Récits érotiques - Slygame
Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé, complété et terminé) - Version imprimable

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Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - inny-2 - 08-05-2022

5 - Des problèmes de temps

Laura

Quelque chose clochait sérieusement, nous en étions tous conscients. Franck avait dit que les terriens s'étaient bien installés, et maintenant, celui-là prétendait qu'ils étaient les premiers à venir ici ? Aurions-nous fait un saut dans le temps ? Dans ce cas... peut-être avions-nous la possibilité d'empêcher l'erreur commise avant qu'elle ne se produise.
Sauf qu'on avait aucune idée de ce que pouvait bien être cette erreur !
J'avais pourtant une solution à ce problème. Il suffisait de tuer tout l'équipage. Ainsi, ils ne commettraient pas d'erreur.
Toutefois, je doute que les autres apprécient cette idée.
Enfin, au moins, le capitaine avait croisé mon regard dès que nous nous sommes rencontrés. Sous mon charme, il est vite devenu très docile. Notre rencontre aurait pu tourner nettement moins bien. Mais je sens bien que le reste de l'équipage est stupéfait par la confiance que nous porte son capitaine, et je ne peux maintenir mon emprise que sur une personne à la fois...
Il nous amène jusqu'à une section du vaisseau qui sert de salle de réunion. Là, un dispositif d'holoprojection nous montre actuellement une image qui me fait étrangement froid dans le dos.

C'est une sphère obscure, parsemée de failles plus claires, dans les tons violets. Le capitaine utilise des contrôles pour la faire pivoter, nous présentant la face éclairée, aux tons plus chauds, mais toujours peu amènes, de la planète.
Il zoome pour nous montrer les environs du vaisseau.
- Où pensez-vous que se trouvent ceux que vous cherchez ? Demande-t-il.
Je me mets face à lui pour renouveler mon emprise.
- En quelle année sommes-nous ?
- 2276.
- On est partis quatre ans en arrière...
- Pardon ?
- Restez tranquille, vous. Bien. Vous n'entendez plus rien, vous ne réagissez plus à rien.
Je me tourne vers les autres.
- Voilà, vous connaissez mes dons... mais ce n'est pas ça le problème. Que s'est-il passé ?
- Je me demande si mon don n'a pas, euh, créé ce problème, dit Christian. Peut-être que ce monde le fait réagir ?
- C'est une théorie, mais sans preuves... une autre serait que tout ceci soit une illusion créée par ce monde.
- Une occasion de voir les événements se dérouler ? Et donc de comprendre ce qui s'est passé ?
- Oui, ce serait une possibilité, dit Aram.
- Dans ce cas, on se contente d'observer, et de prier pour ne pas rater l'événement ?
- J'espère que...

Tout disparaît soudain dans un flash de lumière bleue, qui me rappelle le portail que j'avais utilisé pour aller sur la Terre. Les ténèbres tombent sur moi, soudainement. Pas la simple absence de lumière, mais une obscurité physique, palpable, ce que j'imagine être la mort, l'oubli absolu, l'anéantissement de toute... non, je suis consciente ! Et j'ai déjà vécu ça. C'était...
- Réveille-toi, Laïra !
Les ténèbres furent chassées, remplacées par une faible lueur. J'ouvre les yeux et vois Klennard, puissant et ancien seigneur vampire, qui avait fait de moi sa compagne il y a près d'un siècle. Que fait-il ici ? Non... qu'est-ce que je fais ici ? Je ne suis plus sur le vaisseau, je suis de retour dans le château de mon seigneur.
- Tu as eu un aperçu de ce qu'est la mort véritable. Effrayant, n'est-ce pas ? Mais n'aie aucune inquiétude, je te sauverai de ce destin. Es-tu prête, Laïra ?
- Prête ?
- Veux-tu me rejoindre dans la nuit éternelle ? Rester jeune et belle à jamais ? Ne plus avoir peur de ces hommes qui te méprisaient ? Rejoins-moi et ils seront ton bétail, ils te craindront, ils pleureront devant toi, ma princesse.
J'ai déjà vécu ça ! Mais que se passe-t-il ici ? Ce monde essaierai-t-il de me tester ? Ou de me faire comprendre quelque chose ? Est-ce une illusion, ou véritablement le passé ?

- Je ne me satisferai pas de ce que tu m'offres, Klennard, dis-je pour tester mes hypothèses.
- Comment ? Répond-il, étonné.
- J'ai vu au-delà de la mort, mon seigneur. J'ai appris des choses... je veux être ton égale, pas une simple servante, mais une Dame. Après tout, ne devons-nous pas régner ensemble sur ces terres ? Il convient donc que je sois... ta Dame.
Il est stupéfait par ce que je lui dis, par mon changement soudain. Comment va-t-il réagir ? Je suis encore mortelle, je le réalise soudain, et mon audace pourrait me coûter cher... mais il se reprend.
- Incroyable... c'est vraiment incroyable ! Je n'arrive pas à y croire !
- Même le Destin veut nous unir pour l'éternité, mon seigneur, lui dis-je avec ce petit sourire timide qui, je le sais, le fait littéralement craquer et oublier toute raison. À cette époque, il était véritablement fou amoureux de moi.
- Oh, ma Laïra ! Tu as raison, bien sûr. J'aurais dû y penser... je dois préparer le rituel.
- Fais donc, mon aimé. Il me tarde d'être à tes côtés pour l'éternité.
Je le regarde partir, et me plonge dans mes pensées. Tout ceci est-il réel ? Klennard revient avant que j'aie pu trouver une réponse.
- Prends ce cristal dans tes mains et concentre-toi dessus, de toutes tes forces.
J'obéis. J'ignore tout du rituel permettant de devenir une Dame, vu que cela ne m'avait jamais concerné. Une lueur commence à vaciller dans la gemme, qui se met à pulser de plus en plus fortement, jusqu'à ce qu'elle disparaisse soudain. Je sens un brusque souffle d'air et comprends qu'il me l'a ôté en survitesse. Une explosion retentit loin à l'extérieur de la tour où nous nous trouvons, et je mets un moment à réaliser que c'est la gemme qui se trouvait une seconde plus tôt.
Je lève un regard surpris vers lui, qui est abasourdi.
- Je m'en suis douté quand tu as eu cette vision. Tu as le don, ma princesse, et un don comme je n'en ai jamais vu ! Je t'apprendrai à le maîtriser, tu connaîtras toutes les arcanes de la magie. Viens, allons nous préparer. Cette nuit, tu vas aller au-delà de la mort, vers un avenir que tu ne saurais imaginer.

Un nouveau flash de lumière bleue. Où et quand vais-je atterrir, maintenant ? La lumière disparaît. Je suis toujours dans le château de mon seigneur, mais dans le donjon, cette fois. Klennard est prisonnier d'un sort puissant, que je lui ai lancé. Je me souviens... Il a trahi quand même l'amour que je lui portais, malgré les changements que le destin a apporté à mon existence. Il semblerait qu'il n'y avait pas moyen d'y échapper...
Je le regarde froidement. Dans mon premier passé, je l'avais affronté, et j'avais perdu. J'avais dû fuir, brisée et ne vivant que par l'espoir qu'un jour je me vengerai. Mais cette fois, j'avais la magie en plus. Une magie qui surpassait ses propres pouvoirs. Et j'étais également plus forte, pas une simple vampire, mais une Dame. Quelle que soit la force qui soit à l'origine de cette tournure d'événements, je lui dois une fière chandelle.
- J'ai longtemps rêvé de ce moment où je pourrais enfin me venger de ta trahison, Klennard.
- Quoi ? Je ne comprends pas...
- J'ai trouvé le moyen de retourner dans le passé pour changer les choses. Et elles tournent maintenant de façon... magnifique.
- Laïra, non ! Écoute-moi ! Je...
- Inutile, nous avons déjà eu cette discussion, et elle ne m'intéresse pas. Je vais la tuer, tu sais.
- Non ! Je t'en supplie, Laïra !
- Non. C'est terminé.
Je le contourne, pour ne plus voir son visage, et le mord au cou, le vidant de son sang, absorbant son essence. Il se débat dans ses liens magiques, tentant vainement d'échapper à son destin, et aux visions d'horreur que je distille dans son esprit. Mais il finit par ne plus bouger, devenu une coquille vide à laquelle son esprit s'accroche encore. Plus pour longtemps.
Lorsque je quitte le château, les flammes éclairent les environs à des lieues à la ronde. Je me moque de cette femme à laquelle il a succombé. Je me rends même compte que je me moque de cette victoire sur mon ancien seigneur. Je réfléchis. Je pourrais tout changer de mon avenir. Mais... non. Si je ne vais pas sur le septième monde... que se passera-t-il ? Je n'ai pas envie de le découvrir. Ce serait par trop forcer le paradoxe temporel.

Flash. Je suis dans une rue, sur Terre. Je me souviens. C'est ici que ma vie a basculé. Dernière chance de reculer. Non, pas question. Mais je peux en profiter.
Je vois approcher Franck, venant dans ma direction. Je l'attends. Je sais qu'il est venu me chercher.
Je l'interpelle alors qu'il arrive à ma hauteur.
- Bonjour Franck. J'ai à te parler. On y va ? Dis-je en désignant l'entrée de la ruelle.
Il est surpris, aussi prends-je les devants. Il me suit jusqu'à la place paisible.
- Mon esprit vient de l'avenir, un avenir où tu nous as envoyé sur le septième monde. Quelque chose ne va pas, Franck. Ça a mal tourné. Nous avons été projetés dans le passé, au moment où le premier vaisseau s'est posé sur ce monde. Puis j'ai été projetée près d'un siècle en arrière, et je remonte vers le futur par à-coups.
- Je... vois... ce doit être le pouvoir de Christian qui est devenu hors de contrôle là-bas.
- Il a un tel pouvoir ?
- Il faut absolument qu'il se reprenne. Tu est partie au hasard en arrière ?
- Non, c'étaient des moments clés de mon existence.
- Et qu'as-tu fait ?
- Je les ai changé en mieux. Mais j'ai veillé à ne pas influer au point de ne plus te rencontrer... je me suis douté que ça aurait été une erreur.
- Tu as bien fait, oui. Je pense que c'est un indice de ce que Christian doit faire. Il doit peut-être rectifier une erreur dans son passé.
- Laquelle ?
- Je l'ignore.
- Comment peut-il faire ça ? Je ne connais aucune magie qui puisse faire le millième de ce qu'il fait !
- Il a un don très rare. Il peut puiser directement dans l'énergie primordiale.
- C'est impossible.
- Si. C'est déjà arrivé il y a très longtemps, sur Terre. Tu as entendu parler de Merlin, j'imagine ?
Je n'ai pas le temps de répondre. Un nouveau flash me ramène sur le septième monde.

- ...nous trouverons une solution, dit Aram.
- Pardon ? Dis-je, perdue.
- Je disais, j'espère que nous trouverons une solution.
- Excusez-moi, mais je suis partie dans le passé pendant un bon moment. Je veux dire, réellement. J'ai pu parler à Franck. Il dit que si nous sommes partis en arrière, c'est parce que le pouvoir de Christian est devenu incontrôlable.
Tout le monde le regarde, et il rougit un peu.
- Euh, je suis désolé, mais je n'ai jamais contrôlé mon pouvoir, et d'ailleurs, comment le pourrais-je ?
- Il est bien plus important que tu ne l'imagines. Tu m'as montré la voie en m'envoyant en arrière. Tu peux corriger tes erreurs.
Il sursaute. J'ai l'impression qu'il a pris conscience de ce qu'il pourrait changer dans sa vie.
- Mais comment ?
- Essaie. Et tâche de réussir, car nous allons devoir aller un chouïa vers l'avenir, quand les terriens ont commencé à s'installer sur ce monde, mais avant leur erreur. Regarde-moi, Christian... détends-toi, dis-je alors qu'il tombe en mon pouvoir. Relaxe-toi. Plus rien ne pèse sur tes épaules, tu es totalement détendu. Puise au cœur de ton être et concentre-toi sur un moment de ta vie où tu voudrais être, avec tes connaissances, pour pouvoir corriger tes erreurs. Visualise ce moment précis, et plonges-y !

Aram sursaute soudain.
- Euh... c'est moi qui suis parti, dit-il.
- Oh, super...
- Non, c'est... mes parents sont morts dans un glissement de terrain, sous mes yeux, quand j'étais enfant. J'ai pu... j'ai pu changer les choses et les sauver ! Dit-il, affichant le premier sourire que je lui vois.
Je m'assure que le capitaine est toujours en transe, et reviens à Christian.
- Que s'est-il passé ?
- Je... je ne sais pas ce que je pourrais changer dans ma vie, dit-il.
- Il y a forcément quelque chose... regarde-moi et détends-toi à nouveau. Revisite ton passé... y a-t-il quelque chose que tu voudrais pouvoir changer ?
Il se met à pleurer.
- Qu'y a-t-il ?
Il secoue la tête.
- Quel âge as-tu ?
- J'ai quatorze ans.
- Pourquoi pleures-tu ?
- J'ai les résultats de mes examens.
- Quels examens ?
- Médicaux.
- Qu'y a-t-il ? Dis-le moi.
Il pleure de plus belle.
- Je ne veux pas... j'ai trop honte... je veux mourir...
- Il n'y a pas de traitement ?
- Seulement pour arrêter les dégâts, mais ils ne peuvent pas réparer mes nerfs. C'est une maladie récente, et il a fallu que ça tombe sur moi... ma vie est foutue !
- Qu'est-ce qui a été détruit ? Dis-le toi à toi-même, à voix haute. Quels sont les dégâts ?
- Je suis... je suis impuissant...
- Qu'est-ce que tu regrettes le plus ?
- Je ne connaîtrai jamais l'amour ! Comment serait-ce possible ? Pas comme ça !
Il s'effondre au sol en pleurant, tandis que, gênés, nous nous demandons quoi faire. Je vais faire oublier aux deux autres ce qu'ils ont entendu, ça ne les concerne pas, mais en attendant, je dois trouver le point d'ancrage dans son passé. Apparemment, il se le cache, mais je pense avoir trouvé. Le tout est de le mettre en état de s'y accrocher.
- Regarde-moi à nouveau. Relaxe-toi, laisse passer la tristesse, comme tu l'as déjà fait avec le temps. Regarde dans ton passé d'un autre point de vue. Regarde les occasions où tu aurais pu trouver l'amour.
- Je les ai déclinées. Ça n'aurait jamais pu marcher. En plus, ça se serait su, et là, ça aurait été ma mort, socialement.
- Y en a-t-il une qui aurait pu marcher quand même ?
- Non...
- Ouvre ton esprit, ne les rejette pas automatiquement. Y en a-t-il une qui aurait pu marcher ?
- Euh... en fait, il y a...
- Concentre-toi sur cette occasion. Aurais-tu pu changer les choses ?
- Oui, mais...
- Alors plonge vers cette époque ! Change les choses et découvre l'amour, Christian !


Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - KLO7514 - 09-05-2022

Hou-là : dans ce difficile épisode de constants allers-retours, ce n'est pas aisé de suivre les différentes séquences engendrées par "Dame Laura". D'autant que plusieurs personnages présents sont concernés dans ce vaisseau "terrien". On ne sait trop si l'on va se retrouver en compagnie des "missionnés" ou dans un endroit inattendu du passé.
Pour mémoire, il s'agit de récupérer un armement très particulier et de réparer une grave erreur en revenant avant la commission de celle-ci.
Ai-je bon?
Cdt à Inny-2


Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - inny-2 - 09-05-2022

La particularité de ce 4[sup]ème[/sup] volet de la saga d'outremonde est qu'il va être possible de modifier les événements passés.

L'ennui, c'est que des changements qui conviennent aux uns ne satisferont pas forcément tout le monde ...


Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - inny-2 - 09-05-2022

6 - Retour vers le passé

Année 2265, à Paris

Je sus tout de suite où et quand j'étais. Et je fus surpris d'avoir pu remonter aussi loin, alors que je n'étais même pas mort. Ce monde avait un étrange effet sur mon pouvoir...
Je reconnaissais la chambre de mon adolescence, et l'holoposter du groupe Surrender2Hell sur le mur criait mes quinze ans plus que n'importe quel calendrier.
Mais la question majeure que je me posais, c'était : pourquoi maintenant ?
Une sonnerie attire mon attention vers mon ordinateur. Je me lève de mon lit, bougeant mon corps d'ado que j'avais déjà bien développé à force de faire du sport. L'exercice physique régulier était nécessaire quand on avait été atteint par le SDNA, et je n'avais pas à me plaindre du résultat.
Je pose ma main sur le côté de mon écran, puis soupire, ce n'est pas l'ordi de mon boulot, il faut que je me remette dans le bain de mon époque. Je constate que c'est un appel de Ludovic, mon meilleur ami de l'époque.
- Eh, salut !
- Salut Ludo, ça va ?
- Ouais, bien. Je peux passer chez toi ?
- Bien sûr, quand tu veux ! Mes parents sont pas là de la journée, on sera tranquilles.


Étonnant, je me souviens de ce détail... ma mémoire de l'époque me revient d'instinct, c'est pratique. Je reviens à mes préoccupations. Pourquoi maintenant ? Pressé par l'hypnose de cette sorcière de Laura, j'avais pris le truc le plus approximatif qui pouvait correspondre à sa requête. Sauf que ça ne peut pas aller. Je sais, maintenant, de quoi il s'agit, quel événement elle voudrait me voir changer. Sauf que non, désolé, mais je ne vais certainement pas faire ça.
Ludo n'habite pas loin, et quand il arrive, j'ai retrouvé tous mes repères, me réappropriant la mémoire récente de ma vie d'alors. C'est étrange de la revoir sous l'angle de mon esprit adulte... j'ai assez honte de certains de mes comportements d'alors, je dois bien l'avouer.
Je déclenche l'ouverture de la porte lorsque mon copain s'annonce, tout en me demandant ce que je dois faire.
- Salut. T'as l'air pensif.
- Ouais, je réfléchissais à divers trucs... mais bon, tu as envie de quelque chose ?
- Non, merci.
Nous remontons dans ma chambre, où nous avons l'habitude de discuter, jouer, ou décider d'une activité commune.
- En fait... je voulais te dire quelque chose. Je... tu es mon meilleur pote, Chris, et...
- Tu t'es décidé à m'annoncer que tu es gay ? Dis-je, sachant que c'était pour ça qu'il était venu. Dans mon passé d'origine, il avait tourné autour du pot un bon moment. Je voulais m'épargner ça.

Il est sacrément surpris.
- Que... mais... comment le sais-tu ?
- Oh, des petits riens... tes regards, ton attitude, des petits trucs, mais qui, à force, ont fait réagir mon intuition.
- Je suis si transparent que ça ? Fait-il, inquiet.
- On est très proches, je te le rappelle. On se connaît mieux que nos parents eux-mêmes.
Il finit par sourire.
- Ouais, on peut dire ça. Ben, ça rend les choses plus simples. Tu le sais depuis combien de temps ?
- Oh, je le soupçonnais, je pense, depuis, oh, quelques mois, je dirais.
Les justifications que je dois apporter pour soutenir mon petit mensonge m'épatent par leur ampleur. Mince, faut que j'arrête ça. Tu parles d'un gain de temps...
- Mais c'est de toi qu'on parle, là. Parce que de mon côté, comme tu le vois, ça n'a rien changé.
- Ouais, je te remercie bien. Mais... euh...

Ça y est, il veut me demander si moi aussi... le regard qu'il me lance était une requête que même à l'époque j'avais su interpréter sans qu'il y ait besoin de paroles.
Et on voudrait que je réponde autre chose que « non, moi, je suis hétéro » ? Ce serait mentir.
Mais ce regard... avec mon expérience adulte, j'y lis ce que je n'avais pas su voir avec mes yeux adolescents : une supplication, et non pas une demande. Ce n'était pas simplement la demande d'un gay qui voulait de la compagnie, mais d'un amoureux qui désirait et craignait la réponse que j'allais lui donner.
Ludo avait toujours été seul, à part moi qui avait été son seul ami. Cette pensée me renvoya à ma propre solitude, beaucoup plus forte dans ma vie adulte. Et d'autant plus douloureuse. Trop, pour mon cœur adolescent. Je me mis à pleurer, à la grande surprise de Ludo.
- Chris ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je... je suis trop seul, Ludo.
- Je suis là, Chris. Je suis là pour toi.
- Ludo...

Je voulais lui dire que ce n'était pas possible, malgré tout, mais j'entendis la planche de parquet de l'entrée grincer fortement. Elle n'avait jamais été réparée, et on l'enjambait par habitude, ce qui voulait dire qu'un inconnu était entré chez nous. Problème, ce n'était jamais arrivé dans mon passé ! Que se passe-t-il ?
J'intime le silence à Ludo, me lève et ouvre mon placard. Il y a encore là, dans le fond, mes anciennes béquilles, qui feront des armes de fortunes assez satisfaisantes. J'entends grincer les marches de l'escalier. Combien de fois je les avais maudites, détestant ce bruit, mais aujourd'hui, j'étais content de cet avertissement ! Je donne une des cannes à Ludo, qui, heureusement, a compris ce qui se passe. Il a l'air inquiet. Quant à moi, j'ai l'avantage d'avoir toute l'expérience de mon entraînement dans l'armée et les forces spéciales. Mais je crains que ce ne soient pas des cambrioleurs. Quelque chose a été changé dans mon passé, et ça ne vient pas de moi ! Ce qui implique que je ne suis pas le seul à avoir ce pouvoir... mais comment aurait-il su, pour moi ? À cause d'un événement dans mon futur ?

La porte de ma chambre s'ouvre. Je regrette qu'il n'y ait aucune issue, à part sauter par la fenêtre, mais elle est mal située, donnant sur une benne chargée de déchets métalliques en tout genre. Je n'ai pas le choix. Ma canne est déjà en mouvement, frappant l'intrus au poignet et lui faisant lâcher son arme. Je frappe encore et encore, ne lui laissant pas un instant de répit, tout en faisant reculer le pistolet d'un coup de pied. J'entends des bruits de course dans l'escalier, des renforts arrivent, ça s'annonce mal ! Je réalise que la seule issue est de reculer dans le passé pour partir avant qu'ils n'arrivent, mais je n'arrive pas à utiliser mon pouvoir. Et mon adversaire semble être blindé ! C'est pas possible qu'il soit encore debout après tous ces coups. Mon esprit dérive un instant vers la série Terminator, mais je me concentre de nouveau sur le combat. Une machine n'aurait pas lâché son arme.
L'homme recule, pour laisser la place à son complice, lequel pointe son arme sur moi.
- Lâche ça, gamin ! Dit-il.
- Qui êtes-vous ?
- Lâche ça, ou je bute ton copain...
Ludo, qui avait été paralysé de terreur, se remet en action : il lève soudain le pistolet qu'il avait récupéré. Une sacrée erreur, mais attendre d'un ado terrifié un comportement de professionnel est assez utopique. L'homme en face de moi réagit, déviant son arme et tirant sur lui.
Hors de question ! Je sens tout se figer autour de moi, tandis qu'une énergie incroyable semble couler en moi, demandant à sortir. Lâchant mon arme, je lève mes mains devant moi, et libère cette énergie.

J'ignore totalement ce que je fais, et n'ai du coup aucun contrôle sur ce qui se produit. Je voulais juste protéger mon ami, pas faire sauter la moitié de la maison !
J'ai une pensée stupide en découvrant les dégâts : Mes parents vont me tuer...
Je secoue la tête et me retourne, faisant face à un Ludo ahuri, me regardant bouche bée.
- Ludo, rentre chez toi et restes-y. Je vais devoir disparaître d'ici. On dirait que j'ai des ennemis déterminés.
- Mais-mais qu'est-ce qui se passe ?
- C'est une longue histoire, trop longue. Allez, file ! Je ne veux pas qu'il t'arrive du mal.
Je regarde la maison. Non, ça ne peut pas se produire, ça chamboule trop mon passé et celui de mes parents !
J'ôte doucement le pistolet des mains de Ludo, qui se laisse faire, encore assommé par ce qu'il a vu, et le pousse vers l'escalier qui a miraculeusement survécu à la destruction. Je referme la porte de ma chambre, et soupire avant de pointer l'arme vers ma tempe. Je dois faire un petit saut vers le passé.

- Eh, salut !
- Salut Ludo, ça va ?
- Ouais, bien. Je peux passer chez toi ?
- Désolé, je dois partir, je te recontacterai dès que je serai dispo !
- Pas de problème, à plus !

Je jette quelques affaires dans mon sac à dos, et file hors de ma maison redevenue intacte. Mon scooter démarre dès que j'ai posé ma paume sur sa plaque d'identité, et je pars sans prendre le temps de boucler mon casque. Je veux mettre le plus de distance possible entre mes adversaires et moi.
La pensée me revient que celui qui est derrière tout ça a le même pouvoir que moi. Pourquoi s'en prendre à moi ? Et pourquoi maintenant, à ce moment précis ?
Où vais-je aller ? J'ignore quoi faire. Les forces spéciales pourraient m'aider, si je n'étais pas un ado de quinze ans avec une histoire trop incroyable, même pour eux, et mes codes d'identification ne seront pas valables avant quinze ans.
J'aimerais quand même tenter le coup... je n'ai aucun autre espoir de rejoindre la seule personne qui puisse m'aider : Franck. Il va me falloir être convainquant...
Je me dirige donc vers le bâtiment, situé en banlieue, où je travaillerai dans un futur qui me paraît dangereusement compromis.

Mon scooter choisit ce moment pour tomber en panne. Alors que je commence à pester, je me rends compte du silence soudain autour de moi. Il n'y a plus personne, la rue est vide. Il y a à peine instant, elle était emplie de circulation ! Je regarde autour de moi et vois une femme approcher. Je ne demande pas mon reste et prends la fuite en courant. Je ne fais que quelque pas avant de sentir le sol glisser sous mes pieds, et m'étale contre le sol. Impossible de me relever, je ne fais que glisser. C'est pas possible, on est sur Terre, la magie est impossible !
Sauf qu'il n'y a pas que la magie, j'en suis la preuve vivante. Je tourne mon regard vers la femme qui continue à approcher calmement. Je lève la main vers elle en me concentrant, et fais jaillir une vague d'énergie qu'elle disperse d'un revers de main élégant. Elle me sourit. Elle a de longs cheveux roux, des yeux émeraudes rivés sur moi, et un froid sourire qui me fait courir un frisson le long de ma colonne vertébrale.

- N'approchez pas !
- Sinon quoi ?
- Qu'est-ce que vous me voulez ?
- Me débarrasser de toi. Je ne peux tolérer qu'il y ait un autre que moi qui maîtrise l'énergie primordiale.
- Vous allez me tuer ?
- Allons... tu sais très bien qu'il n'est pas possible de te tuer, voyons. Alors je vais m'assurer que tu ne meures jamais.
- Comment avez-vous su ?
- Tu as fait un sacré bond en arrière dans le temps. Ça a libéré beaucoup d'énergie. Tu avais envie de revivre ta jeunesse ? Une grave erreur. Et un beau gâchis, vu que l'énergie soutient nos corps par une jeunesse éternelle. Adieu, gamin, dit-elle en levant les mains.
- Attendez ! Qui êtes-vous ?!
- Tu peux m'appeler Morgane. C'est le nom qu'ont retenu les légendes. Je vais t'emprisonner dans un cristal de stase et t'enfouir à plusieurs kilomètres sous le sol... tu y resteras jusqu'à la fin des temps. Tu tiendras compagnie à Merlin !
- C'est quoi ce délire ?!
- Lâche-le, Morgane !
La femme se retourne pour voir qui l'a interpellée, et je fais de mon mieux pour le voir, bien que j'aie reconnu la voix.
- Un tel afflux d'énergie primordiale était plus que suffisant pour attirer mon attention, mais c'était encore plus grave que je l'avais imaginé, dit Franck froidement. La grande tapisserie est en train de se déchirer à cause de vos agissements !
Bon, OK, maintenant, c'est clair. Je suis fou. Piégé entre une sorcière arthurienne et un dragon qui cause tapisserie.
- Mais de quoi vous parlez ?! Dis-je.
- Vous avez altéré la trame du temps à un tel point que l'avenir se désintègre, explique Franck.
- C'est de sa faute ! C'est elle qui m'a attaqué !
- On peut être sûr de trouver Morgane derrière les pires événements que connaît ce monde.
- L'avenir m'importe peu, jeune Drakkh. Tu n'as pas le pouvoir de me contraindre.
- Où étais-tu ces derniers siècles ? Tu as raté une chose ou deux, je crois. L'Équilibre a été libéré de sa prison. Abuse de ton pouvoir et il retirera le contrôle de l'énergie primordiale aux mortels. Ce qui ne serait pas un mal, d'ailleurs.

Morgane semble réfléchir.
- L'Équilibre se soucierait de mes actes ?
- Il se soucie de l'état de la grande tapisserie. Étant donné qu'elle s'étend dans tout le multivers, c'est parfaitement de son ressort, et nul doute qu'il observe les événements en ce moment précis. Il est encore temps de faire machine arrière et de réparer les dégâts causés.
Elle me regarde alors.
- Faut-il qu'il soit si important pour que l'avenir soit détruit par son absence ?
- Le monde aux deux visages s'éveille, Morgane. Et tu sais ce que ça implique.
- Oh. Et bien sûr, les Eldars se contentent de philosopher en laissant d'autres faire le sale boulot à leur place, pas vrai ? C'est leur monde, c'est leur faute, ce sont leurs erreurs, mais ce sont aux autres de faire le travail ! Fort bien. Accomplis ton destin, gamin. Mais ne va pas croire que je vais t'oublier. Nous nous retrouverons quand la tapisserie pourra se passer de toi...
Elle disparaît soudain.

- C'est quoi, tout ça ? Je ne comprends rien !
- C'est une bien trop longue histoire...
- Ça tombe bien, j'ai toute l'éternité devant moi ! Je veux des explications ! C'est quoi, cette grande tapisserie ?
- Imagine que chaque vie humaine est un fil tissé dans une tapisserie d'une taille infinie. Elle se tisse à mesure que le temps s'écoule. Quand on altère le passé, on oblige la tapisserie à retisser tous les événements qui se sont produits, et à répercuter tous les changements sur les fils avoisinants, ce qui altère les autres fils à leur tour... et ce, tout en continuant à tisser la grande trame du temps. Si l'altération est trop forte, la tapisserie ne parvient pas à rattraper le coup, et le temps se déchire : l'avenir est détruit, et le métier repart en arrière.
- Euh... OK, je vois, mais ce n'est pas trop grave, non ? Le temps s'écrit à nouveau.
- Différemment. D'autres choix sont faits, d'autres hasards sont déterminés, c'est un tout autre avenir qui se crée. Et si ça peut tourner en bien comme en mal, ce n'est pas une bonne chose. Ça peut attirer l'attention d'esprits et de puissances qui ont une perception du temps bien plus complète que nous et qui n'aiment pas du tout qu'on anéantisse tout ce qu'ils ont fait pendant des années.
- Oh... mais, la trame est détruite, non ?
- Il est encore possible de la réparer, il suffit d'annuler la déviation. Que faisais-tu avant que Morgane ne t'attaque ?
- Je... j'étais chez moi, j'avais une discussion importante avec un ami... je devais changer un événement bien précis. Oh, mais dois-je le faire ?
- Est-ce vraiment important ?
- Oui... dans quinze ans, vous allez me recruter et m'envoyer sur le septième monde. Sauf que là-bas, mon pouvoir est devenu incontrôlable ! Je dois... changer quelque chose pour mieux maîtriser ma vie... et moi-même.
- Alors dépêche-toi. Ne reviens pas en arrière dans le temps, tout serait à refaire.
- Oui, c'est vrai. Merci, Franck. Tu m'as sauvé d'un destin horrible !
Je redémarre mon scooter et fonce vers ma maison. Il est temps d'affronter Ludo, mais après tout ce que j'ai vécu, c'est une douce plaisanterie.

- Salut ! Fait-il en arrivant.
- Salut ! Viens, fais-je en lui montrant ma chambre. Je sais déjà qu'il n'a pas envie de boire.
- Tu veux faire quelque chose ? Lui dis-je pour lancer la conversation, une fois qu'on s'est installés.
- En fait... je voulais te dire quelque chose. Je... tu es mon meilleur pote, Chris, et...
- Inutile de tourner autour du pot avec moi, tu le sais. Comme tu le dis, je suis ton meilleur ami.
- Ouais. Merci, Chris. Voilà... je suis gay.
- Je vois. Je te remercie de ta confiance, Ludo, et je peux t'assurer que ça ne change rien pour moi.
- Ouais, je te remercie bien. Mais... euh...
Je baisse la tête. Que dire, maintenant ?
La vérité.
- Tu m'as fait confiance, et j'en suis vraiment touché. Je te dois la vérité également. Voilà... j'ai été malade. Le SDNA.
- Oh merde. Tu... tu as l'air de t'en être bien tiré, je me trompe ?
- Presque bien, ouais, à un détail près, je m'en tirais sans séquelles. Je suis impuissant.
Ludo lit la douleur sur mon visage, et me prend par les épaules.
- Je suis vraiment désolé, Chris.
- Ça me tue, Ludo. Je suis désespérément seul, je ne connaîtrai jamais l'amour, tout ça à cause d'une maudite maladie !
- Je t'aime, moi !

C'est un véritable cri du cœur, et ça me touche pas mal de l'entendre dit avec autant de conviction et de force. Je reste un moment à le regarder, ne sachant comment y réagir, et il rougit en détournant le regard.
- Pour moi aussi c'est dur, tu sais. Aimer sans espoir, il n'y a rien de plus douloureux.
- Je ne pourrais rien t'offrir, Ludo, je ne pourrai jamais...
- Tu as beaucoup à offrir, au contraire. Là, dit-il en touchant mon torse. C'est ça que je veux avant tout. Quelqu'un qui pense à moi, qui me serre dans mes bras, quelqu'un que je puisse aimer et qui m'aime en retour, c'est ça que je veux par-dessus tout !
J'ai la gorge serrée.
- C'est ça que je veux aussi, Ludo... c'est ça qui me manque atrocement !
- Alors laisse-moi te l'offrir.
Il me prend dans ses bras, et c'est comme si un barrage s'ouvrait en moi, tandis qu'une extraordinaire sensation s'empare de moi, naissant dans mon torse, dans mon cœur, une sensation euphorique et inconnue. L'amour ? Je ne sais pas, mais c'est bon, très bon. Je le serre en retour contre moi, et le sentiment s'amplifie.
- Et puis, tu sais, Chris, sur le plan sexuel, murmure-t-il, espiègle, un seul sexe suffit entre mecs !


Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - KLO7514 - 10-05-2022

Un seul sexe suffit! Et comme disait Mère Denis* : «Ah ça, c'est bin vrrrai!» Alors, ce serait cela la chose ultra importante de Chris pour laquelle il est OBLIGÉ de changer le passé. Son impuissance l'avait tellement marqué que ça le bloquait terriblement pour agir quinze ans plus tard dans le 7ème Monde. Si, maintenant, il se sent aimé comme il est, les conditions de sa vie vont être bouleversées. Et nous n'avons pas fini d'entendre parler de Ludo.
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*Cette infortunée Mère Denis embauchée par une bande de demi-escrocs pour dire du bien des machines à laver V*****E s'était fait avoir en beauté pour sa rémunération. De nos jours, on parlerait d'abus de faiblesse.
C'était l'époque où notre cher Coluche parlait aussi des "maisons Merlin" disant : «Maisons Merlin, cages à lapins»(→C'est toi qui m'y a fait repenser en évoquant Merlin)


Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - inny-2 - 10-05-2022

7 - Faute d'un clou

Je ris à cette remarque.
- Je ne crois pas être prêt à ça, dis-je.
- T'en fais pas, je te charrie un peu. Pour le moment, je veux juste profiter du bonheur d'être dans tes bras. D'être avec toi.
Le bonheur. C'est ça, cette sensation que je ressens. Pour l'amour, j'ai le temps, je crois, s'il vient jamais. Mais pour le moment... moi aussi, je veux profiter de cet instant. Quelle journée incroyable. Le plus épatant dans cette folle suite d'événements est bien que je me retrouve à finir cette journée quinze ans avant qu'elle ne commence. Et... je n'ai pas envie qu'elle se termine. Je ne veux pas revenir là-bas. J'ai une vie que je veux vivre, une vie dont j'ai été privé et que j'ai la chance de pouvoir enfin connaître. Une deuxième chance... combien de personnes vendraient leur âme pour ça ! C'est décidé, je reste. Mais je sais que je devrai tout faire pour rattraper le cours du temps pour me retrouver sur le septième monde où tout cela a pu se produire, ou...
Oh merde. Si je reste, et que je vis ma vie jusqu'au bout, je devrai repartir en arrière ou pas ? Il y a là un gros paradoxe dont je n'ai pas la réponse. Il faudra que je demande à Franck, quand je le reverrai.
L'autre gros souci, c'est Morgane. Franck et elle ont l'air de se connaître. Il faudra là aussi que j'aie des explications ! C'est dingue ça... quoique... et si...

- À quoi tu penses ? Demande Ludo.
- À l'avenir.
- Est-ce que j'y suis ?
- Bien sûr que tu y es ! Plus que jamais.
Il sourit, me regardant avec des yeux brillants. Puis son visage s'approche du mien, et je comprends qu'il va m'embrasser. Je reste immobile, attendant le contact avec appréhension, mais désireux de ne pas le blesser en évitant ce baiser. Ça va être une première...
Comme nous sommes de toute façon très proches l'un de l'autre, l'attente est de courte durée, et ses lèvres se posent brièvement sur les miennes avant de se retirer. Ah, je m'attendais à autre chose.
- Je vais avoir besoin de temps, c'est... très nouveau pour moi.
- Ne t'en fais pas, j'avais compris, Chris. Je serai patient.
- Merci.
On passe l'après-midi à s'amuser, plus complices qu'avant, et je lui suis reconnaissant pour tout ce qu'il m'a apporté. J'ai vraiment le sentiment qu'une nouvelle existence s'ouvre à moi.
C'est donc avec un sentiment d'extrême frustration que je me sens soudainement plonger dans la lumière bleue qui accompagne mes transferts.

Année 2269, Italie, dans les ruines de Rome

De toute évidence, je ne suis pas sur le septième monde, mais toujours dans mon passé. Quatre ans ont passé, et je suis dans une période de ma vie que je n'aurais pas voulu revivre. Jeune militaire entraîné dans une guerre, j'étais en Italie, dans une zone que revendiquait la Fédération PanAfricaine sous prétexte qu'elle était inhabitée. Le fait que c'était parce qu'elle était fortement radioactive depuis la troisième guerre mondiale n'avait visiblement pas l'air de les arrêter. Évidemment, on n'était pas d'accord. Évidemment, ça avait dégénéré. Beaucoup. On se battait depuis trois mois maintenant, et on n'avait pas encore pris conscience du fait que ça allait empirer au-delà de tout ce qu'on avait craint. On pensait que nos dirigeants avaient retenu les leçons de la troisième guerre mondiale. Pas qu'ils allaient en déclencher une quatrième.
Qu'est-ce que je fous là ? Je me concentre pour partir, mais c'est peine perdue. Et me tuer ne servira à rien.
Je transpire dans mon armure de combat, qui me protège des radiations environnantes. Je dois me calmer, faire le vide en moi et laisser filtrer ma mémoire récente...

Je reçois soudain sur ma visière une liste d'instructions et de coordonnées. Je vérifie rapidement mon arme et mon paquetage avec le petit groupe qui a été choisi pour cette mission et me met en marche, contournant un groupe d'immeubles à moitié détruits pour rejoindre la première position, au bord de la Viale Guilio Cesare. Un boulevard trop dégagé à mon goût.
Une attaque EMP avait neutralisé tous nos drones, et on devait se battre directement, entre humains. Le seul point positif était que les deux camps évitaient de bombarder la zone. Les bombes utilisées ici avaient fait du travail sale, très sale, et les cendres brûlantes qui couvaient sous nos pieds ne demandaient pas grand-chose pour relancer un incendie radioactif dans toute la région.
Personne ne savait à cette époque quelle arme avait été utilisée pour rayer Rome de la carte. Ceux qui auraient pu le révéler avaient été réduits au silence par la riposte qui n'avait pas tardé. Tout ce qu'on savait, c'était que la région serait inhabitable pour un bon million d'années.

Nous attendons un moment à l'abri du pan de mur, attendant une couverture permettant de passer
- Qu'est-ce qu'ils foutent ?
- Ils ne viendront pas, dit le sergent. On vient de me dire qu'on leur a donné une mission prioritaire. À nous de nous démerder pour passer.
Les autres râlent, nous savons que les panafs tiennent bien les grandes avenues et nous bloquent efficacement le chemin.
- J'ai une idée, dis-je. On peut emprunter un autre chemin. Ils n'imagineront jamais qu'on va oser le faire.
- Faire quoi ?
- C'est à nos pieds.
J'indique la bouche d'égout devant nous.
- T'es frappé, Chris ? Tu sais ce qu'il y a, là-dessous ?
- Nos combis ont été spécialement faites pour ça, dis-je. Et j'ai déjà fait la traversée.
- Quand ça ?
- De nuit, lors d'une mission... top secret. Désolé.

Ils me regardent, assez surpris. Moi, un jeune appelé embarqué dans cette guerre, choisi pour une mission top secret ?
- J'étais sacrifiable, dis-je. Vous saisissez ?
- Comme nous tous, soupire Marc.
- OK, on y va. Christian, tu ouvres la voie.
- Oui, sergent !
Il n'y a jamais eu de mission secrète. J'avais fait cette traversée seul, au retour de la mission que nous sommes en train de commencer. Je savais que c'était faisable. Je leur sauvais la vie à tous, enfin, je l'espérais en tout cas.
Devrais-je le faire ? N'étais-je pas en train de maltraiter la tapisserie ? Tant pis. Je ne les laisserai pas mourir, pas cette fois.
Mais quand je vois cette incandescence qui s'offre à nos yeux lorsqu'on parvient enfin à enlever la plaque de métal, cette rivière de poussière brûlante, violant les lois de la physique... de notre physique, l'arme venant d'un autre monde, comme on a fini par le comprendre bien des années plus tard, je me précipite vers un avenir plus accueillant.

Année 2275, à Paris

Je suis de retour chez moi, la guerre est finie depuis un an, et il m'a fallu du temps pour m'en remettre. Mais je n'ai pas été libéré pour autant, la situation reste tendue et j'ai été intégré à une unité spéciale. Je suis en permission, et j'en profite. Je ferme les yeux, enfin au calme, et laisse couler en moi les souvenirs récents, et moins récents. Je dois découvrir les conséquences de mes actes.
Euh ? Je me trompe, je ne suis pas mobilisé, je ne suis pas dans la section spéciale, on a gagné la guerre et... et je ne vais pas être pris dans un engrenage qui finira par m'envoyer vers le septième monde pour fermer le cercle ! Ce n'est pas bon du tout, j'ai merdé ! Je n'arrive pas à croire qu'une modification aussi mineure ait pu changer le cours de l'histoire. Il me revient en mémoire un poème de Georges Herbert :
Faute d'un clou l'on perdit le fer, Faute d'un fer l'on perdit la monture, Faute d'une monture l'on perdit le héros, Faute d'un héros l'on perdit la bataille. C'est ainsi que l'on perdit un royaume, A cause du royaume on perdit la vie. Faute d'un clou.

Le temps doit être en train de se déchirer à nouveau, et c'est totalement de ma faute cette fois-ci. L'avenir qui se dessine est-il mieux ?
Non. Parce que je sais qu'il y a des choses qui vont se passer qui ne sont en rien affectées par ces changements, et je dois y être...
Je me redresse soudain.
- Parce que sans moi, Franck va se faire prendre l'épée de lumière ! Et ça ne doit pas arriver !
Cette arme peut briser les sceaux magiques emprisonnant de véritables horreurs. Ouvrir des portes interdites, des passages oubliés, alimenter des armes effroyables, et même détruire un monde.
C'étaient les paroles de Franck, et j'ai le sentiment qu'il n'exagérait pas. Je sens une boule dans ma gorge, tandis que je me rends compte des conséquences de ce que j'ai fait.
Faute d'un clou.
Je me concentre comme je ne l'ai jamais fait, appelant le pouvoir en moi, ressentant cette sensation d'énergie qui coule comme une rivière, et la canalise selon ma volonté.

Année 2269, Italie, dans les ruines de Rome

- Qu'est-ce qu'ils foutent ?
- Ils ne viendront pas, dit le sergent. On vient de me dire qu'on leur a donné une mission prioritaire. À nous de nous démerder pour passer.
Les autres râlent, nous savons que les panafs tiennent bien les grandes avenues et nous bloquent efficacement le chemin.
Je me tais, cette fois. Le prix à payer est trop élevé. Mais ce sont mes camarades, bordel. Ils ne méritent pas ça.
- On annule, dit Marc. On n'a aucune chance de passer.
- On doit le faire, dit le sergent. On doit absolument le faire. S'il y en a qui se dégonflent, qu'ils rentrent l'expliquer au général ! Personne ? Alors on y va !
Nous rebroussons chemin vers une zone plus abritée et forçons le passage, laissant trois d'entre nous sur le carreau. L'alerte est donnée, ils nous traquent désormais, et nous fonçons accomplir cette mission suicide avant qu'il ne soit trop tard. Nous tombons sur un barrage des panafs qui nous prennent en tenaille, et seuls quatre d'entre nous s'en tirent.
Mon casque intégral cache mes larmes. Je ferme les yeux et plonge vers l'avenir, sachant que j'ai rétabli les choses comme elles devaient l'être. Il y a des gens que l'on ne peut pas sauver.

Année 2275, à Paris

La maison est bien vide, je suis bien trop seul ici. J'ai perdu de vue Ludo quand on a commencé notre service militaire, et la guerre l'a emporté. Et je ne peux rien y faire. Je n'étais pas à ses côtés. On n'a jamais retrouvé son corps, ce qui m'avait empli d'espoir pendant un temps, mais il n'est pas revenu.
- Mes pouvoirs se développent, dis-je dans le vide. Je le retrouverai. Je le sauverai.
Je lui doit bien cela, à lui qui m'a fait découvrir l'amour, le bonheur, le plaisir. Je lui dois tout.
- Je dois m'entraîner et apprendre à maîtriser mon don. Et il y a quelqu'un qui semble en savoir pas mal là-dessus. Car ce n'est pas Morgane qui va m'aider.
Je sors de chez moi et monte sur ma moto, avant de partir vers un lieu isolé. Une forêt, en pleine nuit, ça ira très bien.
Je m'enfonce dans les bois, une fois arrivé, jusqu'à être sûr de ne pas pouvoir être vu, et me concentre. Je relâche mon pouvoir, sachant qu'il sait percevoir un tel signal. Je ne me retiens pas, faisant tourbillonner l'énergie autour de moi.

- À quoi joues-tu ?
- Morgane... ce n'est pas toi que je voulais appeler. J'essayais d'attirer l'attention de Franck.
- Avec une telle débauche d'énergie ? C'est pathétique...
Une idée me vient. C'est assez osé, mais...
- Il y a une ligne temporelle où tout ce que nous connaissons est anéanti. Ce monde, et les autres. Et cette ligne, je l'ai vue. Elle ne tient qu'à moi de se réaliser ou non. Mais c'est une lutte face à un adversaire qui me dépasse. Je ne maîtrise pas mon don.
- Oui, c'est clair que tu ne maîtrises rien ! Et qu'espères-tu, que je vais te former ? Toi ?
- À moins que tu ne veuilles vivre dans un monde de ruines ? Seule ? Je ne le pense pas. Nous ne sommes pas les seuls à avoir ce pouvoir, et mon adversaire est bien plus fort que moi.
- C'est tout ce que tu as trouvé ? Pauvre idiot ! Je sais parfaitement ce qu'il y a sur le septième monde, tu me crois née de la dernière pluie ? J'ai des siècles d'existence, misérable vermisseau ! Je sais très bien ce que tu affrontes, et je m'en moque !

- Ce n'est pas ce que vous avez dit la dernière fois.
- C'est tout au plus une nuisance. De mon point de vue, du moins.
- Vous pouvez aller et venir comme vous le désirez entre les mondes, pas vrai ? Ça expliquerait que vous en sachiez autant.
- Tout à fait.
- Alors qu'est-ce qui vous retient sur Terre ? Il y a bien quelque chose ici auquel vous tenez.
- Idiot. Si tu n'as même pas compris ça...
- Pourtant ce monde est menacé ! Rome a été anéanti par une arme d'un autre monde, et je ne pense pas qu'elle venait d'un des six mondes. Il y a un ennemi puissant... qui a fait un test.
L'intuition vient de me frapper. Tout un ensemble de connexions est en train de se mettre en place dans mon esprit. Et si...
- Tu as au moins compris ça. Oui, c'est le monde d'Elrad qui a fait une démonstration. Très convaincante par ailleurs.
- Elrad ? Mais qu'est-ce qu'ils nous veulent ?
- Tu demanderas à Franck quand tu le rencontreras de nouveau.
- Vous avez l'air de vous connaître, tous les deux.
- Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois. J'ai déjà fait appel à la Garde Bleue pour certaines missions.
Je suis surpris par cette nouvelle inattendue.
- Bien, mon temps est précieux. Inutile d'appeler Franck, il est loin des six mondes en ce moment.
Elle disparaît avant que je puisse répondre.
Et je peste contre ce nouvel échec. Double échec, en fait. Si j'avais pu contacter Franck, j'aurais pu le faire dans l'histoire parallèle où j'ai sauvé mes camarades, et rétablir le lien avec les événements obligatoires dans l'avenir. Mais non, cette chance ne m'est pas offerte. Et je ne pense pas être en mesure de me déplacer pleinement, car je manque de temps pour apprendre. Et une fois l'affaire du septième monde résolue (une nuisance, vraiment ?) elle viendra pour m'enterrer vivant pour l'éternité.
Je relâche mon pouvoir inutile. J'ai fait tout ce que j'ai pu. Il ne me reste un événement à changer. Au moins pourrai-je enfin obtenir des réponses. Il est temps de repartir là où toute cette affaire a commencé...

Mai 2280, au Havre

- OK les gars, vous savez ce que vous avez à faire.
- Les infos pointaient vers le septième étage, chef. Vous êtes certain de votre coup ?
- Tout à fait. C'est dans cette grande salle centrale que tout se joue. Vous avez vérifié les lance-roquettes ?
- Oui, tout est OK. Vous voulez vraiment vous servir de ça à l'intérieur ? Ça va faire du dégât.
- Il faudra bien ça. On a des visiteurs d'Outremonde là-bas, avec de la technologie des Protecteurs, et ils ne nous veulent pas du bien. Voilà les infos que j'ai eu de mon contact, et j'ai confiance en lui.
- D'accord, chef, on est prêts.
- Alors on y va !
Nous investissons le bâtiment en vitesse, montant directement vers le cinquième au risque de nous faire surprendre par derrière, mais je veux arriver avant l'ouverture de la faille. Et j'ai bien fait : l'avertissement n'est pas encore arrivé lorsque nous faisons sauter la porte. Je couvre l'arrivée de mes hommes d'une longue rafale, les laissant entrer pour viser l'appareil situé sur notre gauche.
- Non !
Le tatoué a compris, mais trop tard, les roquettes pulvérisent le portail avant qu'il ait eu une chance de s'ouvrir.
- Retraite ! Crie-je dans mon casque. Mes hommes sortent sans se poser de question et je claque la porte sur la boule de feu qui nous était destinée. À quel point son bouclier peut-il tenir le choc ?
- Les gardes sont en train de converger vers nous, je ne veux voir aucun d'entre eux passer ne serait-ce qu'un cheveu hors de l'escalier. Delta, Gamma, vous les prenez à revers. Marc, ton lance-roquette.

J'ouvre de nouveau la porte, sachant que si je me fais descendre, je recommencerai autrement.
L'homme regarde mon arme, et comprenant soudain ce que je m'apprête à faire, m'envoie une autre boule de feu. Mon tir part en même temps, et nous nous jetons à terre. J'avais bien anticipé son mouvement...
Son sort passe au-dessus de moi, et ma roquette l'envoie au fond de la salle. Je recharge en tentant d'y voir clair à travers la fumée. Il y a un trou au milieu de la pièce, et je dois en tenir compte. Je fonce vers le fond de la salle, pour l'empêcher de fuir par là, et découvre son corps immobile.
- Steve, Jacques, avec moi !
Ils entrent rapidement, me rejoignent et examinent le corps tandis que je le garde en joue avec une arme plus précise.
- Il est inconscient. Pas de blessure apparente.
- On a ce qu'on était venu chercher. On l'emporte et on se replie.

Paris, Quartier général

- Bonjour, Alvar. Bien dormi ? Tu es resté plusieurs jours inconscient, on devait s'assurer qu'on avait bien retiré tes tatouages. On ne pouvait pas te laisser avec, n'est-ce pas ? On a plein de choses à se dire.
- Vous n'imaginez pas quelle erreur vous faites en me retenant ici.
- Oh, Alvar... ton grand-père aurait vraiment honte de toi.
- Comment me connaissez-vous ?
- C'est moi qui pose les questions, et en fait, je n'en ai qu'une seule : qui est derrière tout cela ?
Le sérum de vérité qui court dans ses veines fait son effet : il parle.
- Drazak'aar'den.
- C'est le Drakkh gris ?
- Oui. Cela fait longtemps qu'il attire l'attention, il veut que Franck intervienne, mais qu'il ne se doute de rien. Il a vendu des armes de son monde à la Terre, fomenté divers plans sur les six mondes, mais ce qu'il veut, c'est Franck.
- Ou plutôt son épée. Que veut-il en faire ?
- Ça, il faudra lui demander. Je l'ignore, tout ce que je sais, c'est qu'il est très puissant. Et qu'il ne laisse personne se mettre en travers de ses plans.
- Ça, ça reste à voir.
Je suis resté ici uniquement pour interroger cet homme. Je ne peux me permettre de rater la conjonction avec Outremonde. Je me concentre pour revenir en arrière. Il est temps de recoller les morceaux et de revenir sur le septième monde. Je me demande si les choses ont changé là-bas.


Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - inny-2 - 11-05-2022

8 - Explications

Je traverse le portail me menant en Outremonde, et rencontre enfin Franck.
On a beaucoup de choses à se dire...
- Bonjour, Franck. Il était temps qu'on se retrouve. J'ai pas mal repensé à tout ce qui m'est arrivé. Ça fait un bail que tu me surveilles, on dirait.
- Je t'ai repéré dès ta naissance. J'ai usé de sorts de dissimulation pour te donner une chance de devenir adulte. J'espérais te recruter plus tôt, mais il est arrivé pas mal de choses.
- J'ai beaucoup de questions... et j'ai des informations vitales pour toi.
- Très bien, vas-y.
- Par quoi commencer... Morgane. Qui est-elle ?
- Il y a les légendes, et il y a l'histoire. Ne te laisse pas abuser par le folklore. La réalité est toujours très terre à terre. Morgane et Merlin datent d'une époque et d'un lieu qui ne connaissait pas l'histoire écrite, et la tradition orale a tendance à vite déformer les faits. Merlin a offert une fraction de son pouvoir à Morgane, mais celle-ci n'a pas supporté de n'être que l'ombre de son mentor. Elle l'a saoulé et pendant qu'il était vulnérable, l'a plongé en stase, afin qu'il reste inaltéré pour l'éternité.
- Je vois... mais alors, qu'est-ce qui la retient sur Terre ?
- Merlin, bien sûr. Que crois-tu qu'il se passerait s'il était libéré ? Elle est devenue son geôlier, et partant de là, elle est tout aussi emprisonnée que lui. Elle vit depuis des siècles dans la hantise que quelqu'un comme toi le libère.
- Compris ! Mais tu la connais bien...
- On s'est croisés à plusieurs reprises, oui. Une chance pour toi.
- Et mon pouvoir ?
- Tu peux canaliser l'énergie primordiale. C'est un don unique et très rare chez les humains.
- C'est plus commun chez les dragons ?
- Ils n'y ont pas accès. Et il y en a que ça fait pas mal enrager, je peux te le dire. Certains d'entre vous ont été capturés par des Drakkhs gris et ont subi vivisections et expériences affreuses.
- Argh... euh, je ferais bien d'être discret... mais... comment m'as-tu détecté ?
- J'emploie des esprits depuis...
- Oui, je me souviens maintenant, ça, tu me l'as déjà dit. Enfin, dans une autre ligne temporelle. Ah, tu connais le monde d'Elrad ?
- Le monde des Drakkhs gris...
- Ce sont eux qui ont vendu la bombe qui a détruit Rome et en a fait un enfer pour le million d'années à venir.
- Pourquoi faire ça ?
- Il y a plein d'événements louches dans les six mondes qui portent la marque d'un autre monde. Et qui appelle-t-on quand ce genre de choses arrive ? La Garde Bleue. Ils veulent que tu interviennes. C'est un piège très élaboré. Et le dernier événement en date a failli réussir, si je n'étais pas intervenu pour changer la donne, ils auraient gagné.
- Pourquoi moi ?
- Ils savent que tu as une épée de lumière. Ils la veulent.

Franck réfléchit longuement.
- Je dois apprendre à maîtriser mon pouvoir, dis-je, mais je manque cruellement de temps. Je ne sais pas comment faire...
Et je dois sauver Ludo. Le retrouver et le mettre à l'abri. Et la tapisserie peut aller se faire cuire un œuf.
Franck ne m'a pas écouté.
- Ce qui se passe sur le septième monde... est-ce que ce serait eux qui sont derrière ?
- Demande à tes esprits de se renseigner sur Drazak'aar'den. C'est lui qui est derrière les récents événements. Il est en ce moment à la forteresse de Kar Dashrin. Il a recruté Alvar, mais on l'a arrêté sur Terre. Il avait le corps couvert de tatouages à l'encre de Chrystal, qui lui permettait de lancer des sorts sur Terre.
- Tu n'as pas chômé, à ce que je vois.
- J'ai vécu plusieurs existences, du moins c'est l'impression que j'en ai. Certaines étaient de graves erreurs lourdes de conséquences.
- Tu as un pouvoir unique dont rêverait n'importe qui. Mais n'en abuse pas, car tu n'aimerais vraiment pas voir le temps se déchirer.
- J'ai eu une bonne leçon il y a pas longtemps... on ne peut pas tout changer... oh, mais... une minute, tu disais que Merlin a donné une fraction de son pouvoir à Morgane ? Je peux faire ça moi ?
- Bien sûr. Ton pouvoir brut surpasse de loin celui de Morgane, mais elle a eu des siècles pour le maîtriser.
- Et moi, comment je vais faire ? Elle va me tuer quand cette affaire sur le septième monde aura été résolue.
- J'ai quelques atouts dans ma manche, figure-toi. Je n'ai aucune intention de te sacrifier.
- Quels atouts ? Je vais être seul sur le septième monde, et je ne pourrai m'en remettre qu'à moi-même.

Il pèse le pour et le contre. Et se décide.
- J'ai barboté Merlin.
- Tu as quoi ?!
- Elle l'avait enterré à des kilomètres de profondeur. J'ai envoyé des esprits de la Terre le récupérer. Merlin est dans la forteresse de lumière, où je suis le seul à pouvoir entrer.
- Ça fait longtemps, cette histoire ?
- Je dirais, quelques dizaines d'années.
- Comment on entre dans la forteresse ?
- Il faut avoir une lame de lumière.
- Et qui s'intéresse à ceux qui ont ce pouvoir, et qui veut désespérément une lame de lumière ?
- Oh ! C'est pas vrai !
- Tu as bien fait de le voler, dis-je, au moins, il est en sécurité là où il est ! Mais on ferait mieux de le libérer ! Euh, mais comment faire ?
- Tu dois maîtriser ton pouvoir, c'est impératif. Et le septième monde est, je pense, l'endroit idéal pour ça. La deuxième race du multivers à maîtriser l'énergie primordiale s'y trouve.

- Les Eldars !
- Oui.
- Qui sont-ils ?
- Ah ! C'est une sacrée histoire.
- J'ai toute l'éternité devant moi.
- Il faudrait presque ça pour la raconter ! Le septième monde était déjà très, très vieux, quand le système solaire n'était qu'un nuage de gaz qui commençait à se condenser. Et les Eldars datent d'avant cette époque. Ils ont évolué bien au-delà de l'humanité, ils auraient même pu transcender et devenir des puissances, mais ils ont choisi de maintenir une existence physique en ce monde, pour une raison que j'ignore. Pour eux, les humains sont des animaux, au même titre que des rongeurs. Ils ne remarquent pas votre existence. Sérieusement. Il est impossible pour un humain d'entrer en contact avec eux. Seuls les dragons sont suffisamment anciens pour trouver grâce à leurs yeux. Ils viennent parfois sur le septième monde discuter philosophie. Aucun dragon ou Drakkh, si maléfique soit-il, ne lèverait une griffe contre un Eldar qui peut d'une pensée retisser la tapisserie pour l'en effacer.
- Effectivement, ça calme.
- Ils n'interviendront pas sur ce qui se passe sur l'aspect sombre de leur monde.
- Qu'est-ce que c'est que ce monde ?
- Pour devenir les êtres évolués qu'ils sont, ils ont dû refouler bien des aspects de leur nature. Étant donné leur pouvoir, ça a dédoublé leur monde. Les êtres élevés vont sur le monde lumineux, les animaux sur le côté sombre.
- Merci !
- Vous avez fait quoi, récemment, sur votre monde ? Parle-moi de Rome.
Je lui tourne le dos, piqué au vif. Il a parfaitement raison, mais ce n'est pas agréable à entendre.
- Le septième monde met ses visiteurs face à eux-mêmes, disent les Eldars. Bon. Je n'ai qu'une fenêtre limitée pour vous envoyer là-bas, et je dois rassembler les autres.
- Quels sont leur pouvoir ? Chacun a un don, m'avez-vous dit. Il est temps que je sache, si je veux les utiliser au mieux.
- Aram est un disciple de Magnos, et il peut lire le passé d'un objet par le toucher.
- D'accord.
- Et Laura... elle a des pouvoir assimilables à ceux d'un vampire. Hypnose, force, vitesse... mais elle n'a pas leurs faiblesses.
- Je l'ai déjà vue à l'œuvre et c'est impressionnant...
- Bon, je vais les chercher...
- Non, je n'ai pas fini. On peut parler pendant un siècle s'il le faut, j'ai juste à revenir en arrière à ce moment, avec toutes mes connaissances, et on n'aura jamais perdu de temps.
- C'est vrai.
- Que se passe-t-il avec ce foutu septième monde ? Quel est le problème, bon sang ?
- Il s'éveille.
- On va aller vachement loin avec ça.
- Les Eldars ont rejeté tout ce qui entravait leur développent. Tous leurs cauchemars, leur part obscure, animale, leurs défauts... ils ont tout envoyé dans une dimension parallèle qui est littéralement collée à leur monde.
- Parce que ça fait partie d'eux. Ils auraient dû l'assumer au lieu de le rejeter. Ils ont triché avec leur nature au lieu d'évoluer normalement.
- C'est possible, je n'en sais rien. Ne tire pas de conclusions hâtives sur un peuple aussi ancien, Christian.
- Je n'ai aucune intention d'avoir la moindre compassion pour eux. Si j'ai bien compris ce qu'a dit Morgane, c'est de leur faute, et ça risque d'impacter les six mondes...
- Le multivers, en fait.
- Génial. Et comment ça se présente en ce moment précis ? Quelles sont les dernières infos que tu as eues ?
- Le temps s'est détraqué sur ce monde. C'est là que tu vas pouvoir intervenir le plus directement. Des choses sont vues, qui sont issues du passé des Eldars et les puissances savent à quel point il remonte loin. C'est terriblement étranger, Christian, et ça n'a pas sa place dans notre existence.
- Quelles choses ?
- Je n'ai pas de meilleure description.
- Qui t'a raconté ça ?
- Toi, dans une ligne temporelle qui n'existe plus, vu que je t'ai recruté bien avant que ça se produise. C'est toi, Christian, qui a lancé toute cette histoire.
- Oh. L'embêtant, là, c'est que je me suis coupé l'herbe sous le pied ! Pourquoi est-ce que je ne suis pas revenu en arrière dans mon propre corps pour changer les choses ?
- Tu étais déjà au-delà de ça, tu es venu avec ton corps de l'époque. Tu avais échoué car tu t'y étais pris trop tard. Alors, tu es venu physiquement me voir avant même ta naissance. Puis, tu as disparu, effacé par le paradoxe que tu venais de créer. J'ai alors pressé les choses. Je peux déjà te dire que tout se passe très différemment de ce qu'il m'a raconté, et du coup, je suis aussi perdu que tout quant à ce qui va se passer.
- D'autant que j'en ai rajouté une couche en manipulant le cours du temps... Mais heureusement, dans le bon sens ! Ça s'est mieux passé que la dernière fois. Protège bien l'épée, Franck. Je sens que c'est vital.
- Ne t'en fais pas pour ça.
Tout se passe ensuite à peu près comme précédemment, sauf que cette fois, nous n'avons pris d'assaut aucune forteresse. Au lieu de ça, nous avons directement été vers le septième monde. J'espère que cette fois, ça va aller.
À notre réveil, Franck est déjà reparti. Et je suis le seul à comprendre que oui, les choses ont radicalement changé ici.
Je dois garder à l'esprit le fait qu'une ou plusieurs personnes sont derrière tout ça, j'en suis certain en tout cas. Mais il est difficile de se concentrer tant la vision qui s'offre à nous est stupéfiante.
- C'est impossible...

Franck

Tant de choses dont je dois tenir compte. C'est d'autant plus difficile que tout peut être effacé en un clin d'œil par un retour en arrière de Christian. Quel pouvoir !
Je me concentre et plonge dans l'intermonde. Je ne vais pas loin : le Domaine, un micro-monde créé par une puissance indépendante, flotte non loin. Je m'en approche, touche la frontière, et ma main passe au travers : je suis invité.
L'intérieur est toujours le même, une maison blanche au bord d'un lac bordé d'une forêt, le tout cerné de hautes falaises. Le lieu est éternel, tout comme ses occupants.
- Thomas ! Philippe ! Sédio !
- Franck !

Nous nous saluons joyeusement. Ça me fait plaisir de retrouver des amis du passé, et de savoir qu'ils ne disparaîtront pas comme le font les mortels. Comme l'a fait mon amour.
Le maître des lieux arrive ensuite, tranquillement. Il me regarde un moment et soupire.
- Vous êtes encore une fois au cœur des événements, Franck. Mais c'est commun chez les Drakkhs.
- Je n'ai pas le choix, on dirait. Vous êtes au courant de de qui se passe ?
- Oh, oui. J'ai beaucoup apprécié le tour que vous avez joué à Morgane en lui subtilisant Merlin. Une riche idée que vous avez eue.
- C'était l'idée de Christian, dans sa première ligne temporelle. Mais maintenant, j'ai ce problème avec un Drakkh gris qui en veut à ma lame de lumière...
- Si ce n'était que ça...
- Quoi ? Qu'y a-t-il ?
Il réfléchit un moment. Je sens qu'il se demande s'il doit intervenir. C'est délicat pour lui. Je crois qu'il n'est pas loin de passer à un stade supérieur, et les choix qu'il va faire décideront de son avenir. Plus il se détache des affaires de ce monde, et mieux ça ira pour lui.

C'est Thomas qui répond pour lui.
- On a observé ce qui se passe sur un plan plus global, Franck. Il nous apprend à le faire. Et on a vu que...
- Thomas.
Le maître des lieux a fait son choix.
- Tu en as assez dit.
- Vous étiez intervenu la dernière fois.
- Oui. Toutes les puissances ou presque sont intervenues. Parce que c'était une affaire qui les concernait également.
- Bien, dis-je. Je vois. Thomas, Philippe, Sédio, vous allez devenir des puissances à votre tour ?
- Ce ne sera pas pour tout de suite, mais d'ici quelques millénaires, qui sait ce qui adviendra ?
- Au revoir et merci pour le conseil, si minime soit-il. Je sais où regarder, maintenant. Je vais devoir partir.
- Christian... penses-tu qu'il ait une chance ? Demande Philippe. Nous sommes en dehors du temps, nous ne sommes pas affectés par ses altérations. Ça fait neuf fois qu'il échoue.
- Son pouvoir grandit. Il a le potentiel, mais il manque cruellement de temps pour le réaliser. Mais, tu sais quoi ? Je crois que cette fois, c'est la bonne.

Je les quitte après avoir parlé un moment avec mes amis du bon vieux temps, avant de les quitter. De retour dans l'intermonde, je lance un regard vers le septième monde avant de partir au loin, laissant tous ces mondes derrière moi et filant vers l'infini. Au bout d'un long moment, je croise de nouveaux points de lumière, mondes lointains et inconnus.
°Franck°
Je m'arrête soudain. Qui m'a appelé ? Ah, suis-je bête.
°Qui m'appelle?°
Aucune réponse. J'attends un moment, mais rien ne vient. Intrigué, je reprends mon vol. Je commence à apercevoir ma destination.
Arkh'ad'aark. Le monde natal des Coureurs d'Ombre.
Des dragons patrouillent autour de lui dans l'intermonde, et s'approchent de moi pour m'examiner avant de retourner à leur tâche. Je plonge dans la réalité de ce monde, et descends en flèche dans l'atmosphère en direction de la capitale.
Je reçois une impulsion mentale, et me téléporte sur une plate-forme que je m'empresse de libérer. Une foule de dragons et drakkhs à forme humaine se presse sur cette vaste place.
J'avais été surpris la première fois. Mon père m'avait expliqué que c'était très simple : c'est sous forme humaine qu'on prend le moins de volume. Et nous sommes nombreux ici. Et il n'y a pas que nous. Des êtres de myriades de mondes passent ou demeurent ici. Et je ne parle pas des autres dimensions, mais de mondes de cet univers. C'est un vaste empire galactique, dont les vaisseaux parcourent l'univers dans toutes les directions.
J'admire cette cité futuriste avec ses tours immenses, ses navettes et vaisseaux qui suivent des couloirs contrôlés, son peuple qui saute parfois d'une plate-forme pour déployer ses ailes et rejoindre une passerelle éloignée... J'imagine sans peine la tête que feraient mes amis en voyant un tel spectacle. J'ai eu la même la première fois.
Je passe plusieurs portails de transport, me retrouvant dans un secteur d'habitation où se situe un appartement qui m'a été réservé. Je m'y installe avec soulagement, et prend une douche avant de mettre des vêtements propres.
- Terminal.
- Connecté. Bonjour, Franck.
- Je demande une connexion aux données concernant les Drakkhs gris.
- Accès ouvert.
- Avons-nous quelque chose sur Drazak'aar'den ?
- Il est membre de leurs forces spéciales. Expert en magie de l'ombre et très entraîné psychiquement.
- Je te transfère ce que j'ai sur ses récents agissements. Qu'en déduis-tu ?
- Analyse en cours... Cela ne correspond pas à son schéma habituel.
- Il nous manipule. Il sait. Il nous conduit à procéder d'une façon particulière... Il cherche un but plus complexe qu'on ne l'imagine, mais il ne peut pas agir directement... parce que seul nous, ou moi, pouvons le faire.
- Cette analyse correspond à son profil.
- Merci. J'aimerais aussi savoir...
- Attente.
- Une minute...
Il y a une odeur dans la pièce. C'est une odeur humaine. Et, pire que tout, je l'ai déjà sentie il y a longtemps. Mais sur qui ?
- Salut, Franck.
Je me retourne, surpris. Et encore plus quand je reconnais la personne qui se trouve devant moi.
- C'est impossible...


Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - KLO7514 - 12-05-2022

Deux épisodes d'un coup. Il s'en passe, des choses, depuis le "sac de Rome", pas les hommes de Genséric, vers le Ve siècle de l'ère chrétienne! mais l'action  de cette arme redoutable essayée par celui que recherchent Franck et Christian jusqu'à ce que ce dernier, après des tribulations rapides et interuniverselles, se retrouve face à une connaissance totalement imprévue dans une paisible chambre du monde des Dragons. Qui est-ce donc?


Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - inny-2 - 13-05-2022

9 - Influences

Christian

Des navettes passent au-dessus de nos têtes, se dirigeant vers une plate-forme d'atterrissage sur une grande structure en arc de cercle s'étendant devant nous. Je regarde autour de moi. Nous sommes dans un petit parc surplombé de tours et de vaste bâtiments formant une véritable cité. Dans le ciel se trouvent des soleils miniatures qui éclairent le monde et teintent le ciel de bleu. Au sol, nos pieds foulent une herbe verte et dense qui ne nous permet plus de voir si le sol en-dessous est toujours constitué de la même pierre changeante.
- Mais où est-on ?
- J'ai déjà été sur le septième monde, dis-je. C'est un endroit désertique et vide. Ceci.. c'est impossible.
- Tâchons de découvrir où nous sommes arrivés, dit Aram.
- Non, il y a vraiment un problème, dit Laura. Même sur Terre, on ne trouve pas une telle technologie. Regardez les navettes...
- C'est de la technologie Protecteurs, il y avait des cités flottantes sur leur monde, mais à ma connaissance, personne n'avait compris comment ça fonctionnait. Aram a raison, tâchons d'en savoir plus, dis-je en me mettant en marche vers la sortie du parc.

J'ai déjà mon idée sur ce qui s'est passé. Le temps est instable sur le septième monde, et si, la fois précédente nous étions dans le passé, cette fois nous avons fait un grand bond vers le futur.
Et c'est là ma meilleure chance de découvrir ce qui peut bien se passer ici. Visiblement, nous avons réussi, du moins, dans cette ligne temporelle. Reste à découvrir ce que nous sommes censés faire...
Nous croisons des gens vêtus des tenues les plus diverses, mais aucune qui se rapproche le moins du monde de la nôtre. Pourtant, c'est à peine si on nous accorde un regard. Nous sommes tels des clochards, on préfère ne pas nous voir. Mais ce qui m'inquiète, c'est quand nous croiserons des policiers.

- Je vois des boutiques par là, dis-je. Hum, Laura, Franck m'a parlé de tes talents, crois-tu que tu pourrais nous obtenir des vêtements ?
- Sans problème. Venez.
Laura n'a effectivement aucune difficulté pour prendre le contrôle de la vendeuse. Nous portons maintenant une tenue moulante et résistante, dotée d'un terminal intégré sur le poignet, qui reste malheureusement en panne.
- Que faut-il faire pour qu'il fonctionne ? Dis-je à la vendeuse hypnotisée.
- Il devrait interagir avec votre ID, je ne comprends pas qu'il n'y parvienne pas.
- Tout le monde a un ID, n'est-ce pas ?
- Évidemment.
- C'est intégré au corps ?
- À la naissance.
- Ah, au fait... en quelle année sommes-nous ?
- Nous sommes en 2731, bien sûr. L'année de la grande conjonction !
On est au 28ème siècle ! Pas étonnant que tout nous semble si dépaysant...
- La grande conjonction ? Qu'est-ce que c'est ?
- Tous les journaux en parlent depuis des années voyons ! Tous les mondes du Multivers se croisent au plus près tous les cent millions d'années. Et ça va arriver cette année ! Presque tous les mondes sont déjà accessibles ! Il y a des milliers de vaisseaux qui font le voyage pour les explorer.
- Bien, vous allez oublier que vous nous avez vu, et trouverez parfaitement normal qu'il y ait moins de vêtements que ce que vous auriez dû avoir, dit Laura avant de nous faire sortir.

Je vais pour lui demander ce qui lui a pris, mais je constate qu'elle a perçu l'approche de clients. L'acuité de ses sens est assez bluffante.
- Nous devons trouver un terminal d'informations, une bibliothèque, dis-je.
- Elle nécessitera probablement un ID, dit Laura.
- On aura besoin de quelqu'un pour chercher à notre place, effectivement.
- Je suis vraiment perdu, dit Aram, mais vous avez l'air de savoir vous débrouiller dans un tel monde. Je m'en remets à vous.
- Évite juste d'avoir l'air de ne jamais avoir vu une telle cité. Fais comme si tout cela était pour toi aussi banal que ta ville natale.
- Oui. C'est difficile de se souvenir d'appliquer une règle de base comme celle-ci quand on est aussi dépaysé.
- Je crois que cette société est si habituée à ce que tout le monde ait un ID que nous serons invisibles pendant un moment. Nous ne sommes pas localisables, pas traçables... mais si nous nous faisons trop remarquer, ils finiront par en revenir aux bonnes vieilles méthodes.
Je repère un jeune homme marchant seul dans notre rue et demande à Laura de l'interroger pendant que nous surveillons les environs. Elle revient au bout d'un moment avec lui.
- Il n'existe plus de bibliothèque, tout est en ligne, et il faut effectivement un ID pour y accéder. Comme il vit seul, il nous invite gracieusement chez lui pour qu'on puisse faire nos recherches tranquillement, avec son aide bien sûr.
- D'accord, parfait.

Je me contrains à ne pas m'extasier devant le « modeste » intérieur de l'étudiant. Tous ces bijoux technologiques étalés ici et là ne doivent pas me détourner de ce que je fais.
- Tu t'appelles comment ?
- Aurélien-8957.
- C'est pas vrai... Bon, c'est décidé, je déteste cette époque.
- Pardon ?
- Oublie ça, dit Laura. Connecte-toi à la bibliothèque et recherche les infos que nous t'indiquerons.
Il active un de ses appareils et nous nous installons sur le canapé pendant que le mur du fond disparaît, laissant place à un logo complexe.
- Connexion à la bibliothèque.
Le logo disparaît, laissant apparaître une série d'images des sections. Il y a tout ici, c'est une bibliothèque universelle. Textes, vidéos, musique, archives, etc..
Je réfléchis à ce que je veux chercher, puis dit :
- Recherche : débuts de la colonisation de ce monde, les premières années, incidents étranges et découvertes hors du commun.
Nous nous penchons tous instinctivement vers l'écran tandis qu'il affiche une série de dossiers. Beaucoup de dossiers, certains très épais.

- Ça va nous prendre du temps pour consulter tout ça.
- On peut se répartir la tâche, dit Aurélien. Ou affiner encore.
- Si seulement je savais ce qu'on cherche... ah, j'ai une idée : dossiers en rapport avec l'archéologie.
Plusieurs dossiers disparaissent.
- Incidents graves.
La liste se réduit.
- Ayant affecté toute la colonie, voire même les autres mondes.
Il ne reste plus qu'un dossier.
- Je crois qu'on a trouvé ce qu'on cherchait.
- Même si on découvre ce qui s'est passé, dit Laura pendant qu'Aurélien fait venir le dossier vers nous, comment va-t-on faire pour en tirer parti ?
- Ça, c'est mon job, dis-je.
Aurélien duplique le dossier et nous en avons tous un, immatériel mais répondant à nos gestes, et nous commençons à le lire.
- Oh oh... c'est pas vrai, dites-moi que c'est pas vrai ! Comment est-ce qu'on va empêcher ça ?

Franck

- Toi... tu es mort. Je t'ai tué moi-même, Maadi.
- Les ténèbres n'en avaient pas fini avec moi... elles m'ont relevé et envoyé à la prison de l'équilibre, pour empêcher son agent de le libérer. Mais j'ai échoué, et quand son énergie m'a traversé, les ténèbres ont été chassées de mon corps, je n'étais plus qu'une coquille vide...
- Qu'un esprit s'est empressé d'habiter. Un esprit assez puissant pour te maintenir jeune pendant toutes ces années. Et pour s'infiltrer ici, alors que nous avons des défenses très puissantes. Que me veux-tu ?
- Nous cherchons tous la même chose. La clé du septième monde. Et comme elle est perdue, ton épée de lumière fera l'affaire.
- Mais pour quoi faire ? Que voulez-vous ouvrir sur ce monde ?
- Le Tombeau des Ombres.
- Euh, je crois que vous avez mal compris la légende. Il y a bien une immense puissance dans ce tombeau, mais elle est destructrice et ignore toute reconnaissance. Vous ne gagnerez que la mort en l'ouvrant, sans parler du reste du multivers.
- Je ne périrai pas, Franck, bien au contraire. Je retrouverai mes frères injustement emprisonnés par les Eldars sur ce monde mort, je les libérerai et nous nous répandrons dans le multivers, ivres de vengeance !
- Nous n'y sommes pour rien. Les Eldars sont sur le septième monde.
Je commence réellement à paniquer. Si cet être est effectivement une Ombre, je suis réellement en danger. Ces êtres issus d'un très lointain passé étaient les ennemis des Eldars. Absolument immortels, ils ont été affaiblis et défaits, emprisonnés pour toujours... mais il semblerait que même l'éternité ait une fin.

- Je doute fortement que Drazak'aar'den cherche à ouvrir le tombeau ! Il ferait plutôt tout pour... oh.
- Oui, il ferait tout pour que l'épée soit introuvable, n'est-ce pas ? Mais tu as su échapper aux pièges qu'il t'a tendu, grâce à Christian. Ce qui est une bonne nouvelle, non ?
- Je me suis totalement trompé sur ce Drakkh... Comment as-tu pu t'échapper ?
- Les humains m'ont libéré par accident. Je saurai les remercier de cette action stupide de la façon appropriée... je crois bien que je ferai exploser leur monde natal. Ce serait magnifique. Imaginez toute l'horreur des survivants devant ce cataclysme ? Toute l'angoisse des colons, soudain coupés de leur cordon ombilical, se demandant s'ils vont survivre ? Ah, je peux presque sentir l'arôme de leur peur.
- Vous auriez dû vous préoccuper de ce qui se passe sur le septième monde au lieu de venir m'affronter ici.
- Oh, vous voulez parler de votre petite équipe ? Ils ne peuvent rien faire. À chaque fois qu'ils essaient d'aller vers le moment de ma libération, je les fais rebondir dans le temps. En ce moment, ils explorent le 28ème siècle.
- Alors ils sont dans une virtualité, un fragment d'avenir potentiel créé rien que pour eux par la grande tapisserie...
- Et il est très difficile de quitter une virtualité, car sans observateurs, elle se dissipe, et la tapisserie a horreur de ça. Ils sont coincés là-bas, impuissants à empêcher le désastre. Bien, je crois que nous nous sommes tout dit, il est temps de mourir, petit Drakkh.

Un jeune homme apparaît entre nous deux. Celui-là m'est inconnu, mais je ne suis pas fâché d'avoir un répit.
- On entre chez moi comme dans un moulin, ma parole.
- Qui êtes-vous ? Demande l'Ombre, contrariée.
- Certains m'ont appelé le Témoin Éternel. Je trouve ça un peu pompeux, mais j'ai porté tellement de noms que je peux bien me contenter de celui-là. Je suis de très près toute votre affaire, depuis ses débuts, et je me dois de sortir de ma réserve pour influer sur le cours des choses.
Il se tourne vers moi, fait la moue, puis dit :
- Je vais vous accorder un sursis. Ce ne sera pas grand-chose, j'en ai peur : quoi que je fasse, vous allez bientôt mourir. De ses mains, dit-il en faisant signe vers Maadi.
- Je préférerais autant éviter de mourir, dis-je.
- C'est votre lot à tous, même à vous les Drakkhs. Et il est bien trop puissant, même pour moi.
- Alors pourquoi intervenir ?
- Parce que s'il vous tue plus tard que maintenant, il déclenchera une cascade d'événements sur lesquels il n'aura aucun contrôle, et qui conduira à sa perte.
Maadi, entendant cela, passe à l'attaque aussitôt, mais se retrouve figé dans un grand cristal doré.
- Pars ! Il ne restera pas éternellement là-dedans.
J'ai mille questions à lui poser, mais je comprends que je n'aurai jamais les réponses. Je me précipite hors de chez moi, fonce jusqu'à une plate-forme de téléportation et quitte ce monde. Tandis que je vole dans l'intermonde, je me demande encore une fois comment ma mort pourrait entraîner sa défaite, maintenant... Est-ce à cause de Christian ?
- Je dois faire quelque chose, et j'ai même une idée pour ça.

Je me précipite vers la Terre, et me téléporte dans le bureau du responsable des Forces Spéciales, qui sursaute et manque déclencher l'alerte.
- Franck ! Ne me refaites plus jamais ça !
- Écoutez-moi, il ne me reste que peu de temps à vivre. J'ai des instructions qui vous paraîtront vraiment très étranges, mais, je vous en supplie, il en va du destin du monde que vous les suiviez à la lettre.
- Très bien, nous avons appris à vous faire confiance. De quoi s'agit-il ?
- J'ai un message à faire passer à Christian, dans la colonie du septième monde, qui devra lui être délivré au 28ème siècle.
- Je vous demande pardon ?
- Pour faire simple, il a glissé dans une faille temporelle et il est coincé là-bas. Vous allez devoir prendre des dispositions à très long terme, et surtout, les prendre de là-bas, au plus tôt. C'est réellement primordial.
- Ce sera fait. Vous dites que vous allez mourir ? Que se passe-t-il ?
- Pas seulement moi. La Terre tout entière va être bientôt détruite, et seul Christian peut l'en empêcher. Alors faites le nécessaire, et vite !
Il se fige un bref moment avant de se reprendre. Il appuie sur un bouton et me fait signe de parler. Je le vois hausser les sourcils de plus en plus devant mon récit incroyable.
- C'est un code, vous l'aurez compris, dis-je, anxieux qu'il ne transmette pas le message.
- Il travaille pour vous depuis longtemps ?
- Je l'ai repéré dès sa naissance. Désolé, mais ses talents particuliers devaient être encadrés. Et aujourd'hui, cela va sauver la Terre... si, et seulement si, ce message lui parvient.
- Bon, très bien, je vais m'en charger tout de suite. Mais vous me devrez des explications, Franck.
- Ce sera mérité, dis-je avant de me téléporter à nouveau.

Je vais vers le seul endroit connu dans lequel je ne peux pas mourir : le sanctuaire. Mes amis m'accueillent de nouveau, mais je les sens inquiets.
- Quelqu'un joue avec les événements, sur une grande échelle, dit le vieux sorcier. Ce n'est pas bon du tout.
- Avez-vous entendu parler du Témoin Éternel ?
- C'est le plus ancien homme à être né avec le don de manipuler l'énergie primordiale.
- Il doit être fabuleusement puissant, maintenant...
- Oui. À son niveau, il doit pouvoir lire parmi les futurs les plus probables.
- Ça confirme ce qu'il m'a dit. Je vais devoir mourir pour qu'une Ombre soit vaincue.
- Si une Ombre est libre, alors le multivers tout entier est en danger. Je regrette, mais tu ne peux pas rester ici. Je te bannis pour que tu puisses mourir comme le Témoin l'a prévu.


Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - KLO7514 - 13-05-2022

Cette obligation de mort paraît  bien bizarre. Ce ne serait pas la première fois que ce phénomène d'annihilation se produirait. Maadi l'a bien vécu et aussi pas mal d'autres que l'on retrouve assez régulièrement un peu plus tard. Un "James Bond" s'intitulait, en français, «On ne meurt que deux fois». Avec l'ami Inny, je crois qu'il va falloir augmenter la cadence...!


Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - inny-2 - 13-05-2022

10 - Contre le Destin

Franck

An 2280, dans l'intermonde.

Je me retrouve dans l'intermonde avant d'avoir eu le temps de dire quoi que ce soit.
- Non... non, non, non et non ! Je refuse qu'on m'impose une destinée ! Les Dragons n'ont pas de destin, les Drakkhs non plus, nous ne subissons pas notre existence, nous la forgeons !
Je réfléchis un moment à ce que je peux faire, et une idée désespérée me vient. Je plonge vers Outremonde et invoque un esprit messager. J'attends avec impatience, anxieux que l'Ombre puisse arriver avant que j'aie pu faire quelque chose, mais le brasillement de téléportation qui me fait me retourner marque l'arrivée de celui que j'attendais.
- Drazak'aar'den.
- Je suis vraiment surpris que tu m'aies appelé...
- Je sais que tu veux l'épée de lumière. Et tu n'es pas le seul. Une Ombre s'est échappée du septième monde, et elle cherche à ouvrir le tombeau qui...
- Alors, tu sais. Enfin.
- Je comprends que tu ne pouvais pas me contacter directement. Je ne t'aurais jamais fait confiance. Mais maintenant, c'est tout le multivers qui est menacé. Quel est ton plan ?
- Oh, il est très simple. Tu pourrais même l'accomplir toi-même, mais tu es poursuivi, n'est-ce pas ? Tu dois me la remette, pour que je la donne aux Eldars. Ils sauront en prendre soin. Pendant ce temps, tu fuiras le plus longtemps possible. Ne perdons pas de temps !
Je le regarde un moment.
- Tu ne serais pas considéré comme le meilleur agent des Drakkhs Gris si tu n'avais pas le sens des réalités. Tu es conscient des enjeux, de la menace qui pèse sur tout ce qui existe.
J'active un repli dimensionnel qui masque la lame, et la remet à celui qui aurait dû être mon pire ennemi. Sauf que j'en ai trouvé un bien plus terrible...
- Ne perds pas de temps. Je vais aller le plus loin possible dans la direction opposée.
Nous nous envolons et quittons Outremonde, partant chacun de notre côté.

Arrivant sur Terre, j'utilise la détection magique pour repérer tous les dragons, et me téléporte de l'un à l'autre pour les prévenir du danger qui menace la planète. Je ne pourrai pas sauver l'humanité. Les Forces Spéciales vont faire ce qu'elles peuvent avec leurs vaisseaux, s'ils prennent mon avertissement au sérieux, mais ce sera une goutte d'eau dans l'océan. Tout ce que je peux faire, c'est créer les conditions futures nécessaires pour que Christian puisse être aidé au maximum au 28ème siècle. Il est au seul endroit où je ne peux l'aider directement, mais je ferai le maximum.
Je me dépêche, ne devant pas rester au même endroit trop longtemps. Les Ombres dépendent de certaines configurations dimensionnelles pour se déplacer de monde en monde, ce qui me donne l'avantage de la mobilité.
Je plonge dans l'intermonde, filant au hasard dans l'infini du multivers. Je dois avoir de la chance, maintenant. Il me faut trouver un Grand Dragon. De préférence, pas celui à qui j'ai barboté le Sceau d'Ishar...
°Franck!°
Je ne réponds pas à l'étrange appel qui me parviens. La dernière fois, ça avait mal tourné. C'est peut-être une coïncidence, mais je crois qu'en répondant la dernière fois, j'ai mis l'Ombre sur ma piste. Pas question de faire deux fois la même erreur.
°Franck...°
La voix se tait, et je sonde les mondes les uns après les autres, invoquant des esprits, fuyant toujours plus loin, me sachant poursuivi par un adversaire qui ne reculera devant rien pour me retrouver. Plus longtemps je tiendrai, plus la Terre aura du temps pour évacuer du monde.
Un esprit finit par me revenir avec une bonne nouvelle. Il est rapidement suivi par le Dragon lui-même, et je retiens mon souffle. Ce n'est pas celui qui me voue une haine éternelle, heureusement.
- J'espère que tu as une très bonne raison pour me chercher, jeune Drakkh.
- Une excellente raison. Une Ombre s'est échappée de sa prison, et elle cherche à libérer ses frères.
- Nous savions que cela arriverait un jour. Je vais lancer le Grand Appel.

Le Témoin Éternel

Je ne pouvais m'empêcher de sourire en voyant les avenirs les plus probables s'effondrer sous mes yeux.
- Ces Dragons ! Il suffit de leur parler de destin pour qu'ils se donnent à deux cent pour cent ! Ils sont vraiment trop prévisibles. Bon... je travaille depuis des siècles à orienter l'Histoire dans le sens que je voulais. Aujourd'hui, c'est le grand jour... si je me suis trompé d'un seul petit détail...
La Grande Tapisserie hésita un moment, me rendant totalement aveugle à l'avenir, puis, le poids des libres choix de chaque conscience du multivers la fit repartir. Un nœud important de l'Histoire venait de se dérouler d'une façon totalement contraire à ce qui était prévu, mais le tissage devait se poursuivre quand même.
- Eh. Qui peut se vanter d'être à même de déchirer le présent ?
Les lignes de probabilité commencent à filer devant mes yeux. Je suis les principales du regard, et fais la moue.
- Ces mortels... quand cesseront-ils de faire les mauvais choix ! Enfin, le plus gros du travail est fait.
Je déchire la trame de la réalité et crée un pont temporaire me reliant à la Terre, que je franchis d'un pas.

Dans un vaisseau qui se prépare à partir pour le septième monde, un jeune lieutenant qui ignore encore qu'il sera un jour général se fige en me voyant apparaître de nulle part.
- Vous considérerez la consigne « Serpent Noir » comme la mission la plus importante de toute votre existence. Oubliez que vous m'avez vu.
J'ouvre la mallette scellée contenant les ordres qu'il transporte, et ajoute un paragraphe au message de Franck avant de rendre le tout au lieutenant.
L'ordre hypnotique faisant son effet, je repars vers la Terre. Les branches de l'Histoire que je viens d'écarter sont remplacées par d'autres, beaucoup plus satisfaisantes.
- Tout ça pour envoyer un message vers un futur potentiel qui ne doit pas se réaliser... mais je n'ai absolument pas le choix, dis-je en revenant sur Terre. Le dernier acte est sur le point de se mettre en place. L'Ombre est partie aux trousses de Franck, et elle est si obstinée à le poursuivre qu'elle ne détruira pas la Terre. Le problème... c'est que ce présent ne se connectera jamais au futur de Christian si elle est toujours là. Tout est en place... sauf la Terre.

Je concentre toute mon énergie, toute ma maîtrise, dans l'acte le plus difficile que j'aie jamais eu à faire. Je ne veux pas faire ça. Mais j'ai examiné toutes les possibilités. Il ne m'était pas possible d'agir par moi-même pour empêcher la libération de l'Ombre. Je suis un prisonnier en sursis, un condamné du Temps, pour un crime qu'il m'est interdit de réitérer. Mais, si je n'ai pas pu déchirer le passé, maintenant que j'ai rattrapé le présent, je peux enfin agir.
- Christian, tout repose entre tes mains ! Puisses-tu changer le passé et sauver la Terre !
Je libère toute mon énergie vers le cœur de la planète. Mes geôliers ne me pardonnent pas ce cataclysme. Je perds mon immortalité et ma vie dans la seconde qui suit, dans l'explosion de la Terre.

Christian

An 2731, Seconde Chance

- Alors, la Terre a été anéantie. Comme ça, sans qu'on sache jamais ce qui a pu causer un tel cataclysme.
- Les Dragons sont venus, et ont apporté leur aide aux colonies, lit Aram. Ils ont expliqué qu'ils ne pouvaient pas venir sur le septième monde, et que les hommes, en retour de l'aide qu'ils recevaient, devaient aider ce monde en retour.
- Ils l'ont appelé Seconde Chance, dit Laura. Ce monde.
- Alors que c'est une véritable poudrière... mais, au fait, quel rapport avec l'archéologie ?
Les pages filent d'elles-mêmes sur mes genoux, avant de s'arrêter sur un article. Un vaste ensemble de ruines avait été découvert, encerclant un grand monument gravé de nombreuses fresques. Elles annonçaient la destruction de mondes entiers, un cataclysme se répandant dans tout le multivers. Tous les efforts pour ouvrir le bâtiment avaient été vains. Une énergie colossale en émanait et le maintenait inaltéré. Plusieurs articles avaient fait le lien entre le destin de la Terre et l'annonce prophétique des fresques, et craignaient que le cataclysme annoncé avait commencé. Mais depuis, plus rien.

- Et si la force destructrice attendait son heure, tout simplement ? Cette histoire de grande conjonction, qui va mettre tous les mondes à portée de celui-ci...
- Oh-oh, ça s'annonce mal, si tu as raison ! Le pire, c'est que nous n'avons rien, aucun indice sur ce qui peut avoir causé ça.
- Il y a les fresques.
- C'est vrai ! Elles doivent avoir été filmées...
- Je pense qu'on devrait aller voir sur place, dit Laura. Nous avons tous des talents particuliers qui vont, je pense, bien au-delà de la technologie dont ils disposent.
- C'est vrai. Demande à notre ami comment on peut s'y rendre.
- Nous pouvons prendre une navette libre pour y aller. Voyons où c'est... Trois heures de vol et on y sera.
- Parfait. Tu nous rendras bien ce service ?
- Bien sûr !
Aram regarde Aurélien un petit moment durant lequel ses yeux brillent d'une lueur verte.
- Le contrôle sera bien plus durable, dit-il. J'ai remarqué que tu devais le renouveler souvent, Laura.
- C'est vrai, merci.
C'est bien pratique, l'hypnose. Sauf quand on en est victime, bien sûr.

Nous quittons l'appartement après avoir pris quelques affaires. Nous nous rendons à un terminal où Aurélien nous demande d'attendre - le scanner à l'entrée remarquerait notre absence d'ID. Il revient avec une navette volante dans laquelle nous embarquons. Le véhicule est confortable et bien aménagé. Je suis épaté de voir une société dans laquelle un tel véhicule puisse être en libre-service. Tout n'est pas à jeter dans cet avenir, semble-t-il.
Je suis conscient que d'après ce que m'ont expliqué Franck et Morgane, le monde dans lequel nous sommes ne devrait pas exister. La Tapisserie n'a pas encore atteint ce point, la réalité n'est pas tissée. Je regrette de ne pas les avoir questionné sur la nature de l'avenir.
Autant en avoir le cœur net. Je me concentre sur le moment précédant mon départ et déploie mon pouvoir. La lueur bleue m'emporte un bref instant avant qu'une force irrésistible me fasse rebondir vers le moment que je venais de quitter.
Quoi ? Que s'est-il passé ?
J'essaie de nouveau mais rien à faire : je ne peux pas quitter ce moment temporel. C'est comme si, dès le moment où nous sommes apparus, nous avons été coupés du présent.
J'aurais vraiment dû les interroger sur la nature de l'avenir !

Je rouvre les yeux et regarde le paysage défiler. Bon, si je ne peux plus repartir en arrière, je vais devoir m'habituer à cette époque... et tenter d'éviter qu'un cataclysme se produise à une échelle sans précédent. J'interroge Aurélien sur sa vie et l'écoute nous apprendre les règles de cette société future. Certains détails sont fascinants, d'autres font froid dans le dos.
- Vous avez vaincu la maladie, vous dites ?
- Ils l'ont fait depuis longtemps en Outremonde, du moins pour les maladies classiques, nous n'avons fait que reprendre leurs techniques. Il reste des maladies magiques, mais nous sommes bien équipés pour les soigner. Et bon, sur Seconde Chance, le champ magique varie selon un cycle de cinq ans, et s'éteint pendant deux mois. Nous avons une batterie de traitements non-magiques pour nous protéger pendant cette période.
- Donc, le SDNA, c'est de l'histoire ancienne...
- Je ne sais même pas ce que c'est. Attendez... OK, je vois de quoi vous voulez parler. On n'en a plus parlé depuis le 24ème siècle.
- Tu peux te connecter directement sur la bibliothèque centrale ?
- Oui. C'est vraiment pratique. Oh, mes amis se demandent vraiment comment vous pouvez ne pas être au courant de tout ça. Et ils disent que le coup de la lumière verte qui est sortie de vos yeux, ils ont trouvé ça super fashion ! Ils veulent les mêmes !
Nous nous regardons, horrifiés. Je ne m'attendais pas à ce qu'il ait une interface neuronale le mettant en communication directe avec l'équivalent local d'Internet.

- Ils peuvent nous entendre ?
- Seulement si je vous regarde.
- Coupe toute communication avec eux, dit Laura en passant dans son dos. Dis-leur que tu leur prépares une surprise.
- C'est fait. Ils sont déçus.
- Ça ne les a pas surpris, tes amis, qu'on n'ait pas d'ID ?
- Bah, ils disent que vous êtes soit des Rétro, soit des Antis.
- Oh, on n'est pas les seuls alors.
- Non ! Mais bon, vous êtes mal vus par la société, vous savez.
- Oh, il en a toujours été ainsi. Le non-conformisme a toujours hérissé le poil des gens.
- Vous êtes des Antis, alors ?
- Euh... non, on serait plutôt des gens du passé.
- J'aime bien les Rétros, j'ai des amis qui en sont. Des gens qui refusent ce qu'est devenue notre société depuis l'implantation des ID et qui veulent une société plus libre, j'trouve ça cool.
- Mais t'as un ID.
Il baisse la tête.
- Les ID ne sont pas mauvais en soi, ils sont vraiment utiles ! On doit juste veiller à ce qu'ils ne soient pas mal utilisés, n'est-ce pas ?
- C'est vrai. Mais avoir des outils technologiques à même de surveiller et contrôler tout le monde, c'est laisser une bien dangereuse tentation entre les mains des dirigeants.
- Je peux leur dire que vous êtes des Rétros ? Ça les rassurera, vous savez.
- D'accord, dis-je en soupirant.
Il ne manquait plus que ça. Je m'étais étonné qu'il n'y ait pas de caméras dans les rues. Quel besoin ? Chaque personne est une caméra mobile !
Là, je suis vraiment horrifié. Ce n'est qu'une question de temps avant que les forces de sécurité ne s'intéressent sérieusement à nous. Le pire, c'est qu'on ne peut même pas désactiver l'ID d'Aurélien, je suis certain que la navette ferait immédiatement demi-tour.
Nous nous posons enfin près des imposantes ruines découvertes par les premiers explorateurs. Je constate que l'endroit a été aménagé, il semble y avoir un centre permanent de recherches qui étudie le mystérieux bâtiment central, et des équipes qui poursuivent les fouilles des ruines dans un large rayon.

Nous sortons, bien décidés à tout faire pour examiner le bâtiment avant que la sécurité ne veuille savoir qui nous sommes vraiment.
Un homme s'approche de nous en nous voyant approcher de l'enceinte.
- Bonjour et bienvenue dans la Cité des Anciens ! Plusieurs circuits de visite sont disponibles...
- Nous voulons seulement voir le bâtiment central, dit Laura d'une voix à faire se damner un saint.
- Ah, euh, oui, bien sûr, bien sûr, venez par ici, s'il vous plaît.
Nous passons la barrière et montons sur une plate-forme qui nous emmène à travers l'avenue principale des ruines. Je les examine avec attention, mais ne trouve rien de particulier en dehors de leur style étrange. Plus près du centre, elles sont mieux conservées, et les bâtiments sont par endroits encore couvertes d'un carrelage violet. Mais c'est le bâtiment principal qui attire nos regards. Il est véritablement imposant, octogonal et violet, et domine la cité. La base est presque verticale, et s'incline à une centaine de mètres pour former un toit encore soixante mètres plus haut, nous explique notre guide.
- Nous avons fait une découverte majeure, aujourd'hui, annonce-t-il fièrement.
- Ah oui ? Fais-je, intéressé.
- Il faut bien comprendre que nous sommes non seulement sur un autre monde, mais dans une autre dimension que notre défunte planète d'origine. Il nous a fallu redécouvrir pas mal de choses concernant la physique et...
- Allez à l'essentiel, dit Laura.
- Très bien. Nous avons réussi à dater les ruines. Elles ont au moins sept milliards d'années !
- Vous en êtes certain ?
- Absolument ! Nous avons tout revérifié plusieurs fois.
Je note l'information dans un coin de ma mémoire. Peut-être aurai-je à remonter jusque-là pour empêcher ce qui s'est produit. Puis, je me souviens que le voyage vers le passé m'est impossible... pour le moment. Je vais avoir tout le temps du monde pour développer mes pouvoirs, si j'échappe aux forces de sécurité. Je devrai peut-être rejoindre les Rétro...

Je reviens au moment présent alors que nous approchons de la paroi. Je commence à voir les fresques gravées dessus. Il y a un entremêlement de dessins de toutes tailles, et j'ai d'abord du mal à tirer le moindre sens du dessins. Puis, peu à peu, sa signification se fait jour tandis que ma vue s'accoutume à sa structure. C'est un travail véritablement remarquable. Ce qui n'est pas étonnant, si ce sont bien les Eldars qui l'ont bâti. Mais à quelle fin ?
Le guide reprend :
- Nous avons pu comprendre que les ruines qui entourent ce monument faisaient partie d'un vaste système défensif. Et étrangement, il n'était pas tourné vers l'extérieur, mais vers l'intérieur.
- C'est une prison...
- Ce qui expliquerait le champ d'énergie qui protège encore le bâtiment. Mais au bout de tant de temps, il a perdu toute raison d'être. Rien n'aurait pu survivre aussi longtemps.
- N'en soyez pas si sûr...
L'homme rit, et alors que la plate-forme s'approche de la paroi jusqu'à la frôler, nous tendons nos mains vers elle pour la toucher.
Je sens mon pouvoir primordial rugir au contact du froid champ d'énergie qui recouvre le mur comme un vernis. Une onde lumineuse parcourt brièvement la paroi avant de disparaître. Le champ de force a absorbé toute mon énergie ! Pris de vertiges, je m'effondre, rattrapé par Aram, avant de perdre conscience.

Je me réveille dans une sorte de clinique. Plusieurs hommes sont là, en uniforme. Pas bon signe, ça.
- Monsieur, dit le plus âgé, je vous demande vos noms et matricule.
- Christian Dessan, Matricule 57866544565.
- Christian-57866544565, confirmé. Lorsqu'à l'infirmerie du camp, ils ont scanné votre ADN, ça a sonné l'alarme chez nous, dans une base en sommeil depuis des siècles. Une base appelée Serpent Noir. Cela vous dit quelque chose ?
J'ai vite réfléchi pendant qu'il me parlait. Il n'y a qu'une conclusion logique.
- Oui, c'est un message pour moi.
- Comment est-ce possible ?
J'hésite, puis décide que la vérité risque d'être très dangereuse. Je ne crois pas qu'ils apprécient l'idée que je doive anéantir leur existence pour sauver le passé.
- C'est une longue histoire. En résumé... je suis immortel. C'est moi qui me suis envoyé ce message. Il est temps de l'ouvrir.


Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - KLO7514 - 14-05-2022

Certes fort intéressant mais assez embrouillé! Pas facile à suivre, ces allers-retours futur-présent-passé! Je sais juste que Christian, plus ou moins aidé de Franck, doit modifier le passé pour prévenir un anéantissement total des sept mondes si j'ai bien compris l'action. Mais...ai-je vraiment bien compris?
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P.S: sait-on pourquoi cette partie est inachevée? Qu'est-il arrivé à «Monsieur INNY"?


Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - inny-2 - 14-05-2022

Pour l'analyse de l'histoire, c'est effectivement ça. Il est clair que dans le cycle d'outremonde, c'est le récit le plus décousu (et lorsqu'on agit sur la chronologie des événements, ce n'est pas surprenant).

Du reste, juste avant le chapitre 9, Inny écrivait en réponse à des lecteurs :

L'inspiration en fait souvent à sa tête. Ce qui s'est écrit dans mon esprit, pour le moment, c'est toute la fin du récit.  :p
Faut juste que je refasse un ptit recadrage temporel histoire que je puisse écrire.  :p


Explication qui a donné lieu à des plaisanteries.

Pour ce qui est arrivé à Inny, à part dans un autre récit (donc au moins 2 ans auparavant) qu'il avait annoncé avoir quelque-chose qui cogne dans sa tête, mais je n'ai pas retrouvé le message. A part ça, Inny ne faisait pas allusion à un quelconque problème de santé. Je ne sais pas si Xani60 qui m'avait cité ce nom d'auteur en disant "le regretté Inny" en sait plus. Déjà, il faudrait arriver à le contacter.

A la fin du récit "La porte des mondes", il annonçait que dans son récit suivant, donc celui-ci, il s'efforcerait à faire des chapitres plus longs (ce qui avec l'action sur le temps n'était certainement pas un bon choix). Si tu préfères, comme tu es le seul lecteur qui ne soit pas "de l'ombre", je peux redécouper le texte en des chapitres plus courts, ou sinon publier un jour sur deux.

Sinon, pour le rythme de publication, il s'est écoulé 360 jours entre le prologue de ce récit et l'antépénultième chapitre publié, 142 jours entre celui-là et l'avant dernier, et enfin 162 jours entre l'avant dernier et le dernier publié.

Je comptais traiter ce point une fois que la publication de ce récit sera finie.


Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - inny-2 - 14-05-2022

11 - Un message du passé

- Vous comprendrez que nous ayons du mal à croire à une telle histoire.
- Comment mon code génétique aurait-il pu s'y trouver, messieurs, dans cette base de données ? Tenez, je peux même vous dire que le message a été envoyé en 2280, peu avant la destruction de la Terre.
C'est du moins ce qui me paraît le plus logique...
Ils se regardent de nouveau.
- Mais pourquoi vous envoyer un message à vous-même ?
- Je n'en connais pas le contenu. Il ne devait être ouvert que maintenant, en 2731, l'année de la grande conjonction. Mais son contenu est lié à la destruction de la Terre, et à ce qui va se produire sous peu. Parce que ça va recommencer... ce qui est hors de question. Bon, messieurs, vous avez reçu pour instruction de me permettre de recevoir ce message et me permettre de sauver des milliards de vies. On s'y met ?
Ils se regardent. Tout ceci les dépasse, c'est clair, mais... il n'y a qu'un seul moyen d'en avoir le cœur net.
- Très bien, suivez-nous.
- Où sont mes amis ?
- Nous les interrogeons en ce moment même.
- Je vois.

Je suis persuadé qu'ils s'en tireront très bien avec leurs talents hypnotiques. Je sors de l'hôpital, me concentrant sur mon énergie intérieure mais ne rencontrant que le néant. Voilà qui est ennuyeux ! Le champ de force est apparemment piégé pour absorber l'énergie primordiale, probablement pour le protéger de toute agression utilisant cette énergie. Mais du coup, me voilà coincé ici, sans pouvoir, et donc sans immortalité. J'ai intérêt à faire attention à moi. En marchant vers la navette, j'entends un roulement de tonnerre au loin. Le ciel est cependant toujours au beau fixe.
J'observe l'horizon dans plusieurs directions pendant le vol, mais il n'y a aucun nuage, bien que nous entendions d'autres grondements, un peu plus proches. Les autres sont eux aussi inquiets, ce n'est apparemment pas un phénomène ordinaire.

Nous arrivons rapidement à un large immeuble. La navette se pose sur une aire d'atterrissage sur le toit et nous descendons par un ascenseur jusqu'à une zone fortement sécurisée.
Ils doivent apparemment outrepasser pas mal de ces sécurités pour me faire entrer, vu que je n'ai pas d'ID. Finalement, nous arrivons dans une chambre forte dont l'accès est fermé par une empreinte de main en creux. J'avise les lourdes portes de métal et me tourne vers mes accompagnateurs.
- Vous n'en avez pas un peu trop fait ?
- Le général qui a mis ça en place en 2298 a fait de Serpent Noir sa priorité numéro un, alors même que son prédécesseur n'y accordait qu'une importance minimale. Sans lui, votre mystérieux message aurait probablement fini dans une corbeille. Posez votre main sur le scanner ADN, dit-il en indiquant l'empreinte.

Nous entendons un roulement de tonnerre, l'orage invisible est au-dessus de nos têtes. Je pose ma main, nerveux, sur l'empreinte et ressens un léger pincement dans ma paume. J'ai une petite puce d'identification pour l'accès aux bâtiments des forces spéciales, et elle vient d'être activée. Ce fameux général a tout fait pour que je sois le seul à pouvoir activer le mécanisme...
- Analyse ADN confirmée. Je détecte quatre personnes dans la pièce. Ouverture de la porte refusée.
La voix issue d'un petit haut-parleur a parlé d'un ton sec et sans appel. Je me tourne vers mes accompagnateurs.
- Pas le choix, je dois être seul.
La situation ne leur plaît pas du tout, mais ils n'ont pas le choix. Ils se demandent toujours ce qui se passe, refusant d'accepter qu'un message issu du fond des âges ait pu attendre un moment précis et une personne particulière de leur époque. Puis, sur un signe de leur chef, ils sortent et referment la porte derrière eux. Je repose ma main sur l'empreinte.

- Identifiez-vous.
- Christian Nérédier, matricule 57866544565.
- Serrure verte.
- Oméga-27, Delta-38, Sigma-94.
- Serrure jaune.
- Éventail, Minaret, Bételgeuse.
- Reconnaissance terminée. Bonjour, Christian. Ouverture en cours.
La porte métallique s'ouvre en deux, et j'entre dans une salle circulaire contenant un socle central sur lequel repose un coffret métallique.
Je l'ouvre sans difficulté et en sors un feuillet plastique que je commence à lire.

Message de Franck pour Christian, à remettre au 28ème siècle.
Validé par le Commandant des Forces Spéciales en l'année 2280 comme mission prioritaire.
Validé par le Général Ferrier en l'année 2297 comme mission prioritaire.

Message :

Christian,

J'ai découvert ce qui s'est passé sur le septième monde. Ce monde contient, entre autres horreurs, une prison appelée le Tombeau des Ombres. Une des Ombres a réussi à s'en échapper, probablement suite à des tentatives des premiers colons. Elle sait que tu tentes de changer le cours des choses et te fait rebondir dans le temps quand tu tentes d'accéder au moment où ça s'est produit.
Christian, ces êtres sont les fléaux les plus redoutables qui soient, ce sont des destructeurs de mondes que les Eldars ont emprisonné il y a de cela des milliards d'années, non sans mal d'ailleurs. Leur puissance est prodigieuse, n'essaie pas de lutter contre l'un d'entre eux.
La clé de la prison semble être mon épée de lumière - j'aurais dû écouter les autres quand ils m'ont demandé de la détruire... enfin, je l'ai confiée à Drazak'aar'den pour qu'il la confie aux Eldars. Je sais ce que tu peux penser, mais les Drakkhs savent laisser de côté leur animosité face à une menace qui les concerne tous. Et de toute façon, j'ai d'autres problèmes, vu que l'Ombre est à mes trousses et que je vais l'emmener à l'autre bout du multivers pendant que l'épée part dans l'autre direction.
Maintenant, en ce qui te concerne : tu es piégé dans une potentialité. Tu dois savoir que l'avenir n'existe pas. Quand quelqu'un qui a ton pouvoir se projette dans l'avenir, son énergie primordiale cristallise un avenir possible autour de lui. Cet avenir est une petite bulle indépendante : tu ne peux quitter ce monde, ni cette époque. Tant que tu auras de l'énergie pour le maintenir, cet avenir restera solide. Tout va se désintégrer si tu parviens à dépenser tout ton pouvoir, et tu seras renvoyé dans la tapisserie au moment présent.
Pour ce que tu dois faire... ce que je vais te demander est d'une importance primordiale. L'Ombre te bloque le moment clé qui a conduit à sa libération. Le seul moyen de passer outre est de déchirer la tapisserie. Je sais que ça aura un coût pour toi. Tu dois bien comprendre que ce qui est en jeu, ce sont des milliards de mondes. Tu dois revenir avant ces événements et changer le passé, le réécrire pour le changer suffisamment pour que le présent qu'on connaît ne puisse pas se réécrire sans devoir tout reprendre de zéro. Je n'ai pas le temps de consulter Morgane sur ce point, tu devras agir d'instinct.
Bon courage, Christian, et bonne chance.

PS : Tu as déjà essayé, Christian, et tu as échoué ! Tu n'es pas remonté suffisamment dans le passé ! Cette affaire a commencé au 21ème siècle, quand les Protecteurs ont commencé à faire parler d'eux. Tu dois changer les choses à partir de là ! Les Terriens n'auraient jamais dû avoir accès à leur technologie.


Un nouveau grondement fait trembler le bâtiment. Je comprends maintenant ce qui se passe. Je sors en courant de la chambre forte, retrouvant les autres qui m'attendaient, inquiets.
- Que se passe-t-il ?
- Ce monde va être détruit, comme la Terre ! Dis-je pour improviser. Je dois avoir accès à une banque de données universelle, vite !
- Par ici !
J'entre dans un bureau et est connecté par un des agents.
- Je veux connaître le remède contre le SDNA. Formule, dosages, administration.
L'écran holographique me montre tout ce que j'ai besoin de savoir. En tant qu'agent entraîné, j'ai d'abord appris à apprendre, vite et bien. Je mémorise la formule et me tourne vers les hommes interloqués par la requête que j'ai lancé.
- En quoi ça va nous sauver ? Demande l'un d'eux ?
- En rien. Mais tous les événements qui ont conduit à ce moment précis vont être annulés. Ça va me coûter le prix fort, alors... j'ai bien droit à une compensation.
Je souris, me tournant vers la fenêtre alors que le bruit devient assourdissant. Tout explose dans une lumière bleue familière. Je chute vers le présent, sentant mon énergie revenir. Les Eldars avaient-ils prévu ce qui allait se passer ? Franck avait-il prévu le coup ?

Je crois que je n'aurai pas la réponse. J'ai accepté de détruire l'Histoire, de la forcer à se réécrire différemment. C'est le seul moyen de sauver la Terre. Alors que je me rematérialise, je constate que je suis en Outremonde, dans la cour d'où Franck m'a fait partir. Il n'est pas là, et mes compagnons non plus.
Un jeune homme apparaît soudain devant moi. Il me sourit.
- Christian ! Félicitations, vraiment. Tu es parvenu à sortir du piège temporel. Tu as reçu le message de Franck ?
- Euh... qui êtes-vous ?
- Le Témoin Éternel. Le plus ancien homme doté du pouvoir primordial. Tu as bouleversé l'histoire en revenant, et m'as ainsi sauvé d'une mort certaine. C'est un bon début, mais il faut continuer. La grande tapisserie ne se déchire pas aussi facilement que ça. Tu dois reculer dans le passé par étapes, en changeant à chaque fois un événement important pour toi, et repartir avant que la tapisserie n'ait eu le temps de commencer à se réparer. À chaque fois, tu vas entraîner la déchirure toujours plus loin, toujours avec plus de force, jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus de tensions accumulées. Je vais t'offrir une part de mon savoir afin de t'aider à accomplir ta mission.
- Euh... d'accord. Je ne comprend pas bien ce que vous venez faire dans cette histoire, mais vous êtes d'une grande aide. Merci.
Il touche mon front, et un afflux de savoir entre dans mon esprit.
- Ah ! Tu as la formule du remède ! Un instant, je reviens.
Il disparaît, puis réapparaît aussitôt, tenant une capsule qu'il me remet.
- J'ai synthétisé l'antidote. Ça aidera à déchirer le passé. Prends ça aussi, me dit-il en me donnant une tige luminescente. Tu as pensé à ton parcours ?
- Grâce à ce que tu m'as indiqué, oui. Merci. Mais quel est ton nom ?
- J'en ai trop eu. Pars, maintenant, avant que la tapisserie se rétablisse.
Je pars alors, plongeant vers le passé, vers ma première destination.
Le témoin regarde l'endroit que je viens de quitter, sentant la réalité commencer à trembler.
- Je suis désolé...


Re : Le septième monde (fantastique avec personnages gays, inachevé) - inny-2 - 15-05-2022

Finalement, je n'aurai pas eu besoin d'attendre ta réponse par rapport à l'idée de chapitres plus courts. Celui de ce soir ne passait pas en entier. Donc, je mettrai la suite demain.