui s'était mis à courir près de ces ossements, j'avais cru qu'il avait une quelconque phobie ou sensibilité, quel idiot j'ai été ! Il y a quelque chose ici, quelque chose qui rampe parmi les os, et qui me fait trembler de peur. La vision de Jacques prenant ses jambes à son cou me libère de ma paralysie, et je me mets à courir moi-même, faisant un grand écart pour contourner la source du bruit, peut-être un simple rongeur, mais je n'ai aucune envie de m'attarder pour vérifier.

Je cours à en perdre haleine, cours à l'aveuglette, ma lampe bougeant trop pour me montrer autre chose que des pans de murs, des ouvertures béantes, des crânes sordides. Alors que je finis par m'arrêter, épuisé, essoufflé, je me rends compte que j'ai pris un mauvais tournant, j'ai perdu la piste et je suis arrivé dans un cul-de-sac. Je dois retourner sur mes pas, ce qui ne m'enchante absolument pas. Le sol se met à vibrer de nouveau, retour de la sonde, ou arrivée de renforts, je l'ignore, mais mon temps est de plus en plus limité, et il y a une chose dans ces couloirs qui m'attend peut-être devant...
- Jacques... Jacques...
Je murmure le nom de mon amour comme un mantra qui me donnerait du courage, et repars en examinant les traces sur le sol. Je retrouve le bon tournant et me dirige à pas vifs vers la sortie que j'atteins avec soulagement.

Je prends le temps d'apaiser mes battements de cœur et de reprendre mon souffle avant de repartir. Une nouvelle vibration se fait sentir, maintenant, plus de doutes, il y a du monde en bas. Qu'ils s'amusent avec la chose dans le noir. Je ne dors pas cette nuit-là, peu désireux d'être rattrapé, et me contente de petites pauses pour reprendre des forces avant de reprendre ma marche forcée. J'ai abattu le poteau, effacé les marques à l'aide du couteau à vibrations, mais je ne me leurre pas, ils trouveront ma trace. Je m'efforce de marcher sur des roches, des portions de sol stables, tout ce qui ne laissera pas de traces, et, alors que j'approche du chemin, efface la dernière flèche qui l'indique avant de quitter la vallée. Je n'ai fait que gagner du temps, je dois désormais partir après avoir repris des provisions. La barrière du langage les empêchera d'obtenir des informations sur moi, sauf s'ils ont emmené des photos, mais comment vont réagir ces gens simples ? Je m'en fais pour eux, j'espère que tout se passera bien.

Je sais que, sauf coup de chance, je vais perdre la trace de Jacques, reste à espérer que je le retrouverai dans une grande ville. Oui, une grande ville, ce n'est pas bête comme idée.
Je me rends compte, surpris, que quelqu'un m'attend au sommet. C'est Assil.
- Assil !
- Frank ! Assil cherchait Frank !
Pourquoi donc ? Je regarde autour de moi mais ne vois rien de spécial, et décide de ne pas rester sur la crête où je suis trop visible. Je redescends donc un peu, accompagné de mon guide. Il prend ma main comme je l'avais fait l'autre fois avec lui, la serre un moment, sourit. Je lui souris en retour. S'en faisait-il pour moi ? Pourquoi ? Serait-il... tombé amoureux de moi ? Il me connaît à peine ! Non, il est juste très curieux, je représente une telle nouveauté dans son petit village où il doit s'ennuyer à mourir... enfin, j'imagine plein de choses, et je n'ai de toute façon pas le temps de m'en préoccuper.

Je lui fais comprendre que je suis poursuivi, que je dois reprendre des rations et partir, et il me fait signe de me cacher, de lui donner de l'argent, qu'il va les chercher et qu'on ne me verra pas. Je trouve que c'est une bonne idée, et je pense que je peux lui faire confiance. Enfin, j'espère. Je lui donne ce qu'il veut et reste dans un repli de rochers d'où je peux surveiller la vallée et la plaine.
Rien ne vient pendant la longue attente qui précède le retour d'Assil, qui porte deux sacoches bien remplies, et un sac qui contient les vêtements locaux que j'avais acheté. Il me donne une des sacoches et me fait signe de le suivre. Il m'accompagne ? Je me repose des questions tout en le suivant. Nous évitons le village, rejoignant une route qui s'éloigne vers l'ouest, le couchant, du moins. Ah, mais j'y repense, parmi les quelques objets que j'ai récupéré se trouve un objet indispensable à tout voyageur : une boussole. Je la sors de ma poche, tout fier, et regarde une aiguille bleue luminescente pointer vers ma droite. Je fais donc bien face à l'ouest. C'est un modèle de la Terre, vieux comme tout ce qui se trouve dans cette base, avec des inscriptions compréhensibles. Je me sens un peu en phase avec mon monde natal.

Même si... je comprends maintenant qu'il n'y aura pas de retour en arrière, sauf si je suis capturé. Mais je sais qu'ils ne vont pas me chercher dans tout le pays, si pays il y a ici. Ils ne sont pas venus pour moi. Quand ils vont comprendre où ils sont arrivés, il vont avoir bien d'autres priorités que ma petite existence. Un autre monde... une sourde angoisse m'étreint pourtant, jusqu'à ce que je me dise que ce monde n'est pas prêt à un tel contact, que la Terre risque de lui faire plus de mal que ne l'ont fait les Protecteurs chez nous. Un monde entier, fertile, et encore riche de ressources minières en tout genre, représente un tel trésor qu'ils ne résisteront pas à l'appât. Le gouvernement qui a remplacé les Protecteurs, même après un siècle, est loin de la perfection, les ressources manquent cruellement et la natalité a explosé après la troisième guerre mondiale. Non, ce monde risque gros, vraiment, et je me sens très mal à cette idée.

Mais que pourrais-je faire ? Quelle force ici pourrait s'opposer aux armes modernes ? Il n'y a rien qui puisse être fait, rien qui puisse s'opposer à la conquête et à l'exploitation de ce monde. Le triste exemple des colonies dans l'histoire de mon monde en est une parfaite illustration. Je soupire tristement et sors de ma rêverie en voyant Assil regarder, fasciné, ma boussole. Je la range, un peu gêné. Remarquant que nous sommes assez éloignés du village, je le remercie, puis lui indique le chemin du retour. Il fait non de la tête, me fait signe que je ne parle pas assez bien, m'indique mon épée, fait mine d'être en colère. Je risque donc de m'attirer des ennuis avec des gardes, si je comprends bien. Je lui indique néanmoins son village, pointe du doigt vers lui, comme il fait toujours non, je prends une poignée de terre, la presse contre mon cœur. Comprendra-t-il ? Oui, visiblement, le concept d'être lié à sa terre, à son lieu de naissance, existe ici aussi. Il ouvre ma main, laissant la terre retourner au sol, et la serre dans la sienne, entrecroisant ses doigts avec les miens. Nous sommes liés. Mais par quoi ? Devant mon incompréhension, il se rapproche, embrasse mes doigts et pose sa main sur mon cœur.

Ah, c'est bien ce que je craignais. Je soupire, libère ma main et la pose sur mon cœur en disant « Jacques ».
Son regard se voile, je vois des larmes perler dans ses yeux, des larmes qui me font mal. Il se détourne de moi et commence à marcher... à l'opposé du village, sur ma route.
- Viens, me dit-il.


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 05-02-2022

Assil, ce très brave garçon,comprend quelques mots "de la Terre ...et de France" et les utilise. J'ai bien l'impression qu'il «en pince» pour Frank car il ne veut pas le lâcher malgré qu'il semble avoir compris que son nouveau et étrange compagnon pense à un autre...C'est très chic de sa part.


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 05-02-2022

Oui, ça va être triste pour Assil.


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 05-02-2022

5 - Mazar

Mazar. C'est le nom qu'a donné Assil au bourg vers lequel nous nous dirigeons, une fois qu'il a été en vue, et le premier mot qu'il a prononcé depuis notre explication. Je ne comprends pas pourquoi il continue à m'accompagner, mais je lui en suis reconnaissant.
La soirée est bien avancée, et je tombe de sommeil, depuis ma fuite des ruines la nuit précédente, je n'ai pas dormi, et je suis dans un triste état. Mais je retrouve un semblant d'énergie lorsque les gardes de la porte s'avancent vers nous et nous apostrophent. Assil leur répond un moment (me désignant parfois) et ils nous laissent finalement passer. Je me demande encore pourquoi de telles mesures de sécurité sont en place. Peur des brigands ? Tensions avec les nations voisines ? J'enrage de ne pas pouvoir communiquer correctement, j'ai besoin de continuer à apprendre, je ne serais même pas entré si je n'avais pas eu Assil avec moi. Je dois bien reconnaître que j'ai besoin de lui, plus que jamais, et malheureusement, c'est bien mal parti en ce moment. Je crains qu'il ne me laisse ici et reparte maintenant que nous sommes entrés. Il me conduit vers une auberge. J'en reconnais l'enseigne, identique à celle du village de mon malheureux compagnon.

Celui-ci se tourne vers moi avant d'entrer, et me serre encore la main avant de se détourner.
- Assil, je... je suis désolé, et je voudrais pouvoir te le dire dans ta langue.
Je presse ses épaules, il parle un peu, presse sa main contre son cœur avec une expression douloureuse, et s'en va. Je suis triste, très triste de le voir partir, et j'ai un moment l'impulsion de courir et de le rattraper. Mais il souffre trop et je ne ferais qu'ajouter à son malheur. Bien que j'aie vraiment besoin de lui, je n'ai pas le droit d'abuser ainsi de ses sentiments dans mon intérêt personnel. Il va falloir que je me débrouille seul, désormais.
Je réfléchis, comment me débrouiller sans devenir suspect aux yeux des autochtones ? Je pourrais passer pour sourd-muet, mais cela pose également des problèmes... soupirant, je choisis de passer pour l'idiot du coin . Je dissimule mon épée sous mon manteau et pousse la porte de l'auberge. Je sais demander à manger, à boire et une chambre, et je connais quelques chiffres, espérons que cela suffira.

La grande salle est assez animée, nombre de personnes mangent et boivent (boivent, surtout), et j'ai du mal à trouver une table libre. Je m'installe au fond de la salle et une serveuse vient s'enquérir de mes besoins. Je fais exprès de parler trop lentement, l'air buté, pour demander à manger. L'expression de la serveuse, qui lève les yeux au ciel, m'indique que j'ai parfaitement réussi mon rôle. Ça a en outre l'avantage de dissimuler mon accent, car je suppose que le mien doit être fort prononcé, et je préfère éviter d'éveiller les soupçons. Elle m'indique le prix et je pose le nombre de pièces demandé, une par une, sur la table. Pauvre femme, elle n'a pas mérité ça. Elle m'apporte un repas que j'engloutis rapidement avant de demander une chambre. Je règle de la même manière et me fais conduire à l'arrière, où l'on ouvre pour moi la porte d'une petite chambre sans fenêtre, éclairée d'une bougie.
Je referme derrière moi, les yeux rivés sur le lit qui me tend les bras. Mais un brin de méfiance me fait pousser ce lit contre la porte avant de me déshabiller et de me coucher dessus.
Je souffle la bougie et sombre dans un profond sommeil.

Je me réveille tard, et affamé de surcroît. Mes précautions nocturnes ont été inutiles, mais on n'est jamais trop prudent. Tout en repoussant le lit, je réfléchis à ce que je vais bien pouvoir faire.
Fouillant dans ma sacoche, je regarde les appareils que j'ai pu récupérer dans la base. C'est avec frustration que je les range, la plupart ne me seront guère utile, mais sait-on jamais... en tout cas, dans l'immédiat, rien ne m'aidera à retrouver la trace de Jacques, ou à apprendre plus vite la langue locale. Toutefois, je pense (j'espère) que mon homme est passé ici. C'est la route principale pour quitter le village, et un bourg d'une certaine importance. Une question me taraude néanmoins : pourquoi est-il parti ? Mais trois années se sont écoulées, un temps largement suffisant pour perdre espoir et décider de découvrir le monde. Et l'attitude d'Assil quand je parle de lui ? Y a-t-il eu quelque chose ?
- Ah, mais... moi, je flashe sur les militaires, et lui, il flashe peut-être sur les étrangers... mais ça a dû se passer exactement comme avec moi.
Pauvre gars... En d'autres circonstances, on aurait pu vivre quelque chose ensemble, j'étais vraiment touché par sa façon de s'occuper de moi, de veiller sur moi... enfin, passons à autre chose, j'ai une dure journée à affronter.

Après avoir pris un petit-déjeuner tardif, je sors de l'auberge pour explorer le bourg. Je suis surpris par plusieurs détails que j'avais déjà relevé dans le village. Les rues sont propres, les habitants sont propres (enfin, la plupart d'entre eux) et je n'ai pas trouvé d'insectes dans mon lit. Il y a tant de différences culturelles entre ce monde et la France médiévale que je suis constamment surpris. Mais je dois avouer que voir, au détour d'une rue, deux hommes s'embrasser en public sans que quiconque y prête attention me perturbe. J'ai tellement l'habitude de la façon dont les choses se passent sur Terre (tout va bien tant que ce n'est pas en public) que je suis assez surpris. Mais je me secoue et cesse de les fixer, ce serait inconvenant. Si les mœurs sont plus libres ici, tant mieux. Et d'ailleurs, je comprends maintenant la franchise d'Assil concernant ses sentiments.
Méditant là-dessus, je continue à explorer Mazar, cherchant un signe du passage de Jacques. Peut-être près d'une des portes de la ville ? Ce serait plus logique, et j'ai en tout cas plus de chances de le trouver qu'au hasard des rues.

Je m'écarte pour laisser passer un chariot, puis me jette contre une porte pour éviter plusieurs cavaliers rudement pressés. Grommelant, je reprends mon chemin en me disant que même notre monde avancé n'a pas résolu le problème des chauffards, alors ce n'est pas ici que je vais me plaindre... Je décide de prendre une ruelle annexe pour rejoindre une route moins fréquentée et me perds un petit moment. Un bar attire alors mon attention et je décide d'y entrer pour me reposer un peu. Je pousse la porte et le regrette au vu de la faune qui se trouve à l'intérieur, mais on ne me prête aucune attention. Je m'installe et le patron vient me demander ce que je veux (je commence à connaître cette phrase). Sans un mot, je désigne une chope sur une table voisine, et paie le prix demandé. Il revient bientôt avec une boisson au goût curieux, un goût d'herbes et d'épices assez agréable. Je me sens revivifié, comme si j'avais dormi une nuit entière, et le sourire me vient aux lèvres. Ouah, ça c'est de la boisson ! Je la savoure lentement en observant les autres personnes. Il y a une majorité d'hommes, la plupart installés en groupe, certains jouent à un jeu qui implique un entassement de jetons de diverses couleurs.

Un jeune homme entre alors que je poursuis mon observation, cherchant visiblement quelqu'un, et finit par s'installer à une table déjà occupée par deux autres hommes. Ils discutent un moment et je détourne le regard lorsqu'une phrase me fait sursauter.
- Nous devons parler.
Mais... c'est... c'est ma langue !
- Qu'y a-t-il, Jaral ? Le portail a encore été utilisé ?
- Oui, oui, fait le jeune homme surexcité. Et cette fois, ce n'est pas une activation isolée, il a été ouvert plus de vingt fois, et ça continuait quand j'ai été envoyé vous avertir.
Je n'en crois pas mes oreilles. Je m'efforce de ne pas trop les regarder, et fais semblant de boire tout en les écoutant. Les implications sont telles que ça donne le vertige. Ou alors, ma boisson est beaucoup plus forte que je ne l'imaginais.
- Alors cette fois, c'est la bonne. Ils sont de retour.
- Oui, les Protecteurs sont de retour, et ils ne devraient plus tarder à nous contacter. Notre tâche de Veilleurs touche à sa fin.
- Je ne pensais pas que cela arriverait de notre vivant.

Bon sang... ce sont des Protecteurs, ou du moins, leurs descendants. Ils ont attendu pendant des générations et maintenant ils pensent que les leurs sont de retour. Ils vont avoir une cruelle déception. Mais... je pourrais peut-être en tirer parti !


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 06-02-2022

Si le nommé Jaral s'exprime "en français", cela signifie bien qu'il a appris cette langue dès sa jeunesse et qu'elle est incompréhensible des paisibles habitants* de ce monde assez particulier : ne serait-ce que l'enseigne identique désignant la nouvelle auberge, comme s'il y avait des règles strictes pour désigner les différents corps de métiers. Ce seraient alors comme les "fast-food Mac-Do" de chez nous...
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*Raison pour laquelle les trois hommes discutent sans prendre aucune précaution ni souci d'être écoutés. C'est "pain bénit" pour Frank!


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 06-02-2022

6 - Les Veilleurs

- Je ne pensais pas qu'il y avait encore des nôtres ici, leur dis-je en Français. Et qu'ils parleraient notre langue.
Ils sursautent, surpris, et se tournent vers moi. Une fois remis, ils s'installent à ma table, surexcités.
- Vous êtes déjà là !
- Je suis venu en éclaireur, voir de quelles ressources nous pouvions disposer. Notre situation est vraiment précaire. Nous avons tant perdu de notre côté...
- Nous sommes là pour ça ! Nous avons tant attendu...
- Une minute, dit l'aîné. Les autres font silence, et je me crispe.
Il a repris ses esprits bien vite, et il est sur le point de me demander de prouver que je suis vraiment de leur côté...
- Allons dans un endroit plus approprié, dit-il en regardant autour de lui. Nous n'avons que trop parlé dans la langue de la Terre, et nous allons finir par attirer l'attention. Bien que cette taverne soit un lieu où on s'occupe de ses affaires, on n'aime pas beaucoup les étrangers ici...
- D'accord, dis-je.

Bon, finalement, mes craintes n'étaient peut-être pas justifiées. Je me remémore tous les films que j'ai pu voir qui avaient pour thème les Protecteurs. Et les bouquins. J'espère qu'ils n'ont pas raconté trop de conneries...
Ils m'emmènent non loin, dans une maison semblable aux autres. Une fois la porte passée, je me rends compte qu'il y a plusieurs gardes armés d'arbalètes. L'un d'eux m'apostrophe dans la langue locale.
- Ils sont de retour ! S'exclame le plus jeune avant que j'aie pu répondre. Les Protecteurs sont revenus, et il est l'un d'entre eux, venu nous annoncer la nouvelle ! Le portail a été réactivé !
Un homme s'avance, lui n'est pas armé, mais à voir comme les gardes s'écartent sur son passage, je pense que c'est le chef local des Veilleurs. C'est maintenant que tout va se jouer...
- Est-ce vrai ?
- Oui, je suis venu en éclaireur. J'ai traversé le portail il y a quelques jours pour voir de quelles ressources nous disposons de ce côté-ci. Du nôtre, ce n'est pas terrible, nous avons beaucoup perdu...
- Comprenez que je vérifie que vous êtes bien qui vous prétendez être.
- Bien sûr, dans le cas contraire, j'aurais été plutôt inquiet...
J'aurais dû faire du théâtre.. j'aurais d'ailleurs eu une vie plus tranquille.
- Que protégeons-nous ?

Je me retiens de rire. Le crédo des Protecteurs ! Il est même dans les films d'action les plus minables. Si c'est tout ce qu'ils demandent pour m'identifier, ce sera vite vu. À moins qu'il y ait un piège...
- Notre ordre avant toute chose !
- Que protégeons-nous ?
- Notre chemin vers la domination !
- Que protégeons-nous ?
- Notre juste place dans l'Univers !
- Quelle est notre place ?
- Au sommet !
- Que protèges-tu ?
- Les Protecteurs !

Ils s'agenouillent devant moi, à ma grande surprise.
- Nous autres, les Veilleurs, sommes au service des Protecteurs depuis des générations. Nous accomplissons la tâche confiée par nos ancêtres dans l'attente de votre retour. Ce jour est enfin arrivé, et nous sommes prêts à servir de nouveau.
C'est mieux que ce que j'espérais ! Mais ça m'épate qu'un tel conditionnement ait pu survivre aussi longtemps ! Mais on a vu des sectes survivre bien plus longtemps...
- Relevez-vous, nous avons beaucoup de travail en perspective. De quelles ressources disposez-vous ?
- Nous avons plusieurs centaines d'hommes répartis dans les villes du royaume, et nous gardons plusieurs de vos bases à l'abri des visiteurs.
- Pourquoi pas la base par laquelle je suis arrivé ? Ce n'étaient que ruines obscures...
- Laquelle ?
- Hum... dans une vallée desséchée, au fond de laquelle coule un filet d'eau empoisonnée. Le village d'Ilinar est à près de deux jours de marche.
Ils se regardent, surpris.
- Nous ne connaissions pas cette base. Elle devait soit être particulièrement secrète, soit avoir été abandonnée avant la séparation.
- Peut-être... nous avons perdu toutes nos archives, dis-je en soupirant, toute notre histoire, et subi tant de revers...
- Nous compatissons, nous avons vécu cela aussi dans ce monde.
- À propos, comment s'appelle-t-il ?
- Il est appelé Outremonde par ses habitants.
- Curieux nom.
- Il est chargé d'histoire. De quoi avez-vous besoin ?
- Outre ma mission d'éclaireur, qui a pleinement réussi, je dois retrouver trace de notre premier émissaire. Nous l'avons envoyé il y a trois ans lorsque nous avons essayé de remettre en fonction le portail pour la première fois. Le portail n'a plus voulu fonctionner jusqu'à ces derniers jours, et à notre arrivée, il n'y avait plus trace de lui.
- Oui, nous avons détecté l'ouverture du portail, ça nous a beaucoup excité ! Malheureusement, notre appareil ne peut localiser ces ouvertures. Il le pouvait avant, mais il a été endommagé...
- Vous n'avez pas entendu parler d'un étranger, d'un homme étrange qui parcourait le pays ?
- Nous allons interroger nos hommes dans toutes les villes. Décrivez-le nous et nous saurons le retrouver.
- Bien, mais contentez-vous de le localiser, je veux entrer personnellement en contact avec lui.
- D'accord.

Plusieurs heures plus tard, je pars pour une grande cité du royaume d'Aznar, sur le continent sud d'Outremonde. Velik, mon nouveau guide, me donne quantité d'informations sur le pays. J'apprends par exemple que la sorcellerie est passible de la peine de mort, et que la sanction est appliquée immédiatement. C'est encore plus expéditif que dans notre propre moyen-âge, me dis-je, mais visiblement, il y a des choses qui ne changent pas. Interrogeant Velik sur la cause de cette interdiction, il m'explique que telle est la loi du Roi Immortel, souverain d'Aznar, et que nul ne la discute s'il veut conserver sa tête à une distance raisonnable de ses épaules.
Mieux vaut ne pas contrarier ce souverain, à ce que je vois...

Je change de sujet de réflexion en repensant à la deuxième raison qui m'a poussé à m'allier aux Veilleurs. Si leurs forces ont la puissance nécessaire, je pourrai peut-être renverser la situation et repousser les soldats Terriens. Si je peux sauver Outremonde grâce aux survivants des Protecteurs, ce sera d'une douce ironie.
Je réalise que je suis en train de trahir la Terre, qui est plongée dans une situation de plus en plus cauchemardesque à cause de l'épuisement de ses ressources. Mais sacrifier un monde pour sauver le nôtre est inacceptable. Je sais comment sont les miens, comment est notre gouvernement. Je sais quels choix ils feront.
Et Jacques, quel choix fera-t-il ?