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La porte des mondes (fantastique avec personnages gays, terminé) - Version imprimable

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Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 11-03-2022

39 - Une guerre d'un autre monde

Franck
Je me suis concentré sur un sort, à fond, car je ne le maîtrise pas bien, ce qui me fait gaspiller du mana, puis le lance sur l'échelle alors qu'une tête apparaît. Un éclair jaillit de la pointe de mon arme et descend le long de l'échelle métallique, foudroyant les lames dans leur armure et les faisant dégringoler. Mais d'autres prennent la relève, et mon mana n'est pas illimité. Je décide de conserver le restant en cas de problème. M'emparant d'une hallebarde, je cueille le guerrier suivant en pleine tête et le repousse, pas sûr qu'il soit mort malgré tout, mais chaque seconde gagnée est une seconde où je suis en vie. Un autre arrive, tandis que la nuit est de nouveau éclairée par des boulets enflammés qui s'écrasent en pluie sur nos ennemis. J'espère que les murs de force tiendront bon.
Je le frappe, mais il arrive à parer de son arme, crochant ma hallebarde dans les pointes de son arme, la bloquant pendant qu'il continue à monter. Je laisse tomber l'arme pour prendre mon épée, alors qu'il prend pied sur le créneau et m'attaque. J'engage le combat, très conscient qu'un autre est en train d'arriver...

C'est la première noirelame que je vois de près dans mon propre corps, et voir cette armure hérissée, articulée, ne laissant pas le moindre bout de chair apparent, se mouvoir à une telle vitesse, avec l'agilité d'un serpent, m'emplit de terreur. Il joue avec moi, et je finis par déclencher un nouvel éclair alors qu'une autre lame est en train d'apparaître. Je suis presque vidé, je ne pourrai en lancer qu'une seule. Il ne faut pas que je laisse ma peur prendre le contrôle, je dois me battre, comme mes compagnons tout le long de la muraille.
Une volée de flèches passe en sifflant par-dessus les créneaux. Des flèches ? Celles que je vois retomber au sol se tortillent et se transforment en serpents, que j'écrase à grands coups de pied, paniqué. Et de nouvelles lames arrivent...
Un cri de douleur à ma droite, un soldat vient de s'effondrer, d'autres arrivent en renfort pendant que les lames prennent pied sur cette partie de la muraille et s'en prennent à moi. Je me bats désespérément, finissant par abattre mon adversaire au prix d'une éraflure douloureuse au bras gauche. Mais déjà un nouvel adversaire arrive, c'est sans fin, et ce n'est pas près de s'arrêter...

Ludvik
Une nouvelle lame tombe à mes pieds, et, voyant un remplaçant prendre sa place, décide que la plaisanterie a assez duré. Je me concentre et projette ma volonté à travers les fentes du heaume, et souris en voyant la créature se figer sur place. Bon, je n'ai pas pu prendre le contrôle, mais c'est toujours ça, me dis-je en plongeant ma lame dans un défaut de l'armure. Une nouvelle lame arrive... Cédric, que fais-tu ? J'engage le combat tout en écrasant un de ces maudits serpents. Une nouvelle volée de flèches claque sur les murs.

Finnadan
- Reste mort, tu seras gentil. Suivant ! C'est par ici que ça se passe, aller simple pour l'enfer. Pas que ça doive vous changer beaucoup, dis-je à la noirlame qui ne réagit pas à ce que je lui dis, se contentant d'avancer vers moi.
Je choisis un couteau numéro 4, perce-armure et brasier, et le lance d'un mouvement fluide. L'arme se fiche dans son torse, et je vois des flammes jaillir par toutes les articulations tandis que la lame s'effondre dans un vacarme métallique.
- Voilà ce qui arrive quand on n'écoute pas ce que vous dit une femme, dis-je à la lame suivante.

Thibault
De nouveaux boulets s'écrasent contre le mur de force, me faisant gémir de douleur. Je ne sais pas quelle magie est en jeu, mais c'est comme si une partie du choc contre mon sort se répercutait en moi. Je tousse et crache du sang, ça ne va pas du tout. Mais je dois maintenir le sort à tout prix. Ce qui signifie hélas que je ne peux apporter aucun soutien magique aux combats en cours.
Ma main caresse mon sac de toile. Tout compte fait, il y a bien quelque chose que je peux faire, car la situation sur le rempart commence à mal tourner. Je sors un cristal et murmure un mot de commande avant de le lancer. Il retombe vers le sol, vers la marée d'ennemis qui survit aux tirs et à la pluie de feu, puis explose violemment, projetant au loin les corps et les déchiquetant, arrachant les lames des échelles, et éclairant la nuit brièvement.

Jean
- Mais qu'est-ce que ?
Un tentacule vert sombre vient d'essayer de s'enrouler autour de ma cheville, je l'ai tranché d'un coup d'épée, et, me décalant pour garder les lames dans mon champ de vision, je me rends compte qu'il y en a d'autres. Des espèces de plantes sont en train de pousser à vitesse accélérée, et sous mes yeux, un serpent se plante dans un trou entre plusieurs dalles du sol, et commence à grandir tout en écartant les dalles, éclatant la roche, et faisant jaillir plusieurs nouveaux tentacules.
- Comme si on avait besoin de ça ! C'est quoi ce bordel !
Je décide de reculer, ma position entre les lames et les plantes devenant intenable. Les lames gagnent du terrain, heureusement que Thibault nous a donné un répit avec sa bombe. Mais d'autres arrivent...

Marc
- Des plantatrices !
- J'ai vu, dit Ludvik. Il est temps d'incendier tout ça. Falan ! Ysmar !
- Compris !
Les deux jeunes élémentalistes, gardés en réserve, s'activent de conserve. Mais de plus en plus de plantes commencent à pousser, et j'en vois prendre des proportions inquiétantes.
Je vois Uria arracher de frustration un morceau de Chrystal proche de nous et le balancer par-dessus les remparts.
- Si seulement il n'y avait pas tous ces maudits cristaux ! Je pourrais faire quelque chose !
Une trompe se fait entendre, deux fois, et nous battons en retraite vers la deuxième enceinte. Voyant Franck en difficulté, je vole à son secours, et je le ramène vers l'enceinte intérieure, où des soldats abattent au fusil toutes les lames qui voudraient nous suivre.
- Thibault ! Réactive la baguette, avant que les plantatrices ne chantent ! Thibault ?!

Cédric
Je manque de hurler de frustration et d'impatience pendant que le mécanicien répare notre ornithoptère, posé à l'écart des combats après un vol de dix minutes. Un ennui mécanique qui nous a contraint à l'inaction alors que mes amis font face à toute une armée. Enfin, le mécanicien referme le capot et nous décollons, prenant la direction des tirs de la forteresse mobile. Nous arrivons finalement en vue... et elle aussi nous voit : des canons s'orientent vers nous. Nous ne lui laissons pas le temps de s'aligner et tirons en utilisant l'arme antique. Celle-ci se met à siffler et à rougeoyer. Quoi encore ?
Un puissant rayon jaillit de l'arme, forgée il y a des millénaires lors d'une précédente guerre des ténèbres pour une occasion comme celle-ci. La forteresse disparaît dans une vive lumière écarlate, qui éclaire la vallée tel un volcan en éruption. Tandis que notre aéronef s'éloigne en catastrophe, je regarde l'arme fondre doucement. Derrière, une série de violentes explosions se fait ressentir, dans un fracas de fin du monde.
- Le sort de ce monde a failli être joué à cause d'un boulon mal resserré...
Le mécanicien fait grise mine, mais de mon côté, l'incident est déjà oublié. Alors que la forteresse mobile explose, nous revenons à la forteresse prêter main-forte à nos amis, s'il n'est pas trop tard...
Mais alors que nous nous posons, c'est pour voir le jour se lever sur la défaite des forces des ténèbres, privées d'énergie, les plantatrices se meurent, les lames s'effondrent, et les humains sentent le vent de la défaite souffler sur eux. Les soldats sortent pour les traquer tandis que je cours retrouver mes amis.


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 12-03-2022

Ouf! l'attaque se solde par une écrasante défaite des assaillants qui n'y sont pas  allés de main morte, se servant de bizarres créatures pour enlever les défenses. Sauf qu'en neutralisant l'espèce de char d'assaut géant où se concentre la puissance générale, tout s'annihile. Merci la perceuse...pas celle de Mozart !*
-----------------------------------
*Connaissez-vous "La Berceuse de Mozart ? "Dormez, dormez mon enfant,
il fait froid sous la lune d'argent...." Smile


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 12-03-2022

Toutefois, il n'est pas dit que les ténèbres n'aient pas laissé de trace ...


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 13-03-2022

Livre IV - Dans les Griffes du Chaos

40 - Tenerba

- Il est temps, dit Ludvik.
En effet, c'est bientôt que doit se faire la conjonction, et nous quittons le roi d'Amnar en ornithoptère pour nous éloigner de la ville et du brouillage du Chrystal, jusqu'à ce que Cédric nous fasse poser. Nous regardons les aéronefs s'éloigner jusqu'à ce qu'ils soient au loin, puis patientons. Je jette un coup d'œil à Adrian, qui regarde autour de lui, l'air indifférent.
- Bon, écoutez-moi bien, dit Thibault, qui a l'air très pâle depuis la bataille de Fénili. Cédric a tenté de le persuader de rester mais il a tenu à venir quand même. Ludvik et Cédric l'ont soigné comme ils ont pu, espérons que ce sera suffisant...
Il tousse, puis reprend.

- Tenerba est un monde qui ne ressemble à rien que vous puissiez imaginer. Il n'a aucune stabilité, c'est un chaos total. Sa structure, sa nature, changent constamment. Le seul moyen de survivre est d'imposer notre stabilité, et pour ce faire, nous devons impérativement rester ensemble. Notre conscience a pouvoir sur l'environnement proche, toutefois, il va se passer un moment avant que ça se stabilise... enfin, tout est relatif. Toujours est-il que ça va être rude, à l'arrivée. Accrochez-vous, et ne paniquez pas !
Ne pas paniquer ? Si l'environnement change constamment, on peut très bien se retrouver dans un lac de lave... mais pour autant que j'aie pu en lire dans le livre de Thibault, la lave pourrait tout aussi bien  être froide, ou être du caramel mou. Les lois physiques jouent constamment aux dés, dans ce monde. Comme il dit, ça va être rude.
Nous nous encordons afin de rester groupés, et le Sorcelame se concentre au signal de Cédric. Mon cœur se met à battre plus fort, c'est parti ! Le vortex se forme, et Ludvik passe le premier, et nous suivons tous l'un après l'autre pour découvrir...

Une plaine de verre brille à l'infini sous un soleil noir. Le ciel d'un blanc éclatant éclaire les profondeurs du verre, où nagent d'étranges poissons.
Alors que le dernier d'entre nous arrive et que le vortex se referme, le verre se fissure autour de nos pieds, et se brise en milliards d'éclats, qui s'envolent en se changeant en papillons multicolores, et nous tombons dans une jungle épaisse, nous raccrochant aux lianes, qui se tortillent pour se débarrasser de nous, nous faisant glisser au sol tandis que les arbres fondent, se solidifiant en piliers de rocs noirs alors que nous nous redressons, et il se met soudain à pleuvoir des perles, en une cataracte qui menace de nous assommer.
Un vent se met à souffler, qui emporte les perles, non, des gouttes d'eau maintenant, nous sombrons dans un océan en furie, et coulons jusqu'au fond de la mer, où nous découvrons que nos poumons n'inspirent que de l'air. Nous marchons au fond de la mer, parmi des poissons qui continuent de nager autour de nous, puis le sol se craquèle, l'eau disparaît, et c'est un désert de sable blanc qui nous accueille maintenant.
Je comprends maintenant ce qu'est le Chaos. Je m'efforce de me concentrer, constatant que les changements prennent de plus en plus de temps, et finalement, c'est dans une plaine d'herbes bleues, sous trois soleils rouges, que tout se stabilise.

- Ouah ! Comme tu disais, c'était rude !
- C'est peu de le dire, commente Stephan.
Fredrick secoue la tête, n'arrivant pas à croire ce qu'il vient de vivre.
- Ce n'est pas fini, dit Thibault. Tant que nous resterons conscients, ça restera stable, mais nous ne pourrons pas tous dormir en même temps, ou ça reprendra.
- Génial...
- Nous devons trouver une communauté, à moins que le hasard ne nous ait mis près de la forteresse de diamant.
Il tousse de nouveau, ce qui m'inquiète. Je vois Thomas et Stephan l'entourer.
- Ça va aller. Cédric, à toi de jouer.
- Oui. Une chose, Franck, interdiction de marcher en rêve ici. Tu abandonnerais ton corps aux forces du Chaos, et il pourrait devenir n'importe quoi.
J'avale péniblement ma salive.
- Compris.

Il se met à méditer, et le sol s'ouvre devant lui, faisant émerger un gros Chrystal. Alors que nous le contemplons, Cédric éclate de rire.
- Ce monde a décidé de se moquer de moi, j'ai l'impression.
- Tu prends plutôt bien les choses, dit Finnadan.
- J'ai vécu près de deux siècles et je suis mort plusieurs fois. Je relativise les choses. Je pense que j'ai dû enfreindre une règle quelconque et que Tenerba me le fait comprendre.
- Tu en parles comme si c'était une entité consciente.
- Je suis persuadé que c'est le cas. C'est un monde qui se cherche... et qui n'est jamais satisfait.
- Oh, génial, dit-elle. On est sur une planète en pleine crise d'adolescence.
Nous décidons donc de nous en remettre au hasard, et progressons à travers la plaine. Petit à petit, elle laisse place à des collines rocheuses, semées de pierres striées de rouge, puis à une vallée s'ouvrant largement sur un paysage rural, des champs, des forêts, des rivières, et des villages, que nous contemplons du haut de la vallée.
- Les grandes communautés humaines stabilisent fortement le terrain environnant. Tant que nous serons ici, nous pourrons dormir tranquilles, commente Thibault.
- Ils ne sont pas hostiles ?
- Non, leur culture s'est adaptée à leur monde. Pour eux, toute personne sur leur territoire fait partie de leur clan. Chacun restant bien sûr libre d'en sortir pour rejoindre une autre communauté. Avec une telle façon de voir les choses, ils n'ont pas de conflits. Cela contribue à stabiliser encore plus l'environnement.

- Profitons-en, alors. Hum, j'imagine qu'il est inutile de demander où se trouve la forteresse de diamant ?
- Ouais, vu que le décor change constamment, elle peut se trouver n'importe où.
- Mais alors, comment on va la retrouver ?
- On s'installe ici et on attend que le Serviteur de la Lumière nous donne un indice. Parce que sinon, on pourra courir à travers ce monde jusqu'à mourir de vieillesse.
Nous nous rendons donc au village le plus proche, et constatons que Thibault n'a pas exagéré les choses : nous sommes salués comme si nous étions des habitants du village, connus de longue date.
On nous indique la maison commune, où nous pourrons vivre le temps qu'il nous plaira.
Une fois arrivés, Thibault s'effondre, et nous nous pressons autour de lui.
- Dégagez, laissez-lui de l'air ! Dit Thomas, avant de le porter avec l'aide de Stephan pour le déposer sur un lit.
Le tenancier arrive et demande s'il doit appeler un guérisseur.
- Si vous en avez un, ce serait bien, oui, merci.

Un homme arrive après une bonne demi-heure d'attente anxieuse, et examine Thibault un bon moment avant de se redresser en soupirant.
- Il a été marqué par les ténèbres, elles consument son corps et son âme.
- Non ! N'y a-t-il rien qu'on ne puisse faire pour l'aider ?
Je vois Cédric frissonner. Il se souvient d'en être passé par là, mais nous n'avons pas de vampire sous la main, et je ne crois pas que Thibault serait d'accord, de toute façon.
- Il y a bien quelque chose qu'on peut tenter, dit le guérisseur, mais il va falloir le transporter chez moi.
- Allons-y, alors ! Il n'y a pas un instant à perdre !


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 13-03-2022

Pauvre Thibault  : voilà donc les traces annoncées suite à la "ténébreuse bataille". Et maintenant, comme le chantait Rouget : «Aux armes, citoyens»!
C'est curieux de constater une communauté d'esprit entre les auteurs de SF  utilisant de bizarres planètes.  Un fécond de cette catégorie place son héros sur l'une d'entre elles, aussi "biologique" que Ténerba. Il l'a nommée "Penn" et le jeune Florian-le-Surdoué y mène une existence enfantine puis adolescente assez particulière.
Merci, "monsieur" Inny-2,
KLO.


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 13-03-2022

41 - Herbes et Remèdes

- Installez-le ici, dit le guérisseur en montrant un lit. Et déshabillez-le entièrement.
La maison est emplie d'herbes suspendues au plafond, mises à sécher contre les murs, sous diverses formes dans des bocaux. Le terrain extérieur est un grand jardin où poussent de multiples variétés de plantes.
L'homme s'affaire, fouillant parmi ses bocaux, en sortant certains des étagères, et commence à les ranger sur une table, m'indiquant de m'approcher.
- Va tirer de l'eau du puits, et remplis ce petit chaudron, celui en cuivre, là.
- Tout de suite, dis-je en sortant.
L'eau est claire comme le cristal, à peine à dix centimètres de la margelle du puits... qui est au sommet d'une colline. Mais ici, ce n'est vraiment pas la peine de s'en étonner. Je fais plusieurs aller-retours pour remplir le chaudron, dans lequel l'homme verse une poudre bleue. Il s'approche alors de Thibault, et examine son corps.
- Retournez-le, dit-il. Ah !
Dans le dos de Thibault, une plaie noire est visible.

- C'est très avancé... Étonnant qu'il ait pu tenir si longtemps. Il est magicien, n'est-ce pas ?
- Archimage, même.
- Je vois.
Il met dans la bouche de Thibault une bande de cuir épais, et demande à ce qu'on le maintienne fermement. Il prend alors dans un pot une pâte noire à l'aide d'une tige de bois, qu'il applique sur la plaie après l'avoir lavée.
Thibault se cabre soudain, gémissant horriblement, et nous ne sommes pas moins de quatre à le maintenir sur le lit.
Stephan, ne supportant pas de voir une telle souffrance chez son amour, se détourne, livide. Mais il fait confiance au guérisseur. Quel choix a-t-il, de toute façon ?
Il ne voit donc pas ce qui se passe alors, et ça vaut probablement mieux pour lui. Je suis certain que j'en ferais des cauchemars toutes les nuits si je n'avais pas fermé les yeux dès que j'ai commencé à voir la pâte noire sur sa plaie se soulever et onduler. Une vive lumière me pousse à rouvrir les yeux, pour voir une flamme bleue brûler vivement et consumer toute trace de la pâte avant de disparaître, laissant place à une peau saine et intacte.

- Alors ça !
- On trouve de puissantes herbes en Tenerba. Ce monde est rude, mais il sait aussi aider ceux qui savent vivre en harmonie avec lui.
- Je comprends bien ce que vous voulez dire, dit Uria. Il en est de même là d'où je viens.
L'homme se redresse et verse des herbes dans le chaudron bouillant, attendant que le bouillon réduise avant d'en verser dans une flasque, et un peu dans un verre.
- Je le soignerai jusqu'à ce que toute trace des ténèbres ait disparu. S'il devait mourir avant ça, il faudra brûler son corps, ou les ténèbres en feront un sembleur.
- Y en a-t-il qui survivent ?
- En vendant leur âme. Pas que soit bien réjouissant non plus. Votre ami va devoir se reposer ici. Il n'est pas encore tiré d'affaire, mais je ferai tout mon possible.
- Merci, merci infiniment.
- C'est mon ami, je n'allais pas le laisser tomber.
- Votre ami ? Vous le connaissiez ?
- Tous ceux du clan sont mes amis. Allez, il est entre de bonnes mains. Cela prendra du temps, peut-être un mois, pendant lequel il ne pourra pas bouger.
- Je reste avec lui, dit Stephan. Je... je sais que votre mission est importante, mais...
- Je comprends. Astel, dit Cédric en se tournant vers l'un des Sorcelames. Je te demande de rester avec eux. La nature de ce monde fait que nous ne reviendrons ici que par pur hasard. Tu les ramèneras.
- D'accord. Bonne chance. Que la Lumière guide votre route.
- Merci, nous en aurons besoin. Que la Lumière vous guide vers des chemins familiers.

- Je vous le confie, guérisseur... d'ailleurs, je n'ai pas eu le temps de vous demander votre nom.
- Inny. Celui qui réconforte, dans la vieille langue.
- Eh bien, merci Inny.
Nous redescendons, revenant au village. Dans la salle commune, nous voyons un jeune homme, qui s'avance vers nous, le sourire aux lèvres.
- Bien le bonjour, messieurs. Rencontrer des voyageurs comme moi, sur les chemins toujours changeants de notre monde, est une bonne surprise.
- Vous voyagez seul ? Fait Cédric, soupçonneux.
- En fait... je voudrais voyager. Je veux me lancer à l'aventure, découvrir les secrets de notre monde, et j'attendais qu'un groupe passe par chez nous, ou se décide à partir, pour leur demander si je peux les rejoindre. Je voudrais... je voudrais voir de mes yeux la forteresse de diamant ! Peut-être que le hasard des routes du Chaos me conduira un jour jusqu'à elle !
Il a l'air exalté, et nous sommes tous sceptiques.

- Désolé, mais... nous ne pouvons accepter. Nous menons une dangereuse expédition, et tu es un amateur.
- Mais j'ai votre âge !
- Pas vraiment, non.
- Mais enfin ! Je ferai attention, je suis un homme sérieux ! Je vous montrerai que je suis à la hauteur !
Nous nous enfermons dans nos chambres, épuisés et soucieux. Nous mettons longtemps à trouver le sommeil.
Le lendemain, le jeune homme est toujours là. Il ne va pas être facile de se débarrasser de lui...
- Sais-tu seulement te battre ? Lui dis-je.
- Bien sûr ! Tout le monde doit apprendre à se battre, pour protéger nos terres des bêtes du Chaos.
Oh joie, ce monde a aussi une faune accueillante en plus d'être paradisiaque. Je commence à me dire qu'avoir un guide qui connaisse les dangers de ce monde, mais certainement pas lui.
- Alors prouve-le moi, dis-je en tapotant le pommeau de mon épée.
- À quoi tu joues, dit Ludvik, excédé.
- Fais-moi confiance. Je veux voir ce qu'il a dans le ventre.
- Au sens propre ou figuré ? Demande Finnadan.
- Euh...

Nous sortons, et derrière la maison commune, nous dégainons nos armes. Je me concentre fortement, puis lance l'assaut. Je laisse nos lames se croiser plusieurs fois avant de libérer le mana à travers ma lame tout en portant un coup qui tranche net sa lame à ras du pommeau, qu'il contemple d'un air stupide. La pointe de mon épée se pose sur sa gorge.
- Tu n'es pas prêt, gamin, à faire face à ce que nous affrontons. Attends un groupe qui veuille simplement partir à l'aventure. Je ne veux pas avoir ta mort sur la conscience.
Il déglutit péniblement, et recule avant de partir, tête basse. Je rengaine mon arme et rejoins les autres.
- Pas mal, tu lui as donné une sacrée leçon, approuve Ludvik.
- J'ai payé pour savoir qu'on ne se lance pas à l'aventure à l'aveuglette. Je ne veux pas qu'il lui arrive malheur.
- S'il ne comprend pas la leçon, dit Finnadan, c'est moi qui lui en donnerai une.
Je ris. Je ne pensais pas rire de nouveau avec l'inquiétude qui pèse sur le sort de Thibault. Nous sommes en guerre, et elle a fait sa première victime, et j'ai le sentiment que ce n'est pas fini... de toute façon, il faudra bien les affronter de plein fouet, ces ténèbres.


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 14-03-2022

Pauvre Thib! Cette déchirure dans le groupe résonne lugubrement. Il lui faut donc abandonner la partie pour qu'il puisse guérir complètement durant ce mois supplémentaire chez...Inny. Curieux nom pour le "réparateur des corps" : c'est un sacré clin d'œil plutôt inattendu, non?
Autre déception pour le p'tit jeune qui voulait "de l'aventure" : celle-ci  s'arrête net à ras de son pommeau! C'est sans doute préférable pour tous. Espérons que les "chercheurs d'armement" trouveront d'autres guides beaucoup plus entraînés et donc sûrs.


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 14-03-2022

Pas du tout sûr tout ça. Inny (l'auteur)  nous réserve quelquefois des surprises.


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 14-03-2022

42 - Recrutement

Le Serviteur de la Lumière nous attend dans la maison commune à notre retour.
- Mes félicitations pour ce que vous avez fait en Aliantiel. Vous avez été au-delà de mes espérances.
- Ça nous a coûté cher. Vous êtes au courant pour l'état de Thibault ?
- Oui. Il est entre de bonnes mains. S'il y a quelqu'un qui soit capable de le sauver, c'est bien lui.
- Vous le connaissez ?
- De très longue date. Tout comme moi, il vient d'au-delà des six mondes.
- Qui est-il vraiment ?
- Ce n'est pas à moi d'en parler. Et il y a beaucoup à faire.
- Quelle est la situation dans les six mondes ?
- Aliantiel est en train de se remettre, les forces humaines traquent les restes des ténèbres partout sur la planète, et dans les mers, les nations tritons reprennent le pas sur les kappas. En Outremonde, la situation est stable, bien qu'on commence à revoir des hurleurs dans des lieux isolés. En Æstys, le culte des ténèbres a renversé l'empereur et étendu sa domination sur une partie du monde, mais la brusque chute du pouvoir des ténèbres a marqué un tournant dans sa guerre de domination. Ils sont en train de reculer, et avec un peu d'aide de ma part, la situation devrait rebasculer entièrement en l'espace de quelques mois. Les autres sont pour le moment peu affectés, et Aldania reste sous la domination des ténèbres, mais sur Terre...
- Quoi ?
- L'explosion de la bombe à antimatière. Je... je n'ai pas su prévenir ce cataclysme, j'ai été totalement pris par surprise, et maintenant les répercussions se font de plus en plus graves, et j'ai le sentiment de perdre le contrôle. Un Grand Dragon est arrivé sur Terre après l'explosion. Je ne peux rien faire contre lui, quoi qu'il puisse décider de faire. Je l'observe de loin. Il cherche quelque chose, mais j'ignore quoi.
- Oh misère, il ne manquait plus que ça ! Pfff... bon, chaque chose en son temps. Les ténèbres vont revenir, non ?
- Oui, cela prendra un moment, mais elles s'infiltreront de nouveau, c'est certain. Aldania restera une base importante pour la domination des autres mondes tant qu'elle sera sous leur contrôle.
- C'est sans fin, n'est-ce pas ?
- Nous ne pouvons que faire de notre mieux.
- Bon, comment est-ce qu'on peut atteindre cette forteresse de diamant ?
- Suivez le chemin le plus difficile. Systématiquement.
- J'y crois pas... punaise, mais vous vous êtes rendu compte du fait que vous pouviez en avoir besoin en urgence, de ces armes ?
- Je sais... Le Serviteur responsable de la citadelle est mort, et je ne peux plus rien faire.
- Et vous ne pouvez pas tout simplement nous les apporter, ces armes ?
- Je ne peux savoir lesquelles vous iront, et j'ai à faire dans les autres mondes. Je suis vraiment désolé, mais je ne peux vous aider plus. Bon courage.
- Ouais...

Une fois le Serviteur disparu, je secoue la tête.
- Il nous cache quelque chose.
- Ouais, c'est une habitude chez lui. Mais il n'y a rien que nous puissions faire pour le moment.
- Je pense que nous pourrions recruter un guide (un vrai) qui connaisse ce monde. Surtout si on doit passer par les endroits les plus tordus qu'on doit trouver.
- Hum, tu n'as pas tort, mais qui voudrait s'embarquer dans une telle aventure ?
Nous nous regardons, réfléchissant un moment. C'est vrai que la perspective d'une telle mission suicidaire n'attirerait personne, à part...
- Oh non...
- Il n'y a que lui, à priori, nous confirme Marc qui s'était éloigné pour parler au tenancier. Personne d'autre ne nous suivra.
- C'est à vous de décider, dis-je.
Je dois bien avouer que ça ne me plait pas du tout, après la leçon que j'ai donné au jeune homme. Mais je me sens encore plus mal à l'idée de l'embarquer dans cette histoire ! Je commence à me rendre compte de ce que décrivait Thibault, quand il racontait les décisions de Ludvik : c'est la guerre, et les enjeux sont des milliards de vies. Mais ce n'est pas facile pour autant, oh que non. Je me sens vraiment mal.
Que faire, à part se promettre de veiller sur lui ? Et je me rends compte que c'est ce que font mes compagnons à mon égard, en me prodiguant leurs conseils, leur entraînement, et qu'à mon tour je vais me sentir responsable d'un petit nouveau.
- Je comprends, maintenant, dis-je. Ça ne me plait pas pour autant, mais je comprends.

Nous retrouvons le jeune homme chez le forgeron, en train de se faire refaire une épée. Il observe le travail de l'artisan, fasciné, et ne remarque pas notre entrée. Lorsque la lame est terminée, Cédric s'avance vers lui.
- Vous permettez ? Dit-il en prenant l'arme. Hum, une lame de qualité, et j'en ai vu. Il fait tinter le métal. Notre futur guide le regarde avec anxiété, se demandant si on va lui casser celle-là aussi.
Cédric ferme les yeux, méditant sur la lame, et prononce des paroles rudes, rauques, qui surprennent, sortant d'une gorge si jeune. La lame se couvre de runes rouges, palpitantes, puis reprend son aspect habituel. Mais je peux voir une petite étincelle courir sur le fil de l'épée.
- Celle-ci ne se cassera pas aisément, et son fil restera toujours aiguisé. Si tu veux toujours nous accompagner, prends-la et montre-t-en digne.
Le jeune homme n'en revient pas. Il nous regarde l'un après l'autre, stupéfait.
- Mais... tout à l'heure...
- Disons que c'était un test. Allez, revêts une tunique robuste et équipe-toi, nous avons un dur voyage à faire.
- D'accord ! J'arrive !
- Ne te presse pas ! Je veux que tu penses soigneusement à ce que tu dois emporter, et à la route à faire.
- Compris.

Nous le regardons partir en soupirant. Il ne nous a même pas demandé quelle était notre quête, quelles difficultés nous allions affronter, ou quoi que ce soit d'autre. Tout ce qu'il voit, c'est partir à l'aventure. Je regarde Falan et Ismar. Il font la moue. Ils viennent tout juste de se revoir, quelques jours en arrière, juste avant leur départ.
Lorsqu'il finit par revenir, équipé de pied en cap, je lui ôte son sac à dos de ses épaules et le soupèse, avant de l'ouvrir. Je m'étonne de ces réflexes de baroudeur, mais j'ai l'impression que tous les films, romans et parties de jeu de rôle que j'ai pu voir, dévorer et jouer se sont incrustées en moi.
Je le débarrasse de plusieurs objets encombrants et à l'utilité relative, soupèse de nouveau le sac, et hoche la tête, satisfait.
- Il te faut une gourde, aussi, dis-je. À moins que tu ne veuilles traverser toutes les terres du Chaos sans une seule goutte d'eau ?
Il rougit et part en chercher une. Ludvik s'approche de moi et me glisse :
- Outremonde t'est rentré dans la peau, à ce que je vois. Ça m'a fait la même chose.
- Ah ? Je me demandais ce qui m'arrivais. C'est comme... comme si j'avais toujours vécu ça alors que je n'avais fait qu'en rêver.
- C'est l'esprit d'Outremonde. Je t'en parlerai un jour.
- Quelque chose dont je doive m'inquiéter ?
- Pas vraiment. Tu auras seulement une vie très intéressante.
Je me souviens d'une chose qui m'avait beaucoup amusé.
Il existe une ancienne malédiction chinoise qui dit : « Puissiez-vous avoir une vie intéressante. »
Maintenant, je ne trouve plus ça drôle du tout.


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 15-03-2022

Franky semble tout à fait au point maintenant. De plus, il va devoir faire preuve de pédagogie envers le nouveau compagnon aventureux. Souhaitons que ce dernier apprenne vite tout en indiquant les «meilleurs mauvais chemins» selon les recommandations du Serviteur en gris (Toujours costume 3 pièces ?). Sans doute pour éviter de se faire repérer. Ça me fait penser au chemin qu'a utilisé un certain Napoléon, roi de l'île d'Elbe à son débarquement à Golfe-Juan. IL a dû emprunter les plus mauvais chemins à travers les Alpes pour ne pas se faire repérer lui non plus : petits sentier abrupts, auberges perdues dans des montagnes pas toujours faciles et sans doute encore enneigées à cette époque de mars 1815 (J'ai trouvé la neige, un jour d'avril  1964, alors que je venais de passer le col de Clavel à 1069 m et avais emprunté, à Solex depuis Avignon en quittant le train de Paris, des routes bien dégagées et ensoleillées. Au col, changement de musique : neige et froid en redescendant vers Nice par, justement, la "Route Napoléon". Jusqu'au Pas de la Faye, il me fallut faire très attention. Après, ça allait mieux...Souvenirs, souvenirs...!)


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 15-03-2022

43 - Le Coureur d'Ombres

Nous passons d'abord chez le guérisseur pour dire au revoir à Stephan et Thibault. Ce dernier est toujours inconscient mais nous lui parlons doucement, prononçant des paroles d'amitié et de réconfort. Jean et Finnadan le cachent mais je sens qu'ils s'en font vraiment pour leur fils, tout comme Thomas, qui a été à deux doigts de rester lui aussi auprès de son frère jumeau. C'est Stephan qui l'en a dissuadé, arguant qu'il sera là pour veiller sur lui et le soutenir. Thomas s'est résigné, et a déposé une bise sur la joue de Thibault avant de repartir.
Nos sommes redescendus et avons quitté les terres de cette communauté par le chemin qui nous y a conduit. Nous retrouvons peu à peu une zone différente. Cette fois, ce sont des puits de boue verdâtre, bouillonnante, qui parsèment le terrain.
- Janen, c'est bien ton nom ?
- Oui, dit notre jeune guide.
- Eh bien, toi qui voulais découvrir la forteresse de diamant, c'est notre destination.
- Vraiment ? Super !
- Calme-toi, ou tu ne feras pas de vieux os. Nous connaissons le chemin ou du moins, un indice sur le chemin. Il nous faut prendre systématiquement la voie la plus difficile, la plus dangereuse, et nous arriverons à coup sûr à la forteresse.

Il pâlit, se rendant enfin compte de ce dans quoi il s'est embarqué.
- Nous serons là pour te protéger. Mais nous avons besoin de ta connaissance des terres du Chaos. Bien que tu n'aies pas encore fait d'explorations, tu t'es nourri de toutes les histoires qu'on te racontait, tu as interrogé tous ceux qui en avaient fait, je ne me trompe pas ?
- Non... bon, je ferai de mon mieux.
Il est visiblement angoissé par la responsabilité qui lui incombe soudain.
- Mais... si on doit prendre à chaque fois le chemin le plus dangereux, nous finirons par atteindre la Route des Anciens.
- Tiens tiens. Parle-nous de cette route.
- Un chemin qu'empruntaient les anciens dieux, dit-on, mais qui est mortel pour les humains. Si nous trouvons les Anciennes Portes, nous en aurons alors trouvé l'entrée.
- Ce chemin ne se dissout pas dans le Chaos ? Demande Thomas.
- Non, il a été figé par les dieux.
- Fie-toi à ce que tu sais et à ton instinct. Mène-nous au danger.
Il avale sa salive et regarde autour de lui, puis indique une direction, nous menant vers une région de boue toujours plus vaste, plus instable, qui change graduellement en une région rocheuse, labyrinthique, s'élevant toujours plus haut autour de nous.

Janen se fige soudain, alors qu'une odeur aigre flotte dans l'air.
- Des hommes-bêtes du Chaos ! Souffle-t-il.
- Allons-y.
Il fait une telle tête que je regrette de ne pas avoir d'appareil photo. Le pauvre n'a pas fini de se manger la réalité en pleine poire. Bienvenue dans l'aventure.
Nous approchons d'une caverne d'où émergent des grognements excités par notre apparition, et une horde de créatures contrefaites surgit en hurlant, grognant, clopinant, sautillant, volant, rampant... il n'y en a pas deux identiques, semblant toutes faites d'un assemblage aléatoire de morceaux d'animaux pris à l'aveuglette. Et d'humain aussi, parfois... Il y en a une véritable horde. Du moins jusqu'à ce que Cédric secoue la main devant lui, créant un mur de flammes qui plonge sur eux et les réduit en cendres tant il brûle avec rage. Janen est bouche bée.
- C'était quoi ces horreurs ? S'exclame Jean.
- Des hommes-bêtes du Chaos. Des humains qui se sont fait engloutir par le Chaos et qui ont été déformés au-delà de toute reconnaissance. D'où l'importance de rester groupés quand on voyage dans ces terres.
Sur cet avertissement, Cédric indique le fond de la caverne, qui disparaît dans les entrailles de la Terre. Je m'approche de lui et lui souffle :
- Tu as usé beaucoup de mana entre l'enchantement de l'arme et ça.
- Je sais. Je veux avancer rapidement. J'ai un mauvais pressentiment.
- J'ai bien peur qu'on en ait besoin devant nous.
- Ne t'en fais pas, je sais ce que je fais.

Stephan

Le guérisseur est resté immobile un long moment, avant de soupirer et de se tourner vers moi.
- Bon, ils sont entrés dans les terres du Chaos, et ne reviendront plus ici. Il ne reste que toi, et c'est tout ce dont nous avons besoin pour sauver ton ami sans interférences.
- De quoi parlez-vous ?
- Je suis un Coureur d'Ombres. Je viens d'un monde très lointain, un monde qui n'existe plus tel que je l'ai connu, totalement dominé par la lumière qui l'a pris sous sa coupe. C'est peu de dire que je déteste la lumière, mais je hais tout autant les ténèbres, car je sais qu'elles auraient corrompu mon monde tout autant. Je suis venu ici pour tenter d'oublier tout cela, mais les récents évènements montrent que cela m'a rattrapé... je suis resté trop longtemps indifférent aux souffrances des six mondes. Et voilà que les ténèbres menacent d'engloutir ces mondes, qu'elles en ont déjà pris un, que les armes de lumière vont être récupérées... Oh, je connais la mission de tes amis, mon regard porte loin au-delà de la barrière des mondes.
- Qu'est-ce qu'un Coureur d'Ombres ?
- C'est le nom que nous donnons aujourd'hui à notre peuple en exil. Vous nous appelleriez Dragons.
Choqué, je recule. Les récits sur le dragon qu'a dû tuer Cédric m'ont empli de peur, une peur qui ressurgit aujourd'hui.
- Je ne suis pas un Grand Dragon, comme ceux que tu as pu connaître par les légendes. Je suis plus proche des espèces dévoyées que tu connais sous le nom de Serviteur de la Lumière, ou de Prince des Ténèbres. Mais contrairement à eux, j'ai ma liberté, le bien le plus précieux de tous.

- Mais... qu'est-ce que ça a à voir avec nous ?
- J'ai besoin de votre aide.
- Encore ? Qu'y a-t-il que nous pauvres humains pouvons faire qui vous soit interdit ?
- C'est votre monde. Nous sommes des étrangers... et en tant que tel, il y a des règles que nous devons suivre. Crois bien que ça ne me plait pas.
- C'est si terrible que ça, un monde dominé par la Lumière ?
- Tu n'as même pas idée ! Ne raisonne pas en termes de bien et de mal pour la lumière et les ténèbres, car elles sont bien au-delà de ces concepts humains. Chaque monde conquis par l'un ou l'autre est  une ressource à utiliser, à exploiter jusqu'à la moelle. Habitants compris. Mais tant que les deux pouvoirs se neutralisent l'un l'autre, vous pouvez avoir une existence à peu près normale.
- Il faut donc maintenir l'équilibre alors.
- Oui, exactement.
- D'accord. Mais... Cédric m'a dit que le Serviteur est au courant de votre présence, il n'a pas l'air inquiet.
- Évidemment. La balance penche nettement en faveur des ténèbres, il sait que c'est contre elles que je porterai mes coups si je me décide à bouger, ce qu'effectivement je vais faire.
- D'accord, et Thibault ?
Il se retourne vers lui et serre le poing au-dessus de lui, jusqu'à ce que de petits éclairs en jaillissent et frappent le corps de mon homme.
Celui-ci ouvre soudain les yeux, et gémit.
- Bonjour, Thibault. Les ténèbres ont été chassées. Tu peux te lever.
Il s'étire, se redresse, et je le rejoins, fou de joie, le serrant dans mes bras.
- Oh, Thibault, j'ai bien cru te perdre une nouvelle fois ! Je suis si heureux de te revoir !


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 16-03-2022

Hou-là! Ce soi-disant "bon guérisseur" cogite des idées pas vraiment sympathiques  à l'égard de Thibault et Stéphan qui lui serviraient pour ses dessins d'équilibriste. Il craint donc autant "la Lumière" que les "Ténèbres". À l'entendre, cette "Lumière" ne le serait donc pas tant que cela : sale temps alors pour la troupe partie à la recherche des fameuses armes justement pour instaurer  le règne ...lumineux. Le Serviteur avait pourtant l'air de protéger les  chercheurs dans la mesure de ses moyens.
Au final, tous ces "braves gens" utilisent sans vergogne nos héros pour asseoir leur domination sur les mondes et la Terre, pendant qu'ils y sont.
Au fait, qu'en est-il de notre chère Gaïa? Est-elle vraiment si touchée que ça par l'anti-matière? Il me semblait pourtant que "Les Esprits" étaient parvenus à annihiler celle-ci... Alors, "intox"?


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 16-03-2022

44 - Voyage au cœur du monde

La caverne fétide est un véritable labyrinthe de tunnel tortueux, de salles oppressantes, d'abîmes sans fond, dans lequel nous tournons en rond sans en voir la fin. C'est au bord d'un nouveau gouffre que Ludvik prend la décision de continuer par là.
- Nous sommes censés prendre la voie la plus dangereuse, la plus difficile. Or, nous choisissons la solution de facilité en esquivant cette voie-là.
- Tu es sûr que ça va vraiment nous y conduire ? Je dirais qu'on s'éloigne plus qu'autre chose, depuis qu'on est entré dans cette caverne, ronchonne Thomas.
- Je ne crois pas, dit Janen qui était resté silencieux jusque-là. Les légendes racontent que la forteresse de diamant est au cœur du monde, quoi que ça veuille bien vouloir dire.
- Ah ! S'exclame Cédric. Je suis sûr que c'est la bonne voie.
Je jette un coup d'œil dans le gouffre, mais ne vois rien que l'obscurité. Je crée une sphère de lumière, et la laisse tomber. Elle plonge, éclairant les parois, file, devient une étoile infime, et disparaît.
- Euh, c'est vraiment, vraiment profond, là.
- Mouais, on va devoir ruser, dit Cédric.
Il sort une petite sphère de verre de sa poche et prononce une incantation tout en la tenant au-dessus du vide. Dans un éclair effrayant, nous sommes aspirés dans la sphère, qui, n'étant plus tenue par personne, plonge dans le vide. Nous poussons tous un cri de terreur, tandis que notre estomac se retourne. Sauf Cédric, flottant concentré au centre de la sphère, jusqu'à ce que nous arrivions au fond et qu'elle éclate, nous rendant notre taille initiale.

- Mais t'es cinglé ! Crie Ludvik.
- Nous devons prendre des risques pour atteindre notre but. Je suis certain que c'est bien par là, et que cette voie était prévue pour être empruntée.
- Et qu'est-ce qui te fait dire ça ?
Cédric lève son bâton, libérant une vive lumière qui se reflète dans une série de cristaux, lesquels se mettent à briller et à en éclairer d'autres à leur tour, dévoilant peu à peu une immense caverne. Je suis persuadé que tous les gouffres que nous avons croisé pendant nos heures d'exploration conduisent ici. Et là-bas, au loin, se dévoilent des portes de pierre d'une taille titanesque, gravées de scènes abstraites et de runes inconnues.
- Les Portes des Anciens, dit Janen.
- Le chemin créé par les Serviteurs de la Lumière pour rejoindre la forteresse de diamant.
- On va les ouvrir comment ? En frappant à la porte ?
- On peut toujours essayer, dit Cédric.

Nous nous mettons en route, marchant deux longues journées avant d'atteindre les portes, d'une taille que l'esprit refuse de concevoir, certainement créées ainsi afin de couper le souffle, d'inspirer une terreur superstitieuse, d'imposer le respect. Et ça marche... jusqu'à ce que nous découvrions que nous n'aurons pas à nous soucier de les ouvrir. Et bientôt, nous nous engageons sous l'une des portes, hallucinés par l'incongruité de la chose, et nous demandant, en fin de compte, ce qu'elles étaient censées retenir. Pas les humains, en tout cas.
- Aucun mortel n'est censé revenir de la Vallée du Désespoir qui s'étend au-delà, dit Janen d'une voix étouffée.
- Je pense que cette voie était prévue pour qu'un Champion de la Lumière puisse l'emprunter, mais vu qu'il n'y a plus personne aux commandes, ça a dégénéré avec le temps.
Nous commençons à voir de la lumière devant nous.
- Et le gouffre, il était censé le descendre comment ? En bille de verre ? En parachute ?
- En sautant. Le gouffre est tapissé de cristaux enchantés qui amortissent la chute. Ils n'ont pas réagi à un objet aussi petit que notre bille, heureusement.
- Comment ça ?
- Si la bille n'avait pas éclaté... On serait resté coincés dedans.
- Je vais le tuer... je vais le tuer... dit Ludvik.

Nous sortons finalement de sous la porte (je me demanderai toujours à quoi elle sert) et arrivons en plein air (plus rien ne m'étonne dans ce monde). Nous sommes, effectivement, au fond d'une vallée rocheuse qui m'est étrangement familière. Nous trouvons même, en avançant, un petit cours d'eau.
Et dans notre dos, l'ouverture a disparu, laissant place à une paroi rocheuse.
- L'eau est empoisonnée, dis-je.
- Comment le sais-tu ?
- C'est la copie conforme de la vallée de la mort en Outremonde. Je doute que ce soit une coïncidence...
Nous remontons le long de la vallée, et au bout de trois jours, je retrouve le petit chemin qui remonte la pente.
- C'est pas vrai...
Je cours vers les rochers, examinant un endroit précis que j'ai attaqué il y a une éternité avec un outil pour effacer les traces de Jacques, et, oui, je retrouve le même creux lisse !
- Nous sommes en Outremonde !
Cédric entre aussitôt en méditation, et se relève un moment plus tard.
- Nous sommes en Outremonde ! Je ne comprends pas...

- Plusieurs éléments s'enchaînent pourtant. Nul n'est censé revenir de cette vallée. En effet, la sortie s'est effacée dans notre dos, dès lors que nous avons franchi... cette porte des mondes. Car il s'agit là d'un passage naturel, quoique à sens unique, entre Tenerba et Outremonde.
- Naturel, c'est vite dit ! Et je doute que ce soient les Serviteurs qui aient mis ça en place. C'est au-delà de leur pouvoir.
- La forteresse de diamant est pourtant censée être en Tenerba ?
- Le chemin qui y conduit fait un détour. Afin d'atteindre un lieu inaccessible autrement. Si nous continuons dans cette vallée, nous atteindrons la suite du chemin, un autre passage.
- Il devrait être connu, non, depuis le temps ?
- Au fin fond de la vallée de la mort, en un lieu dont nul n'est revenu, j'imagine ?
- Oh... oui, tu dois avoir raison.
- Je confirme, dis-je, cette vallée est tabou, les habitants ne s'y aventurent pas.
Je songe que Maadi est à quelques jours de moi... mais ça devra attendre.

- Alors nous continuons, dit Thomas.
- Oui, le long de la vallée, sans en sortir. Je pense que nous sommes sur un chemin mystique, que nous devons suivre tout du long sans en dévier. Si nous avions commencé en Outremonde, je pense que nous ne pourrions arriver à destination.
- Et Aliantiel appartiendrait aux ténèbres.
- Également.
Nous marchons donc, une semaine et demie avant que le chemin ne plonge au sein de la terre, et je crains que nous ne devions encore plonger au fond d'un gouffre, ou quelque chose comme ça. Mais non, la caverne descend en continu, jusqu'à ce que nous arrivions à une partie plus accidentée, plus large, avec de nombreuses ouvertures circulaires dans les parois.
Ludvik tire aussitôt son épée, et tout le monde l'imite.
- Qu'y a-t-il ?
- Ces trous ont été faits par des vers des rocs.
- Pas le choix, il faut avancer, restez bien au milieu et soyez vigilants !
Inutile de le préciser... nous avançons en file indienne, regardant les murs, le plafond, écoutant, arme au poing, espérant que les vers ont abandonné la zone...
Mais un bruit de frottement, de crissement, de broyage, se fait entendre, de tous les côtés, et je me dis que nous allons avoir à nouveau à vendre chèrement nos vies, en terrain défavorable...


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - KLO7514 - 17-03-2022

Ah tiens : nous nous retrouvons dans la situation  du film "Dunes" où l'on voit apparaître des vers géants qu'il faut dompter en grimpant sur leur dos. Sera-ce la même chose ici?
Par rapport à ce qu'a vécu Franky sortant de sa caverne en venant de la Terre, la situation change vu qu'il n'est pas seul maintenant.
Mais Thibault et Stephan  semblent embarqués dans une fichue situation. Drôle de guérisseur, au final!


Re : La porte des mondes (fantastique avec personnages gays) - inny-2 - 17-03-2022

Le guérisseur a joué son rôle de guérisseur vu que Thibault est débarrassé des ténèbres sans avoir eu à faire comme Cédric.

Effectivement, il aurait été capable de guérir Thibault avant le départ des autres, mais il a préféré laisser partir le groupe surveillé par le serviteur de la lumière pour disposer d'un binôme qui le suivait dans sa quête de l'équilibre.

Au départ, il y aurait eu deux voyages en parallèle, un sur Terre, un sur Tenerba, mais ils ont décidé de rester groupés et de tout faire ensemble.

Mais avec l'attaque de Thibault par les ténèbres, on revient à deux groupes de voyageurs distincts.